Corbeaux. Journal 2000

sans dateVendredi 5 mai 2000, onze heures et demie du matin. Coup de téléphone de Paul, toujours aussi abattu. Il m’annonce que Me Rappaport a décidé de ne pas me défendre après tout.

Le problème avec Paul, dans toute cette affaire, c’est qu’il me soutient par amitié mais qu’il n’est nullement convaincu de la justesse de ma cause. Il est même tout à fait persuadé qu’elle est mauvaise. Il trouve l’article de Kéchichian paru avant-hier dans Le Monde « le plus intelligent de ceux qui aient été publiés jusqu’à présent », alors que Jean-Paul juge le même article stupide. Paul estime d’ailleurs que le texte que Jean-Paul a envoyé à Libération, que je trouve magnifique mais que Libération ne donne aucun signe de vouloir publier, est « très émouvant, comme un témoignage d’ami » — sous-entendu : il ne serait d’aucune portée dans le débat.

Les divergences d’appréciation entre nous ne sont à aucun moment si manifestes que lorsque je lui fais remarquer que plusieurs journaux ont consacré des articles très favorables à La Campagne de France, ou bien aux Délicatesses et à La Campagne de France ensemble, avant la crise, sans relever quoi que ce soit de scandaleux. Le Temps de Genève parlait même expressément de mes démêlés avec le “Panorama” de France Culture, ce qui prouve bien que les passages aujourd’hui dénoncés avaient été lus, et que plusieurs critiques n’y avaient rien trouvé à redire. Ce point suffirait à établir, selon moi, l’absurdité des reproches qui me sont adressés aujourd’hui, ou à tout le moins le caractère très exagéré de leur violence : car comment expliquer que les mêmes passages qui n’ont suscité aucun émoi chez les premiers critiques puissent sembler criminels à leurs successeurs ? Mais ce raisonnement ne rencontre chez Paul qu’un désapprobateur silence.

Fayard a été le grand absent, depuis le début de la crise. Après deux ou trois téléphonages plutôt contradictoires de Claude Durand, dans les tout premiers jours, plus un seul signe de ce côté-là. Ce matin m’appelle toutefois la jeune Hélène Guillaume, dont je ne sais ce que sont exactement les fonctions. C’est une proche collaboratrice de Claude Durand, en tout cas. Très aimable, tout à fait chaleureuse, même, elle tient toutefois à préciser qu’elle me téléphone en son nom propre, et qu’elle n’est mandatée par personne. Elle dit que l’atmosphère chez Fayard est “plombée”, ce qui me fait rire. Elle me demande si Claude Durand m’a appelé. Il lui avait dit avoir l’intention de le faire. Elle me fait préciser la date de mon retour à New York, après la voyage dans l’Oregon que j’entreprends demain, « pour le cas où Claude Durand déciderait de vous appeler ».

Le Monde d’hier annonçait confusément que ma tournée américaine était interrompue, après le retrait de soutien des divers Départements de français. Le journal mélangeait le premier et le deuxième communiqué de Yale, en donnant bien sûr beaucoup plus de place au premier. Libération, lui, a publié successivement les deux.

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