REPRESSION. Cette idée qu'il existerait une quantité constante de répression, de pulsion répressive au sein des sociétés. La répression ayant dû évacuer (peut-être provisoirement) une partie de ses domaines sexuels traditionnels, où pendant des siècles elle avait écrasé toute liberté de parole, se rabat sur le champ idéologique - les questions de classe, les questions de race, tous les débats de société -, où de même elle ferait régner la terreur, et toujours au nom de la morale*, de la vertu, comme si morale et vertu étaient par définition dans son camp, sa propriété.

Aujourd'hui la société française connaîtrait l'une des plus grandes mutations de son histoire, la plus radicale, peut-être, qui transformerait entièrement le sens du qualificatif. Or il serait impossible de parler calmement de ce qui arrive, entre adultes, sans agressivité mais sans aveuglement volontaire, ou contraint. Lui pense qu'il serait suffisant que soient prohibées les insultes, les contre-vérités patentes et bien sûr les appels à la violence ; mais non pas les interrogations sur ce qui se passe et pourrait se passer, les opinions sur cette évolution, les contributions de bonne foi à la recherche de la vérité.

Etc., éditions P.O.L, 1998, p.156.