Insoumission. Journal 2016

créée le samedi 16 avril 2016, 0 h 34
modifiée le samedi 16 avril 2016, 11 h 51
Plieux, jeudi 14 avril 2016, minuit & demi.
 Comme je dois faire une conférence à Cavaillon, la semaine prochaine, un certain Brice Théâte, au nom assez réussi, je trouve, et de son état journaliste à Vaucluse-Matin, me demande un entretien, qui, selon lui, pourrait avoir lieu en tête-à-tête, « dans le cas où vous seriez déjà en pays cavare quelques jours avant la conférence ». 

J’apprends avec plaisir l’existence du pays cavare, terre de la cavatine, sans doute ; mais naturellement je ne compte pas m’y trouver « quelques jours avant la conférence ». Je n’y habite pas, et je n’ai pas l’intention de m’y fixer. J’arriverai sans doute à Cavaillon le jour même de ma petite causerie, au mieux la veille au soir. Dans ces conditions m’est proposé du bout des lèvres un échange téléphonique, mais on ne me cache pas que « la première option s’impose comme la meilleure » — bref on ne tient pas au téléphone ; et voilà qui tombe à merveille, car moi non plus.

L’entre-quat’z’yeux étant impossible, et le coup de fil n’étant souhaité par aucune des parties, c’est mon tour de proposer un échange écrit par voie électronique. La formule est celle qui me convient le mieux, de toute façon, et spécialement dans un cas comme celui-ci, où je ne suis sans doute pas en pays ami, cavare ou pas cavare : si, comme il est probable, le journal tranche dans la matière de nos échanges et le tronque, pour me faire exprimer le fond de ma pensée, c’est-à-dire le fond de la sienne à mon sujet, j’ai toujours la ressource de le publier in extenso de mon côté — confidentiellement, certes, mais c’est assez pour l’âme.

Cependant cette offre n’a pas l’heur de plaire, à Cavaillon, ou Avignon, je ne sais — ce qui m’est signifié de la sorte : 

« En gros, ce sera une interview en tête-à-tête ou rien. » (sic, je le jure sur la tête de mon chien)

À quoi je ne puis que répondre, évidemment :

« Rien me semble parfait. »

Mais tout de même… Au pays du mufle, le journalisme me semble de très loin la province la plus riche, et la plus peuplée ; celle où s’admirent les plus beaux monuments. « Ce sera cela ou rien ! » — en plus on dirait que c’est moi qui leur ai demandé quelque chose, à ces goujats ! On a beau être convaincu qu’il ne faut détester personne, il y a des jours où la haine est tentante…

Je fais des progrès, cela dit. Il m’est souvent arrivé de me brouiller avec le journal local après mon passage, et à cause de lui, mais avant c’est pour moi inédit.

Une forme de la muflerie journalistique à laquelle je suis particulièrement exposé, semble-t-il — quatre exemples déjà cette année —, c’est la proposition d’entretien, qui peut m’être faite d’un ton assez solliciteur, et que j’accepte toujours (est-ce là mon tort ?) : or il n’y est finalement pas donné suite, sans que ce me soit seulement signifié. Arte, encore ce mois-ci : où vous voudrez, mais bien sûr si vous acceptiez de nous recevoir à Plieux ce serait de très loin le mieux. Ma comme no : Plieux est à vous. Puis plus rien. 

La quatrième fois on s’interroge. Est-ce qu’ils le font exprès pour être désagréables, ou bien le rédacteur en chef a-t-il mis le holà à ce projet déraisonnable d’un pigiste : un entretien avec moi ? Le plus probable est que ce genre d’épisode est lié à la grossièreté intrinsèque, consubstantielle au métier : il y a eu un changement de programme, on a trouvé un autre arrangement plus sensationnel, et on ne juge pas utile de prévenir les personnes déjà contactées, on n’y songe même pas : pourquoi perdre du temps avec elles, en effet, puisqu’on n’a plus besoin d’elles ? 

voir l’entrée du jeudi 14 avril 2016 dans Le Jour ni l’Heure

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