Insoumission. Journal 2016

créée le lundi 31 octobre 2016, 1 h 32
modifiée le lundi 31 octobre 2016, 9 h 21
Plieux, samedi 29 octobre 2016, une heure et demie du matin (le 30).
France 3 Midi-Pyrénées s’en prend vivement à ses téléspectateurs, qui ont eu le mauvais goût de commenter un reportage de la chaîne dans un sens qui ne lui a pas plu — la philippique est signée Fabrice Valery, rédacteur en chef adjoint :

« Certains de vos commentaires sur Facebook sur l’arrivée des migrants dans la région sont insupportables

 « La publication ce jeudi matin sur notre page facebook d’une vidéo sur l’arrivée à Toulouse de migrants de Calais a déclenché un torrent de commentaires. Certains sont empreints d’humanité mais beaucoup donnent la nausée. Nous avons décidé de réagir. 

« C’est une simple vidéo. De quelques secondes. Une vidéo réalisée durant la nuit par une équipe de journalistes de France 3 Midi-Pyrénées. On y voit des hommes, fatigués, tous d’origine afghane, débarquer d’un bus et récupérer leurs bagages. Quelques instants plus tard, ils seront installés dans un centre de la Croix-Rouge à Toulouse. Car ces hommes sont ce que l’on a pris désormais l’habitude d’appeler des “migrants”, des réfugiés. Quelques heures auparavant, ils “vivaient” dans des conditions inhumaines dans la “jungle” de Calais. 

« Cette vidéo, strictement informative, publiée sur notre page facebook, a déclenché un flot de commentaires. La plupart de ces commentaires sont haineux. Ils rejettent, a priori, sans les avoir rencontré, sans connaître leur histoire, des individus, des êtres humains, simplement parce qu’ils viennent d’un pays étranger, que leurs “traditions”, leur “mode de vie” ne seraient pas exactement les mêmes que les nôtres.

« Mais cela va plus loin, “accusant” ces hommes d’être des violeurs en puissance, des agresseurs d’enfants. C’est insupportable.

« D’autres parlent “d’invasion” (quand tout au plus 270 personnes vont s’installer dans notre région, qui compte 5,7 millions d’habitants) ou font l’amalgame avec les terroristes !

« Heureusement, au milieu de cette mare d’immondices déversés sur facebook, certains internautes tentent de faire entendre une autre voix. “Bienvenue à eux ”écrivent certains.

« Nous sommes, en tant que service public d’information, profondément attachés à la liberté d’expression. Les commentaires sur notre page facebook sont modérés a posteriori. Cela signifie que ceux qui franchissent la ligne jaune, en matière de respect de la loi (incitation à la haine, insulte, etc) sont supprimés après intervention de nos modérateurs. C’est un travail fastidieux surtout sur certains sujets dits “sensibles” et encore plus à l’approche des élections. 

« Il y a la loi. Et puis il y a l’esprit. L’esprit, redisons-le, c’est celui de permettre au plus grand nombre de s’exprimer. Mais laisser le droit à l’expression n’empêche pas d’avoir un avis. La rédaction de France 3 Midi-Pyrénées, tout au long de l’année, à la télévision ou sur son site internet, a l’ambition de montrer la vie des gens qui habitent dans notre région, d’expliquer les faits d’actualité, de les contextualiser. Nous avons fait le choix de ne pas fermer les commentaires sur facebook mais sur certains sujets, des internautes, sous pseudonymes ou leur véritable identité, font tout pour nous pousser à restreindre la liberté d’expression. Nous ne voulons pas nous y résoudre mais nous ne pouvons pas laisser dire des choses fausses et laisser publier des propos insupportables sur notre page facebook sans réagir

« La France est une terre d’asile. Chacun d’entre nous a dans sa famille ou connaît une personne qui a des origines espagnoles, italiennes, maghrébines, africaines, asiatiques... La région Occitanie a été et reste une terre d’accueil des peuples, au gré de l’histoire : guerres civiles, guerres mondiales, immigration économique, etc.

« L’histoire de notre pays est comme cela, que ça plaise ou non, et sans ces mélanges de population, sans cette ouverture sur le monde, la France ne serait pas la France.

