sans dateNew Haven, hôtel Omni, jeudi 27 avril 2000, onze heures du soir. On dirait bien que ma “carrière” est finie, si “carrière” il y eut jamais — finie avant d’avoir commencé.
En France l’affaire est entendue : je suis un écrivain antisémite, pour lequel il n’y a pas de mots assez méprisants. Tout le monde y est allé de son coup de pied de l’âne : Poirot-Delpech, Françoise Giroux, l’émission de France Culture à midi.
Ici ça ne vaut pas beaucoup mieux. Le colloque qui doit s’ouvrir demain aura bien lieu à Yale même, alors qu’il était question hier qu’il soit transporté à la Fondation Albers : mais sa première session, à tout le moins, s’annonce comme un procès en règle.
Je viens de dîner avec les principaux organisateurs — Charles Porter, Jan Baetens, Vincent Giroux qui dirige la Beineke Library, Stephen X. un ami de Porter, et un jeune homme qui me regardait comme si j’étais le diable — mais un diable un peu décevant, l’air moins méchant qu’il n’avait espéré. Tout le monde était accablé. On craint des manifestations très hostiles. Le Département de français de l’université a retiré son soutien au colloque, et la plupart des professeurs ont l’intention de venir me manifester leur indignation. J’aurai du mal à faire face, c’est probable, d’autant que je commence à être bien fatigué.
De l’ignominie dont on m’abreuve je ne me relèverai jamais. Je suis un écrivain enterré. Pour l’instant c’est l’envie de dormir qui l’emporte en moi. Je ferme sur moi le sommeil, comme on laisserait tomber la dalle du tombeau.
voir l’entrée du jeudi 27 avril 2000 dans Le Jour ni l’Heure◎
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