créée le samedi 3 août 2013, 18 h 30
modifiée le mardi 6 août 2013, 17 h 15Samedi 3 août 2013, midi. L’entrée précédente de ce journal aura eu au moins le mérite de provoquer une discussion — sur “Boulevard Voltaire”, pour commencer, mais aussi, comme elle a été reprise ici et là, ne serait-ce que par moi sur Facebook et Twitter (dans L’IN-NOCENT, mon “magazine” en ligne), en divers coins et recoins de la blogosphère. La discussion porte principalement sur la question du nom (du parti à créer) — mais je ne le relève pas comme une limitation, car ce point est en effet capital.
Un thème récurrent est celui de la nécessité d’être pour et de ne pas être contre. On ose à peine aller contre ce vieux tabou mais j’estime très nécessaire de le faire, d’autant que ses origines sont surtout publicitaires, je crois bien, et procèdent avant tout du catéchisme des “communicants” — syntaxe, répertoire et petit livre rouge du faussel, dont ces messieurs (et dames) sont les principaux fabricants. L’intimation souvent agressive de devoir être pour me semble une vieille exigence polémique déchue au rang de platitude médiatique mais encore revêtue, hélas, d’une certaine efficacité, qu’il convient de combattre.
En effet, pourquoi diable faudrait-il toujours être pour ? Certes, il y a des moments heureux dans la vie des hommes et dans l’histoire des peuples où le réel (ce double inversé du faussel…) suscite, tel qu’il se présente, un grand élan d’amour et d’adhésion, qu’il ne s’agit que de creuser, d’élargir et de soutenir. Mais le moins qu’on puisse dire, malheureusement, est que nous ne sommes pas dans une de ces phases-là. Et tout aussi noble et légitime et nécessaire est un grand non, dans les heures graves où tout l’appelle avant que de sombrer.
La vie monte au destin sur l’aile du refus, dit Saint John Perse. Et Cavafy évoque aussi, en italien, bizarrement, il gran rifiuto. Tous ces noms et ces mots prétendument positifs qu’on nous propose, défense, renaissance, restauration, reconquête, ils sont bien beaux et pertinents, certes, mais ils sont usés jusqu’à la corde : on a l’impression de les avoir rencontrés mille fois à l’en-tête d’associations mort-nées de vieillards mélancoliques. Dans une situation telle que celle que nous vivons, c’est-à-dire où l’horreur nous est quotidiennement imposée — le Grand Remplacement, le changement de peuple et de civilisation, le ramadan perpétuel, la nocence généralisée, et tout cela avec la collaboration enthousiaste du complexe médiatico-politique, du personnel politique bien sûr, qui n’a jamais mieux mérité son nom, des intellectuels organiques, des sociologues de cour, des journalistes déculturés —, face à ce spectacle désespérant, à cette humiliation sans nom de la patrie, ce n’est pas le oui qui est dynamique, joyeux, viril, enthousiaste, batailleur, résolu. Non, c’est le non. En pareille occurrence le oui est aboulique et veule, hébété, panurgique. Le non seul est à la hauteur de la tragédie crépusculaire qui se joue.
Le discours du 18 juin, c’est un grand non. Que dit de Gaulle en effet sinon : cela ne sera pas ? Ce naufrage, cet effondrement, cet armistice, cette paix honteuse n’auront pas lieu. Bien entendu ce non gaullien s’appuie sur un grand oui : l’amour de la France et de toutes les composantes de son histoire, la volonté de prendre à bras-le-corps son destin, une juste analyse de la situation historique et militaire globale. Il reste que le garant de ce grand oui, de cette adhésion à ce qui est et non pas à ce qui survient, c’est pour commencer, en guise de préalable et de condition indispensable, même, un non déterminé.
Une dame m’écrit en privé (car la difficulté de l’échange, c’est qu’il se déroule en toute sorte de sites à la fois…) :
« Pourquoi ne pas appeler ce parti le Non au Changement de Peuple et de Civilisation, le NCPC ?
« Quelle bannière parfaite ! Qui dirait ce qu’elle veut dire et rien d’autre ! Et chaque fois qu’on nommerait le parti, on redirait son message ! »
Ce dernier argument me plaît beaucoup. Mais bien sûr aucune décision ne sera prise, sur aucun point, avant la fin du mois (au moins). Nous n’en sommes qu’au stade des conversations préliminaires (téléphoniques) et le parti du Non, en fait de “confédération”, ne réunit de tout à fait sûr, jusqu’à présent, que le P.I. — très uni et en parfait ordre de marche, lui, malgré quelques procès gratuits que je vois qu’on lui fait (comme à moi) : si quelque chose le caractérise, pourtant, c’est bien la constance et la résolution à travers les années, plutôt que les agitations groupusculaires.
voir l’entrée du samedi 3 août 2013 dans Le Jour ni l’Heure
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