NON. Journal 2013

créée le mardi 6 août 2013, 17 h 44
modifiée le mercredi 7 août 2013, 19 h 23
Mardi 6 août 2013, midi.
Nous avons eu hier la visite de M. le secrétaire général de l’In-nocence, Jean-Michel Leroy, accompagné d’un ami à lui, Romain Joly, qui lui n’est pas à Sciences-Po mais aux Arts-et-Métiers (ils n’ont pas quarante ans à eux deux). Il s’agissait surtout, officiellement, d’effectuer de nouveaux “Entretiens de Plieux”. J’avais été très content d’un entretien — surtout littéraire il est vrai — réalisé à Paris l’automne dernier (genre), pour la radio de Sciences-Po. Mais cette fois-ci tout était amateurish à l’excès, nous n’avions à notre disposition pour capter l’image et le son que des appareils photographiques, les séquences d’enregistrement sautaient toutes les quatre ou cinq minutes et bientôt nous ne sommes même plus arrivés à en déclencher de nouvelles, alors que nous n’avions même pas approché le vif du sujet. Je doute qu’il reste grand-chose de cette session en forme de coup d’épée dans l’eau. Déjà je ne suis pas bien bon quand tout se passe bien, si l’intendance fait défaut je m’effondre.

L’affaire de la “confédération du non” (au Grand Remplacement) cause surtout des remous, jusqu’à présent. On nous accuse, l’In-nocence et moi, de tirer la couverture à nous, d’engager les autres avant qu’ils aient donné leur accord formel, de ne pas suivre les protocoles politiques coutumiers. Mais j’ai bien pris soin, au contraire, de n’engager personne, justement, et, comme disait l’autre, « pourquoi voulez-vous qu’à soixante-sept ans je commence une carrière de dictateur ? » — même à la petite échelle de la dite “réacosphère”. Quant à n’être pas, les in-nocents et moi, un parti et un homme politique comme les autres, nous aurions plutôt tendance à nous en targuer. C’est curieux, cet attachement des Français pour les hommes politiques comme les autres et pour les processus éprouvés : ce sont pourtant eux qui les ont mis dans la situation où ils se trouvent et c’est à cause d’eux que le phénomène le plus cataclysmique de notre histoire, le Grand Remplacement, n’est jamais désigné, jamais nommé, jamais appelé clairement par son nom. Il me semble qu’il serait grand temps de faire appel à des non-professionnels, qui auraient au moins le mérite de ne rien connaître aux différentes feintes et autres éléments de langage qui permettent depuis trente ans de faire comme si ce qui arrive n’arrivait pas.

Ce que je propose est la création d’un parti, d’un mouvement, d’une fédération, confédération, peu importe, d’une union des forces disponibles et volontaires autour de cette idée simple : le refus du Grand Remplacement, le non au changement de peuple et de civilisation. Certains disent que ce n’est pas à moi de le faire, que je ne suis pas qualifié : très bien, mais alors que quelqu’un d’autre le fasse, et vite. D’autres soutiennent que cette création est inutile, car il y a déjà le Front national, et il ne faut pas diviser. Mais d’une part beaucoup de Français ne rallieront jamais le Front national, et d’autre part le combat contre le changement de peuple ne semble pas tout à fait au centre des préoccupations de ce parti, dernièrement. De toute façon il ne s’agit pas de lui enlever quoi que ce soit, mais de lui apporter quelque chose au contraire, comme à la cause nationale. Dans la mesure où notre combat est aussi le sien, et où ses préoccupations sont les moins éloignées des nôtres, nous lui serons toujours loyaux. Mais il nous semble pouvoir aller là où il ne va pas, et centrer davantage la lutte sur ce qui nous importe au premier chef, la défense d’une culture et d’une civilisation, d’un art de vivre et, ajouterais-je, d’une in-nocence (puisqu’il est entendu que la nocence, n’en déplaise au Mrap qui me poursuit pour l’avoir dit, est un des instruments de la conquête en cours).

Que si maintenant mon appel n’est pas entendu ni suivi, je rentrerai dans le rang dont je serai à peine sorti, et on n’en parlera plus. Qu’un autre reprenne le flambeau, ou pas. Je n’ai pas d’argent, je n’ai guère de troupes, je n’ai pas une grande notoriété, et d’aucuns se font un plaisir de m’expliquer que je ne suis pas l’homme de la circonstance. Très bien. Je pourrai difficilement ne pas penser, toutefois, que les gens sont moins affolés qu’ils ne veulent bien le dire par ce qui survient, et surtout moins décidés à s’y opposer qu’ils ne le prétendent — mais après tout, si c’est ce qu’ils souhaitent…

*

Nous sommes allés dîner à Gramont, où nous avions trouvé des chambres pour les visiteurs. L’auberge était agréable, comme d’habitude, et nous avons nettement trop mangé, surtout moi, mais c’est un peu la loi du genre. Et le village est délicieux, sur son promontoire. J’ai toutefois constaté sans plaisir qu’il sacrifiait désormais à cette pénible mode actuelle, les expositions de (grandes) photographies en plein air, et de préférence dans les lieux, sur les sites ou les monuments les plus beaux, comme à Paris sur les grilles du jardin du Luxembourg. Voilà bien encore une des formes du faussel, du règne du faux, et parmi les plus pernicieuses : la substitution à la chose de son image, ou de l’image d’autre chose.

Sous-produit de l’industrie de l’hébétude, et nonobstant le présentéisme ambiant, une guerre générale est menée contre l’ici, contre l’ici et maintenant : hommes et femmes rivés à leur portable ou leur tablette, et qui ne sont jamais tout à fait là (à la terrasse du restaurant un enfant a passé toute la soirée abîmé devant son écran ; moyennant quoi il a fait une scène très impressionnante, à la fin, hurlant que personne ne l’aimait) ; lieux qui s’ingénient à en évoquer d’autres, ou un état d’eux-mêmes plus évident, plus conforme à leur image, prodiguant plus de signes de leur essence (supposée), et la trahissant par cette application maladroite.

Disneyworldisation du monde : l’affreux “second degré” ne cesse de resserrer son emprise sur l’espace sensible — et Disneyland est le “site touristique” le plus visité en France... 

voir l’entrée du mardi 6 août 2013 dans Le Jour ni l’Heure

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