« Cette “haine de l’autre” est irrationnelle. Elle ne repose sur rien d’autre qu’un sentiment. Peu importe comment on le nomme, “de peur, d’insécurité”. Irrationnel. Ce ne sont pas 27 hommes, démunis de tout qui vont changer la vie d’un quartier, d’une ville comme Toulouse. Ce ne sont pas 250 ou 270 personnes qui vont mettre en péril l’équilibre de notre région. Vous qui voyez dans ces images des violeurs ou des agresseurs, dites-vous qu’y figurent peut-être le médecin qui sauvera demain votre enfant ou le maçon qui construira votre maison ! (Lisez, s’il vous plaît, l’encadré au pied de cet article, “La nausée” de la journaliste Marie Martin). 

« Nous savons que la publication de cet article va déclencher de nouveaux commentaires haineux. Nous savons à quoi nous nous exposons. Mais nous ne voulions pas rester silencieux devant tant de haine et face à ce déversement sur facebook de commentaires nauséeux. Ne rien dire c’était se rendre complices.

Fabrice Valéry

Rédacteur en chef adjoint chargé des éditions numériques de France 3 Midi-Pyrénées

Comme si ce long coup de règle sur les doigts n’était pas suffisant, il est suivi par le vomissement de Mme Marin (dès que les gens ne sont pas de leur avis, en société remplaciste, les partisans du régime rendent leur repas) :  

“La nausée”

« Alors que le démantèlement du plus grand bidonville de France est achevé, alors que des centaines de réfugiés commencent à arriver dans des communes d’accueil partout sur le territoire national, la haine de l’autre, la peur des autres suintent dans de très nombreux commentaires, notamment sur les réseaux sociaux. “On n’en veut pas”, “qu’ils rentrent chez eux”, “ces gens-là ne sont pas comme nous”.

« J’ai honte de ce que je lis. J’ai honte de ce que je comprends. J’ai honte que l’accueil de 4 500 personnes pose problème en France, dans un pays qui compte 60 millions d’habitants. J’ai honte que ce frein vienne de mes contemporains.

« Comme ils ont la mémoire courte, ces porteurs d’un discours de rejet et de haine.

« Ils ont oublié leurs larmes, devant le journal de 20 heures qui montrait le petit corps d’Aylan, mort échoué sur une plage de la Méditerranée.

« Ils ont oublié les images de guerre, des bombes sur Alep.

« Ils ont oublié que peut-être, leur grand-père a franchi les Pyrénées pour échapper à la mort et à la dictature de Franco.

« Ils ont oublié que leur voisin est peut-être un enfant des boat-people.

« Ils ont oublié que leur mère a peut-être sauvé la vie d’enfants juifs dans le maquis de Vabre.

« Ils ne savent pas, peut-être, qu’on ne quitte pas son pays pour le plaisir d’aller s’entasser sous des tentes, dans la boue, dans le nord de la France.

« Qu’on ne quitte pas son métier de médecin ou de professeur d’université pour le plaisir de venir un jour balayer nos rues.

« Peut-être devraient-ils s’imaginer, une seule seconde, traverser une mer, un océan, des montagnes, pour sauver leur vie et celle de leur famille.

« Peut-être est-ce aussi à nous, les journalistes, de rappeler que souhaiter le départ d’hommes et de femmes menacés de mort dans leur pays revient à souhaiter leur mort tout court. »

 Marie Martin
     Journaliste France 3 Midi-Pyrénées

 Ces deux textes sont absolument fascinants. Tout y est. Si un jour une libération survient, si nous parvenons à nous débarrasser de cette caste tyrannique et sûre, non seulement de son bon droit, mais de sa parfaite bonne conscience, il faudra faire apprendre ces lignes par cœur aux enfants des écoles, pour qu’ils comprennent ce que nous avons enduré, de suffisance, de mépris, de répugnante bonne conscience justement, de mensonge éhonté et d’imbécillité triomphante.

