NON. Journal 2013

créée le mardi 13 août 2013, 18 h 22
modifiée le mercredi 14 août 2013, 18 h 06
Mardi 13 août 2013, neuf heures et demie du matin.
Évidemment ils sont très préoccupés par la question d’argent, tous :

« Oui, très bien, votre Confédération du non, mais qu’est-ce que vous avez prévu, comme financement ? »

Ou même :

« Vous disposez de quoi, financièrement ?

— Beueueuh… »

J’avoue avoir plutôt songé à un grand mouvement populaire gratuit, à un front du refus, à une puissante vague montée des profondeurs pour dire non à la substitution ethnique et culturelle. Oui, mais, apparemment, les vagues, me fait-on remarquer, ça se prépare, et même, selon les plus cyniques, ça s’achète. Combien puis-je mettre sur la table ?

Zéro centime. Ma grande affaire du jour, financièrement, c’est que j’ai bon espoir de “repasser positif” à la banque, pour la première fois depuis quarante-deux jours, en y déposant quatre cent quatre-vingt-dix euros, dont trois cents que j’ai tapés à M. Pierre (dit ”l’historien de la Fronde”). L’avantage, au moins, politiquement, c’est qu’avec moi il n’y aura pas à craindre d’histoires de comptes en Suisse ou à Singapour, de rétrocommissions ou de marchés frauduleux. Je n’ai pas de mérite à ne m’être pas vendu, personne n’a jamais essayé de m’acheter. Même quand j’offre de mes tableaux, les gens les oublient avant de partir.

N’empêche : il faut de l’argent, tous insistent beaucoup sur ce point. Pour une seule liste aux Européennes, par exemple, quatre cent mille euros — cinq cents si c’est à Paris. Bien sûr on est remboursé si l’on a obtenu trois pour cent des voix mais souvent les banques ne prêtent pas. Et vous allez avoir à faire à très forte partie, je ne sais pas si vous vous rendez bien compte. Ce pouvoir est aux abois, il n’en est que plus féroce. Les gens n’exagèrent pas, quand ils parlent de dictature molle (ou pas molle), de totalitarisme, de verrouillage total de l’information. Vous n’aurez aucun accès aux médias, sauf pour être y traîné dans la boue, calomnié, vilipendé, souillé, ridiculisé, ruiné…

— Je le suis déjà…

— Même la prison ne leur fait pas peur : pour nous, pour vous, je veux dire. Il n’y a que l’argent qui leur fait peur, parce que l’argent achète l’opinion. On vous demande : « Combien de divisions ? ». On ferait mieux de vous demander : « Combien de millions ? ». D’ailleurs c’est la même chose.

Ah bon ? Et pourquoi pas : combien de volonté ? combien d’espérance ? combien d’amour de la patrie ? combien de force de refus ? quel accord avec vos idées, dans l’opinion ?

Cela dit, ils ont certainement raison. Mais je suis tout de même étonné, chaque fois, de voir des souverainistes à tout crin (ce que je ne suis pas) envisager d’un cœur léger des financements russes, par exemple. Tant qu’à faire, j’aimerais encore mieux Israël. Mais même là, il ne s’agit pas d’aliéner son droit de protester. Je suis par exemple indigné par les nouveaux projets de construction dans les territoires occupés, à trois jours de la reprise des négociations avec l’Autorité palestinienne. Si cela ce n’est pas de la provocation, par exemple, et de l’inutile humiliation de l’adversaire, du partenaire… Mais il serait tout à fait vain de ma part de proposer un communiqué à l’In-nocence, il serait blackboulé en comité de rédaction. La moindre réserve sur la politique israélienne y est systématiquement écartée — ce que je n’approuve pas, mais je suis leur général, je suis bien obligé de les suivre.

A fortiori, au sein de l’éventuelle (et future, j’espère) Confédération du non, et dès la “conférence de B.” à la fin de ce mois-ci (l’ex-“université d’été” de l’In-nocence, très élargie), il faudra bien mettre de côté les divergences : sur la Russie, sur Israël, sur l’Europe (elles sont énormes), sur la démographie, sur l’écologie éventuellement. L’essentiel, je ne saurais assez le répéter, est un accord résolu sur le refus du changement de peuple et de civilisation, ou de l’islamisation de l’Europe, ce qui revient à peu près au même. Pour le reste, je ne réclame pas le poste de trésorier du RCPC, et encore moins celui de fund-raiser. Mme Bettencourt et les mânes d’Omar Bongo peuvent dormir tranquille.

