Juste avant après. Journal 2017

créée le jeudi 26 janvier 2017, 10 h 14
modifiée le mardi 31 janvier 2017, 15 h 38
Plieux, mercredi 25 janvier 2017, minuit.
Je dépose ici l’assez long article que je viens d’écrire pour La Verità, le journal italien, à l’occasion de la Journée du souvenir de l’Holocauste. Il résume assez bien, je crois, l’état actuel de ma réflexion, en particulier sur le “remplacisme global” (qui en occupe le centre). Comme je me méfie grandement des “titres de la rédaction”, je l’ai intitulé moi-même “Hitler à l’envers, Hitler à l’endroit”. 

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Le renversement complet de la référence aux années trente et quarante, aux “heures les plus sombres de notre histoire”, etc, constitue, dans la période récente, une des grandes victoires idéologiques de notre bord — je veux dire celui des patriotes, nationaux et européens, des adversaires de l’immigration de masse, des ennemis jurés de la substitution ethnique : bref, de tous ceux qui ne veulent pas du changement de peuple et de civilisation, qui refusent le Grand Remplacement, et que j’appelle les “antiremplacistes”. 

Jadis, si on laissait paraître qu’on n’était pas très enthousiaste quant à l’afflux continuel en Europe d’Africains du Nord et du Centre, qui transforment rapidement l’aspect de nos villes, de nos hôpitaux, de nos écoles et de nos transports en commun, et modifient en profondeur la vie civique et quotidienne, on se faisait traiter aussitôt d’“intellectuel des années trente” : ce qui était censé signifier qu’on était antisémite, profasciste, complotiste, partisan des ligues et des sociétés secrètes, et prêt à devenir, même, un ardent collaborateur de la puissance et de l’occupation nazie. Il y avait là, entre les mains du pouvoir “remplaciste” et de sa presse, ou plutôt des médias et des gouvernements qui tremblent devant eux, ce qu’il est convenu d’appeler une “arme absolue de langage” : accusation dont celui qui l’essuie ne se relève pas, mots qui vous condamnent à la mort civile. Personne, et sans doute moins encore en France qu’en Italie, n’a envie d’être catalogué fasciste, raciste, collaborateur et ce genre de choses. Des lustres durant l’arme absolue a donc fonctionné à merveille, et elle beaucoup servi à faire taire et souvent à détruire, au moins professionnellement, ceux qui étaient tentés de protester contre une invasion extra-européenne de plus en plus évidente.

Or, miracle, cette arme a été retournée contre ceux qui en faisaient un si large usage. C’est que l’invasion amenait avec elle un totalitarisme de plus en plus manifeste, lui aussi : l’islamisme, avec son cortège de terrorisme d’une part, de revendications communautaires de plus en plus impérieuses d’autre part. Et, à l’image du totalitarisme le plus emblématique des années trente, ce terrorisme-là était parfaitement explicite en ses desseins : le Coran est aussi clair que Mein Kampf et, si on ne le comprend pas, ses sectateurs les plus ardents se chargent de vous l’expliquer à la kalachnikov. Ils ne se cachent en rien de leur volonté de conquête. S’opposer à eux devenait donc une exigence de résistance. Favoriser ou encourager d’une manière ou d’une autre leurs intentions, en revanche — que ce soit par faiblesse, par lâcheté ou par calcul —, c’était faire preuve de complaisance envers le nouveau fascisme, témoigner un esprit de collaboration coupable avec l’intolérable.  

Munich et sa conférence de 1938 ont joué le rôle de pivot décisif dans ce spectaculaire retournement accusatoire. Céder devant l’islamisme, ou seulement ne pas s’opposer de façon assez ferme à ses prétentions, sous quelque forme qu’il les présentât — menace terroriste, pression migratoire, exigences de Recep Erdogan, etc. —, c’était faire preuve d’esprit “munichois”. À partir de là, tout s’ensuivait naturellement. Et de fait, s’il y a bien des différences, en France, entre les deux Occupations, celle des Allemands dans les années 1940-1944, celle de l’immigration africaine aujourd’hui (moins militaire, sans doute, mais infiniment plus nombreuse), les deux Collaborations, elles, se ressemblent comme deux gouttes d’eau.

J’ai nommé Seconde Carrière d’Adolph Hitler, dans une essai de ce titre, le rôle inversé que joue le Führer comme terminus ad quem de toutes nos phrases, contre-référence de toutes nos attitudes, repoussoir de toutes nos réactions instinctives, à travers le très légitime “plus jamais ça” qui est au fondement de l’antiracisme. La Seconde Carrière d’Hitler, sa carrière à l’envers, est moins criminelle que la première, sans doute, mais de conséquences géopolitiques encore plus vastes puisque c’est elle qui livre l’Europe sans défense à l’invasion.

Cependant j’ai eu tort de donner plus haut l’impression, peut-être, qu’il y avait un seul totalitarisme-qui-vient, l’islamisme, en face duquel les États démocratiques seraient impuissants, à force de faiblesse, de lâcheté, et d’une ardeur collaborationniste qui les amène à se renier eux-mêmes et toutes leurs prétendues “valeurs”. En fait il y en a au moins deux, et ils seront un jour rivaux, fatalement. Toutefois, pour le moment, c’est entre eux pacte germano-soviétique permanent, entente de titans pour permettre à l’un et à l’autre de pousser ses pions aussi loin que possible avant de s’affronter. L’autre totalitarisme, le plus fort, le plus riche, le plus moderne, est le remplacisme, l’idéologie globale de l’homme remplaçable, et de la remplaçabilité générale.

