La Ligne claire. Journal 2019

créée le samedi 31 août 2019, 0 h 19
modifiée le dimanche 1er septembre 2019, 9 h 21
Plieux, vendredi 30 août 2019, sept heures du soir.
Bruno Chaouat, avec qui j’ai eu des relations d’amitié au début du siècle, s’était déjà signalé, il y a quelques semaines, juste après l’attentat d’El Paso, je crois, en un temps où j’avais la terre entière contre moi et alors que lui-même publiait un livre, par un article extrêmement désagréable à mon sujet, dans Le Monde, si je ne me trompe. Il récidive, beaucoup plus longuement, dans un magazine juif américain, Tablet, et s’y excuse d’avoir pu fréquenter un personnage tel que moi — erreur de jeunesse, dont il espère qu’on la lui pardonnera, puisqu’il l’avoue. 

C’était après l’“affaire Camus”, la première, qu’il évoque et résume à présent comme suit, après avoir précisé que j’étais jusqu’alors connu surtout « comme poète et romancier », ce qui donne une assez juste mesure du degré d’exactitude de ses analyses et mises au point historiques (l’article est d’ailleurs intitulé “The Gay French Poet Behind the Alt-Right’s Favorite Catch Phrase”). Mais voici l’“affaire” :

« In 2000 Renaud Camus, previously best known as a poet [c’est moi qui souligne…] and novelist, became notorious for a couple of pages of his diary. A major French publisher had been putting out installments of the diary for many years at that point, at the pace of one volume a year. Then, in 2000 Camus wrote that Jews, with few exceptions, cannot enjoy an organic relation with the French language, culture, and literature. In order to really have an authentic connection with French culture, Camus wrote, one must have been French for several centuries at least. [c. m. q. s.] Those few sentences provoked an outrage in the French center-left press. This is the time when, as a Jew and literary scholar, I became interested in Camus, met him, lectured and wrote about him. And so I owe the reader this disclaimer : I was young, relatively, and spellbound by Camus’ erudition, love of art and music, and old France manners. It was before he founded his political party, gave up literature, and became a full-fledged ideologue and propagandist. »

J’apprends avec plaisir que j’ai abandonné la littérature, dont apparemment ce journal ne relève pas, non plus que des romans tels que L’Inauguration de la salle des Vents ou Loin, bien postérieurs à l’affaire (sans parler des dix volumes des Demeures de l’esprit). Le plus saisissant est le résumé de mes opinions sur les juifs, telles qu’exprimées, censément, dans le volume de mon journal publié en 2000 :

«  Alors, en 2000 [ce volume de journal date de 1994, mais au point où on en est peu importe…], Camus écrivit que les juifs, à quelques exceptions près, ne sauraient jouir d’une relation organique avec la langue, la culture et la civilisation  françaises. Afin d’avoir réellement un lien authentique avec la culture française, écrivait Camus, il faut avoir été français plusieurs siècles au moins ».

C’est là très exactement ce que la presse la plus haineuse et déchaînée de l’époque prétendait lire ou avoir lu dans La Campagne de France. Et si c’était effectivement ce qui s’y trouve, Chaouat serait en effet bien coupable de m’avoir amicalement fréquenté après cela, et il ferait bien de s’en excuser comme il le fait. Mais c’est évidemment ce qui n’y est absolument pas. C’est le Chaouat de 2001 et après qui avait raison, pas le Chaouat d’aujourd’hui, qui essaie de se faire un nom en excipant de ses liens avec moi pour mieux les renier. Les phrases et opinons qu’il m’attribue, c’est ce que la moindre petite journaliste tout frais émoulue de son école de journalisme croyait lire entre mes pages, en me confondant avec Maurras, qui lui était (à peine) plus familier. Et c’est exactement ce qu’en a retenu Yann Moix, qui vient d’être condamné pour l’avoir publiquement exprimé. Je pourrais pareillement poursuivre Chaouat, pour diffamation caractérisée. Mais une seule condamnation de l’adversaire au même titre suffit. 

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