*

Hier le chien Orage était si faible, si abattu, si immobile, qu’on s’interrogeait sur l’opportunité de l’emmener chez le vétérinaire, à dix kilomètres, ou de le laisser s’éteindre tranquillement (il a quinze ans et demi), sans lui infliger ce dérangement pénible et peut-être fatal. J’étais plutôt favorable au second parti. Mais j’avais grand tort car Pierre et Farid ont conduit le chien au cabinet de Mme de Galard, à Magnas, et il lui fut trouvé une piroplasmose. Un traitement immédiat s’est montré efficace et hier soir Orage allait beaucoup mieux. Hélas, aujourd’hui, il a l’air de nouveau bien fatigué.

*

Farid nous avait un peu étonnés en annonçant son intention de rester ici jusqu’à la fin du mois, il nous a de nouveau surpris, il y a deux ou trois jours, en déclarant qu’il comptait partir mardi, aujourd’hui — Pierre l’a conduit ce matin à la gare. À vrai dire, il nous eût étonnés surtout en ne changeant pas d’idée. Mais nous sommes en progrès, notre hôtel-clinique gagne en popularité, cette fois nous avons gardé notre hôte une quinzaine de jours, et cela sans lui offrir la moindre distraction, sauf le dîner à Gramont avec les jeunes gens du parti et celui de Jeanne Lloan à Solomiac, qui, vu de Plieux, est une espèce de Saint-Tropez.

Ah, si, il y a eu aussi les séances de lecture de César Birotteau, dans l’atelier (où il couchait). Mais je ne suis pas fou de César Birotteau — j’aime mieux Les Paysans, que nous lûmes ou relûmes auparavant et qui est proprement génial, y compris et surtout politiquement.

*

Le forum public de l’In-nocence bruit d’un long fil intitulé “Renaud Camus publie son journal dans Boulevard Voltaire”. Comme souvent, il n’y est guère traité de cette question-là, pourtant pleine d’enseignement, mais, en toute simplicité, de cette bagatelle, l’égalité ou l’inégalité des civilisations. Je n’ai guère le temps, Dieu merci, de prendre part à ce débat dangereux, d’autant que son niveau me dépasse un peu. De toute façon, le temps que je regarde ailleurs, il a de nouveau bifurqué, et prend à présent en écharpe certain accident d’autobus dont le récit à la télévision, par une jeune femme rescapée, suscite ce commentaire de l’excellent Francis Marche :

« Je ne connais aucun pays au monde où le niveau de la langue maternelle des habitants soit à ce point dégradé, insuffisant à dresser un récit événementiel de deux lignes qui soit intelligible. On assiste à l’émergence d’un patois qui n’est doublé d’aucune langue nationale de culture ou de référence. En d’autres termes si, comme certains se plaisent à l’avancer et peut-être à le croire, l’avenir du français est en germe dans le parler des cités (car c’est bien ce parler-là, ce sabir très inférieur, par exemple, au français qui sert de lingua franca en Afrique, qui se fait entendre dans la bouche de cette jeune femme), alors le français est déjà langue morte, patois en phase de disparition, d’effacement, de dessèchement et d’infériorité sans appel ».

Et plus bas, du même :

« Pour ce type de cauchemar linguistique qui consacre la perte totale et définitive de TOUTE langue, les ministres de l’Éducation nationale et leurs gourous pédagogistes mériteraient les assises. Ils ont largement contribué à l’assassinat de ce pays et de sa civilisation ».

Marche est parfaitement dans la ligne du parti (assises en plus, peut-être). Sans Grande Déculturation, pas de Grand Remplacement. Comme le répète à qui veut l’entendre le président :

« Les peuples qui connaissent leurs classiques ne se laissent pas mener sans regimber dans les poubelles de l’histoire ».

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