La Tour. Journal 2015

créée le lundi 26 octobre 2015, 18 h 50
modifiée le lundi 26 octobre 2015, 18 h 57
Plieux, dimanche 25 octobre 2015, minuit et demi.
Ce qui se passe est incroyable, inimaginable, atroce et incompréhensible. Des hordes d’envahisseurs en rangs serrés pénètrent tous les jours par dizaines de milliers sur le territoire de l’Europe, et les armées des pays traversés en sont réduites — parce que tels sont les ordres reçus — à les “encadrer” comme elles peuvent, en les guidant vers le pays suivant. Moi qui me sens profondément européen et qui ai aimé toute ma vie l’idée d’un gouvernement pour un continent, pour une civilisation que j’aime également, ou presque, en chacune de ses hypostases nationales, je suis obligé de constater que les responsables de l’Union ne font absolument rien pour protéger son territoire et ses peuples, paralysés qu’ils sont par l’incapacité de s’entendre et d’agir, certes, mais plus encore par le défaut de la moindre vision un peu haute, culturelle, intellectuelle, spirituelle, et de la plus modeste volonté de sculpter le destin.

Cela dit, à l’exception notable de la Hongrie et, dans une moindre mesure, de la Tchéquie, de la Slovaquie et de la Pologne, les États eux-mêmes ne montrent pas plus d’esprit de résistance et de détermination à lutter que la grande machine bruxelloise ; de sorte que le souverainisme en soi n’est en aucune façon une garantie d’insoumission à la conquête. Quant aux peuples, ils sont d’une passivité accablante. Aucune civilisation ne sera morte aussi bêtement, aussi veulement. Celle-ci pourrait très bien échapper encore à la disparition, mais, par un mélange de paresse, d’énervement, de bêtise, de mauvaise conscience, d’indifférence et d’hébétude, elle s’interdit jusqu’au sursaut qui pourrait la sauver.

Personne ou presque ne répond à mes appels. Est-ce parce que je ne suis pas qualifié pour les lancer, ou que ma voix ne porte pas assez fort, ni assez clair, ni assez loin ? C’est bien possible, c’est même assez vraisemblable ; mais, si tel est le cas, c’est bien bête, car ils ne sont, ces appels, qu’au rassemblement, à la convergence, à la constitution d’une force, européenne, de préférence, et qui, si les gens le souhaitaient vraiment, pourrait exister du jour au lendemain : elle n’aurait, une fois constituée, qu’à se donner les chefs qu’elle voudrait. Que d’autres parlent, s’ils pensent comme moi. Qu’ils agissent, qu’ils rassemblent. Je suis prêt à me rallier à eux à tout moment, si leur projet est de repousser l’invasion, de mettre un terme à cette folie, ce meurtre de cauchemar auquel nous assistons sans lever le petit doigt alors que nous en sommes, nous, l’Europe, la victime.

En attendant, le peu d’argent que réunissent les cotisations au NON sert presque exclusivement à faciliter mes quelques voyages en vue de diffuser la bonne parole, avec le succès mitigé qu’on sait. Face à l’horreur hallucinante dont chaque journée donne le spectacle — ces cohortes interminables qui s’avancent pour être nous à notre place et la tenir beaucoup moins bien que nous, d’évidence, et cela aux applaudissements des traîtres, pour la résignation ahurie des masses —, je ne peux pas ne rien faire, de toute façon. Mais par quelle alchimie transmuer le chagrin et la colère en une action efficace ?

voir l’entrée du dimanche 25 octobre 2015 dans Le Jour ni l’Heure

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