Morcat. Journal 2014

créée le dimanche 19 octobre 2014, 18 h 59
modifiée le vendredi 24 octobre 2014, 12 h 47
Samedi 18 octobre 2014, minuit moins vingt.
L’affaire du livre pour Béziers, commande de Robert Ménard, prend des proportions étonnantes. Lui m’a téléphoné à midi pour m’annoncer qu’elle occupait cinq colonnes de la première page du Midi Libre, aujourd’hui. Il y est question de moi à peu près comme si j’étais négationniste, néo-nazi ou chef d’un groupe paramilitaire pédophile, féru de ratonnades du samedi soir, le long des fleuves, et de stages de survie au fond des bois. Le journaliste, à moins que ce ne soit un de ses commentateurs affolés, se demande d’ailleurs si après Zemmour et moi le prochain invité de Ménard ne va pas être Faurisson...

Le plus effrayant est que tous les journaux qui parlent de cette affaire-là, sans exception, disent tous exactement la même chose. Elle est belle, la sacro-sainte “diversité de l’information”, dont la sauvegarde contre vents et marées coûte si cher au contribuable ! Que ce soit dans L’Express, dans Le Monde ou dans Le Midi Libre, le parti de l’innocence (invariablement écrit de la sorte) a toujours été fondé en 2012 et toujours sous le parrainage du Rassemblement Bleu Marine de Marine Le Pen.

Ménard me dit qu’il a essayé d’expliquer au journaliste du Midi Libre venu l’interviewer, tout frétillant à la perspective d’un joli nouveau scandale, que j’étais l’auteur d’un livre sur l’Hérault et de plusieurs volumes consacrés aux maisons d’artistes et d’écrivains, et que c’est à ce titre de “spécialiste” des lieux et de leur dimension culturelle, artistique, patrimoniale, qu’il s’était adressé à moi. Mais bien entendu c’était peine perdue. La seule chose qui intéresse la presse dans cet épisode, c’est que j’ai été condamné pour “incitation à la haine religieuse” (sic). Ça, c’est une carte de visite qui parle ! Le reste…

Un peu de notoriété littéraire ou plutôt beaucoup protégerait un peu, bien sûr — hélas il en faut énormément à un écrivain, de nos jours, pour arriver à être connu d’un journaliste politique moyen. La plupart de ceux que j’ai eu l’occasion de rencontrer auraient eu de la peine à citer trois auteurs français vivants, et ce n’eût jamais été moi. Du coup, et à l’image de la situation culturelle globale, c’est le da capo perpétuel. À chaque occasion qu’on parle un peu de vous, c’est toujours la première fois. C’est ainsi que j’ai été successivement écrivain d’avant-garde absconse, pornographe homosexuel, puriste langagier, porte-drapeau de la vieille France, pamphlétaire antisémite, chantre de la France rancie et maintenant écrivain d’extrême droite, sans que ces diverses qualités, à l’exception partielle des dernières, influent les unes sur les autres. Faute de gloire bien assurée, et aurait-on quatre-vingts ans, un écrivain est toujours un homme nouveau, pour les médias — surtout pour ceux de la province. Et ils n’ont pas entendu parler de vous depuis dix minutes que déjà ils se sentent fin prêts pour vous expliquer doctement à leurs lecteurs, et leur dire en trois mots ce qu’il faut penser de vous.

La seule chose qui m’ennuie, dans cette histoire d’“écrivain d’extrême droite”, c’est que des lecteurs d’extrême droite, s’il leur prenait fantaisie d’aller y voir, abusés par cette publicité mensongère, risqueraient d’être affreusement déçus (voire horrifiés…). 

voir l’entrée du samedi 18 octobre 2014 dans Le Jour ni l’Heure

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