Le mensonge est admirablement illustré, avec une ingénuité charmante, par la photographie qui accompagne l’article (“Des migrants arrivés cette nuit à Toulouse”, dit la légende), et où presque tout le monde est du noir le plus noir. Des Afghans ? Naguère tous les migrants ou presque étaient syriens, officiellement, c’est-à-dire médiatiquement, mais l’on ne voyait pratiquement que des noirs. Les Français s’étant rappelés, à la longue, que les Syriens n’étaient guère noirs, on ne voit toujours que des noirs, mais ils sont devenus afghans. Les Afghans ne sont pas trop noirs non plus, à la vérité, mais ce mensonge-là tiendra ce qu’il tiendra. On aura remarqué la synonymie imposée en coup de force comme tout le reste, et comme le sens de l’histoire (« que cela plaise ou non »), entre migrants et réfugiés. Elle est caractéristique. Le remplacisme c’est toujours : que cela plaise ou non.

Non seulement ces malheureux noirs sont afghans mais en plus ils sont professeurs d’université :

« On ne quitte pas son métier de médecin ou de professeur d’université pour le plaisir de venir un jour balayer nos rues. »

À en juger par l’état des quartiers où échouent ces flots humains, jusqu’à présent, et qu’ils laissent immanquablement d’une saleté repoussante, on doute que tous ces médecins balaient jamais quoi que ce soit. Mais ce sont les chiffres, plus que les mots, qui sont comme d’habitude l’instrument par excellence du mensonge :

« Ce ne sont pas 27 hommes, démunis de tout qui vont changer la vie d’un quartier, d’une ville comme Toulouse. Ce ne sont pas 250 ou 270 personnes qui vont mettre en péril l’équilibre de notre région » écrit M. Valéry. Et Mlle Martin de renchérir, car ce genre de raisonnement captieux se tète, comme poser problème, dès les premières séances d’endoctrinement des endoctrineurs, dans les écoles de journalisme :

« J’ai honte que l’accueil de 4 500 personnes pose problème en France, dans un pays qui compte 60 millions d’habitants ».

Éternellement ils comparent, si l’on ose dire — mais le remplacisme lui-même, cette industrie de production de l’homme remplaçable, de la matière humaine indifférenciée, y invite  —, des flux à des stocks : ce qui est arrivé hier ou la nuit dernière à ce qui est là depuis toujours ; et ils ne tiennent aucun compte de trente ou quarante ans de semblables alluvions quotidiennes. Ils ressemblent à ces drogués qui disent :

« La cocaïne ? Une dépendance ? Jamais de la vie ! Je prends de la cocaïne trois fois par jour depuis vingt ans et je ne ressens toujours aucune dépendance ! »

Eux c’est l’invasion qu’ils ne peuvent pas concevoir. Une invasion ? Quelle invasion ? Quel petit Grand Remplacement à guidon chromé au fond de la cour ? Deux cent cinquante personnes ni même quatre mille cinq cents ne font pas une invasion. Dix millions en feraient peut-être une, mais ce terrain-là est sévèrement gardé, et s’y aventurer nuit gravement au bien-être et à la santé. Il est convenu, de toute façon, que seules la haine, ou la peur, peuvent conduire à formuler pareilles objections. Que ce puisse être le bon sens, la logique, l’amour de la patrie ou un peu de courage ne saurait être envisagé, ni seulement concevable.  

On voit bien à l’œuvre, fièrement étalée là, l’indignation morale, sincère ou feinte ; on voit bien le mépris intellectuel, tel qu’il se manifeste par l’emploi d’arguments aussi bêtes, aussi gros ; mais ce qui domine c’est la haine, justement, cette haine que la Caste, le visage tordu par elle, est si prompte à reprocher à ses opposants, toujours, car c’est le nom qu’elle donne au refus de se soumettre devant elle. On voit bien que le parti remplaciste ne supporte plus ses remplacés, qui mettent trop longtemps à disparaître et, en plus, se permettent de protester un peu, quelquefois. Les gouvernements ne supportent plus leurs peuples. Les journaux ne supportent plus leurs lecteurs. Les chaînes de télévision ne peuvent plus voir en peinture leurs téléspectateurs, et ne rêvent que de les remplacer une bonne fois, pour en finir. L’ennui est que les remplaçants ne s’intéressent guère aux médias et qu’ils ont leurs propres chaînes, au creux de leurs paraboles.    À moins que je ne sois élu l’an prochain — ce qui, à l’heure qu’il est, ne semble pas l’issue la plus vraisemblable —, c’est eux qui remplaceront les remplacistes. 

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