Morcat. Journal 2014

créée le vendredi 29 août 2014, 16 h 45
modifiée le lundi 22 décembre 2014, 23 h 40
Plieux, jeudi 28 août 2014, minuit & demi.
Didier Goux, sur son blog, parle très sévèrement et presque violemment de La Civilisation des prénoms, le petit livre que j’essaie de finir ces jours-ci. Sur un point il est injuste, car il se plaint du nombre de fautes alors qu’il est très clairement indiqué, en tête du fichier mis en ligne, à l’intention des lecteurs qui acquièrent un “crédit de lecture”, qu’il s’agit actuellement d’un work in progress, d’un travail en cours d’élaboration, d’un brouillon absolument pas relu, jusqu’à présent — et dont il n’est guère étonnant dans ces conditions que fautes de frappe et formulations défectueuses y abondent.

Mais Goux touche plus juste et fait plus mal, donc, quand il se plaint d’avoir affaire à une sorte de centon (il n’utilise pas ce mot), un recyclage de divers morceaux qui lui sont déjà familiers via La Grande Déculturation, Décivilisation et même, dit-il, Le Grand Remplacement. Il aurait pu ajouter à cette liste ce journal-ci. Que certaines pages, la majorité peut-être, aient été déjà publiées ailleurs, sous une forme peu différente, c’est parfaitement exact (même si je n’ai rien copié). Sur ce sujet secondaire, sans doute, mais qui me hante, la généralisation de l’usage des prénoms (et la disparition concomitante des noms), j’ai voulu réunir sous un seul titre tout ce que j’avais déjà publié ici et là, quitte à encourir, qui n’a pas manqué, le reproche de répétition — en grande partie fondé. Je n’ai d’autre possible ligne de défense que celle de mon plus illustre compatriote (avec Vercingétorix) :

« La disposition des matières est nouvelle ».

Encore l’est-elle moins qu’il ne faudrait, sans doute. Mais là où Goux devient assez déplaisant, je trouve, c’est qu’il paraît insinuer qu’il entre de la volonté délibérée de tromper le lecteur, de le blouser, dans ce réaménagement de synthèse :

« j’ai assez nettement l’impression de m’être fait avoir, écrit-il ; sentiment qui me rend plus triste que furieux ».

Bigre... Je veux bien qu’on me reproche de me répéter mais trouve inélégant qu’on m’accuse, en somme, de fraude commerciale. Gâteux, bègue, radoteurépuisé, passe encore ; mais boutiquier indélicat, j’estime cela vexant. L’épisode me rappelle les doléances d’un abonné près de ses sous, cet hiver, qui se plaignait, lui, que trop d’entrées du journal 2013 eussent été publiées en accès libre, sur les réseaux sociaux ou sur “Boulevard Voltaire” — il avait calculé qu’un septième ou un huitième du coût de son abonnement lui avait été extorqué abusivement.

*

On a appris ce soir que par la volonté du pape François le palais et les jardins de Castelgandolfo seraient désormais ouverts au public. J’en ai éprouvé une vive contrariété, et même une véritable tristesse. Encore un peu du précieux territoire de l’absence, du vide, du privilège, donc de la poésie, qui disparaît sous les coups de boutoir du bon sens, de la responsabilité, de la rentabilité, de la mauvaise conscience — de l’égalité, en somme, toujours elle : pour le désenchantement du monde, l’égalité est sans rivale.

Le petit plaisir que j’aurai peut-être un jour à pouvoir parcourir ces magnifiques jardins, après avoir acheté mon billet, n’est rien auprès de celui que j’éprouve à imaginer les souverains pontifes en jouir seuls, ou bien en la compagnie de quelques privilégiés de leur choix.

Il est bien curieux qu’il n’y ait plus que moi, dirait-on, ou en tout cas que je sois l’un des derniers, à penser, ce qui n’est rien, mais surtout à ressentir en termes d’espèce. Je suis désolé que l’espèce humaine se voie ravir ce bonheur-là, celui qu’il y a, certainement, à hanter solitairement un domaine splendide, clos de murs — où non seulement il n’y a personne mais où personne ne peut survenir.

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