sans dateJeudi 15 juin 2000, onze heures du matin. Le colonel Flatters étant en Corse, c’est Sophie Barrouyer qui a pris la direction des opérations. Elle y met l’énergie formidable qui la caractérise, et une générosité stupéfiante, il faut bien le dire, car j’ai l’impression qu’elle ne fait plus rien depuis un mois et plus, que de guerroyer en ma faveur, alors qu’elle a charge de famille, un métier et même plusieurs.
On fonde de grands espoirs de mon côté sur Sylviane Agacinski dont l’article du Monde, la semaine dernière, témoignait à la fois une totale méconnaissance avouée de mes travaux et un net refus de céder, au moins avant un examen plus détaillé, à l’atmosphère générale de lynchage. Sophie Barrouyer pense passer cette après-midi à l’hôtel Matignon, où il semblerait que Sylviane Agacinski réside effectivement avec son mari Lionel Jospin, pour lui remettre non seulement La Campagne de France, que dans son article elle disait vouloir lire (et que je lui ai envoyé pour ma part à l’École des Hautes Études), mais aussi Nightsound, Éloge du Paraître, Discours de Flaran et Etc.
Sophie juge qu’il y a pour le moment une curiosité à mon égard, dont il faut profiter pour me faire lire, lire, et lire encore. Elle trouve que Nightsound tombe admirablement à point, et qu’il faut en inonder les rédactions, les chaînes de radio et de télévision, toutes les personnalités qui ont le pouvoir de dire un mot et de le faire entendre. Dans son ardeur extrême elle se heurte à Paul qui, lui, à de certaines heures, est beaucoup plus pessimiste, et qui a d’ores et déjà intégré l’idée que pendant des années il ne sera plus question de mes livres dans Le Monde, Libération et autres Observateur (lesquels, de toute façon, ne se sont jamais beaucoup soucié d’eux). Par résignation, il recommande le profil bas, la plupart du temps. En quoi il exaspère Sophie et quelques autres de mes partisans, qui ne rêvent que plaies et bosses et n’ont d’autre idée que d’en découdre.
Cependant Paul me dit à l’instant qu’il a envoyé deux cents Nightsound en service de presse, et qu’il ne voit pas tellement ce qu’il pourrait bien faire de plus. Il m’apprend également que dans la guerre civile qui fait rage chez Fayard, Olivier Bétourné est cuit, selon lui — et selon un article du Monde à paraître cette après-midi, et qu’il a déjà sur son bureau, grâce à je ne sais quel tour de passe-passe. Je m’abstiens de lui faire remarquer qu’il y a quinze jours c’était Claude Durand qu’il donnait comme cuit, quand il se moquait de mes contrats avec lui chez Fayard, et me demandait narquoisement si je comptais sur Bétourné pour les appliquer, quand il aurait pris le pouvoir, ce qu’il donnait pour imminent.
Dites qu’on s’amuse ! disait Jean Puyaubert.
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