Remplacer, tel est le geste central de la contemporéanéité. On ne comprend rien au Grand Remplacement — le changement de peuple et de civilisation — si l’on ne comprend pas que, malgré son gigantisme, il n’est qu’une partie d’un tout, le remplacisme global : fils monstrueux de l’antiracisme à son stade sénile et de la Révolution industrielle dans une phase également très avancée, post-fordienne, post-taylorienne, post-industrielle, post-moderne et probablement post-humaine, en tout cas post-humaniste. Le remplacisme global est autant à l’œuvre dans le lowcost généralisé (qui devient aussitôt la norme), les produits de synthèse, la gestation pour autrui, Las Vegas, DisneyWorld, Lascaux 3, les robots, les imprimantes 3D, l’adoption d’enfants à l’autre bout de la terre, etc., que dans la substitution ethnique et culturelle. Son principe opératoire est le remplacement de l’original par la copie, de l’indigène par l’allogène, du naturel par l’artificiel, de la campagne par la banlieue, du monde par le site touristique, du poisson sauvage par le poisson d’élevage, des artères par des tuyaux, du réel par le faux, de l’œil par l’“info”, du regard par la sociologie, de l’expérience par la statistique, de la lettre par le chiffre, du complexe par le simple, de la culture par le divertissement, de la littérature par le journalisme, de l’exercice par le sport, du jeu par la compétition, de l’homme par la Matière Humaine Indifférenciée (MHI).

Cette matière humaine, bien que rendue aussi homogène que possible par l’enseignement de l’oubli, par l’imbécilisation de masse et par la drogue, et bien que produite à flux continu par l’industrie de l’hébétude en ses trois branches principales (l’École, les écrans, le trafic de stupéfiants), peut parfaitement être mise en boîte (de conserve), ainsi qu’en témoignent les “studios” de 2 m2 de Hong-Kong, où l’on ne peut pas se tenir debout, les collocations londoniennes, où l’on ne se partage plus seulement les chambres mais les lits (soit dans l’espace, soit dans le temps) et, de façon générale, la réduction constante des espaces qu’on n’ose même plus appeler “vitaux”, pour les travailleurs des métropoles. Ils paient des loyers monstrueux pour être près de ce travail qui leur permet seul de payer leur loyer.

Henry Ford, antisémite et pronazi, avait eu l’idée géniale de faire acheter ses voitures par les ouvriers mêmes qui les produisaient. Depuis, grâce à la normalisation à outrance, la chaîne de production s’est encore réduite : le producteur est le produit, le produit est le producteur. L’homme remplaçable du remplacisme global n’est pas l’homme ou la femme-objet du récit pornographique, c’est véritablement l’homme-produit, rendu ignorant par l’école, radical par la religion, criminel par la prison, immobile par les voitures, malade par l’hôpital et par l’air qu’il respire. Si le système remplaciste importe toujours davantage de migrants en masse, c’est moins en tant que main-d’œuvre disponible à bon marché, comme jadis, qu’en leur qualité de futurs consommateurs. Certes, la plupart, quand ils arrivent, n’ont pas d’argent pour consommer ; qu’à cela ne tienne, on va leur en donner, en le prenant à ceux qu’ils vont remplacer. Et de toute façon, ces nouveaux venus, ces remplaçants, il faudra bien les nourrir, les vêtir, les soigner, éduquer leur enfants c’est-à-dire les rendre remplaçables, les distraire, leur vendre des jeux et des armes.

Ainsi se prolonge indéfiniment la bulle financière, qui aurait dû éclater depuis longtemps en une crise économique majeure. Les grand intérêts de droite ont compris de longue date qu’ils avaient tout intérêt à être à gauche, c’est-à-dire antiracistes, c’est-à-dire remplacistes : ce qu’ils étaient déjà dans leurs affaires. La droite est de gauche, c’est ce qui la rend invincible. Mme Merkel ouvre grand les vannes de l’invasion. L’exigence pour la Banque est de placer ses hommes (et ses femmes) aux bons endroits. Elle délègue de moins en moins, on a trop trahi sa confiance. Les financiers prennent en main directement les affaires. Un Juncker est parfait pour l’Europe, un Emmanuel Macron serait en France admirable : banquier de formation, immigrationniste à tout crin — l’incarnation idéale du remplacisme global.

Les châlits d’Auschwitz sont les ancêtres directs des boîtes à homme de Hong-Kong. On a beaucoup analysé la Shoah comme un attentat contre les juifs, et bien sûr elle l’était éminemment. Mais il faut à présent se pencher aussi, et davantage, sur son caractère d’attentat contre l’homme. À cet égard les camps de la mort apparaissent comme un premier essai, un peu maladroit, et les coupables trop visibles, trop facilement repérables. Le racisme avait fait de l’Europe un champ de ruines, l’antiracisme en fait un bidonville. Entre temps c’est Hitler à l’envers, son fantôme honni, qui a livré l’Europe à l’invasion. Mais c’est Hitler à l’endroit, de nouveau, qui réduit l’homme à l’état de matière, interchangeable et délocalisable à merci. Davos est un Wannsee annuel, plus festif. Le génocide est démodé. On ne gaze plus les peuples, on les remplace. On ne les tue pas, on les submerge. Le naufrage est devenu un moyen de transport comme un autre. Embarqués sur des canots prévus pour se renverser, les migrants sont réceptionnés comme des produits commandés bien plus que sauvés en mer comme des voyageurs fourvoyés. Et c’est l’Europe qui meurt noyée. 

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