Renaud Camus,
faux martyr et vrai plagiaire
Par Patrick Girard
 
 

La judéophobie de Renaud Camus n'est pas le pire de ses péchés. Il y a plus grave : ses propos litigieux sont un vulgaire plagiat d'un passage du journal d'André Gide. L'auteur des Caves du Vatican y écrivait à propos de Léon Blum que le caractère résolument allogène des juifs les empêchait de saisir la substantifique moelle de l'esprit français : « Il me suffit que les qualités de la race juive ne soient pas des qualités françaises ; et lorsque ceux-ci (les Français) seraient moins intelligents, moins endurants, moins valeureux en tous points que les Juifs, encore est-il que ce qu'ils ont à dire ne peut être dit que par eux et que l'apport des qualités juives dans la littérature, où rien ne vaut que ce qui est personnel, apporte moins d'éléments nouveaux, c'est-à-dire un enrichissement, qu'elle ne coupe la parole à la lente explication d'une race et n'en fausse gravement, intolérablement, la signification.»

Il ne suffit pas d'être gay pour avoir le génie de Gide ou de posséder un château pour jouer à Montaigne. Encore qu'invoquer Montaigne risque fort de l'irriter puisque l'auteur des Essais descendait par sa mère d'une lignée de rabbins catalans et ne pouvait donc exprimer la France de carton-pâte à laquelle Camus réduit l'Hexagone.

Et comme il n'y a jamais deux péchés sans trois, l'auteur de Tricks pèche aussi par inculture, en ignorant que les meilleurs spécialistes du vieux français doivent, pour exceller dans leurs disciplines, maîtriser les commentaires talmudiques et bibliques de Rashi. Ses textes sont en effet parsemés de laazim, de gloses en vieux français, dont la connaissance est indispensable pour apprécier une culture vieille de quinze siècles.
 

Patrick Girard