créée le mercredi 27 février 2013, 10 h 50
modifiée le vendredi 1er novembre 2013, 16 h 51Mardi 26 février 2013, une heure moins vingt (le 27). Le français évolue tellement vite, on voit paraître tous les jours tant de bizarreries inimaginables, que bientôt on n’osera plus ouvrir la bouche tant on sera convaincu d’user d’une langue disparue, éteinte, qui n’a plus rien à voir avec celle qui se parle (et s’écrit).
À peine m’étais-je remis d’avoir appris que Pedro Almodóvar était la nouvelle égérie des Galeries Lafayette, voici que d’après Le Monde Gaspard Ulliel, lui, est l’égérie du parfum Bleu de Chanel. Déjà l’acception serait singulière s’il s’agissait de femmes car ces messieurs, croit-on comprendre, sont des supports publicitaires, des emblèmes, des mascottes, pas des inspirateurs ou des égéries mâles. Mais là…
Je suppose qu’il va en aller comme pour éponyme mis à la place d’homonyme : au bout de quelques mois la faute s’est tellement diffusée qu’on n’ose plus rien dire, il est trop tard, elle n’est plus une faute puisque tout le monde la pratique — elle est la norme.
Parmi les grands logothètes du français contemporain, l’ignorance des journalistes.
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Je suis tout à fait bien fait pour lire Ces choses-là, le nouveau livre de Marianne Alphant, qui vient de paraître chez P.O.L, à propos du XVIIIe siècle — ces noms, ces surnoms, ces anecdotes, cette “petite histoire”, c’est absolument “ma culture”, comme on dit ridiculement de nos jours. Marianne Alphant et moi nous avons à merveille les mêmes mythologies intimes, peut-être pour avoir l’un et l’autre pratiqué enfant Historia et G. Lenotre, d’ailleurs tous les deux mentionnés entre ces pages ; couché dans le même genre de chambres, vu le même genre de gravures, passé la main sur les mêmes rayons, nous être livrés aux mêmes promenades. Je me sens parfaitement en terrain familier — c’est un des éléments qui me rendent cette lecture délicieuse. Mais je me demande bien combien nous sommes encore à éprouver ce type de sentiments et à savoir sans le savoir, à nous souvenir quand on nous le rappelle, que Louis XV appelait ses filles Loque, Graille, Coche et Chiffe ? Et Marie-Antoinette Madame Royale Mousseline la Sérieuse ?
voir l’entrée du mardi 26 février 2013 dans Le Jour ni l’Heure
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