NON. Journal 2013

créée le lundi 26 août 2013, 16 h 25
modifiée le mardi 27 août 2013, 0 h 25
Dimanche 25 août 2013, une heure du matin (le 26).
Un des nombreux inconvénients de Facebook c’est qu’on ne peut jamais rien y retrouver de ce qui vous a intéressé quelques heures plus tôt, si on n’a pas pris la précaution de le copier ou de le “partager” (et encore…). Je viens de perdre une heure à tâcher en vain de remettre la main sur un “statut” qui m’avait passionné ce matin parce qu’il apportait une réponse à une question que je me suis toujours posée. C’était à propos de ces gens qu’on interroge à la télévision après des actes de nocence patentée, “incivilités” ou crimes, dont ils ont été les témoins ou les victimes, et qui disent toujours les jeunes, un jeune, pour parler des agresseurs, alors que tout, dans leur récit, laisse clairement comprendre que les voyous dont ils parlent n’ont pas pour seule caractéristique d’être jeunes mais pourraient être désignés avec plus de clarté, et plus de densité informative, du point de vue de l’histoire en train de se faire, par des références à leur origine, par exemple — mais ce n’est jamais le cas, jamais : toujours le jeune, les trois jeunes, à l’extrême rigueur quelquefois, rarement, des jeunes des cités, rien de plus. C’est à mes yeux une des formes les plus typiques du faussel, le règne du faux, le réel occulté, bafoué, renversé, interdit de séjour.

J’admirais niaisement la parfaite discipline antiraciste de nos compatriotes et m’émerveillais de voir à quel point ils ont tous, sans exception, intériorisé les préceptes et les interdits de la bonne doctrine. Mais le “statut” que j’ai perdu était une petite comédie très drôle, très triste et très vraisemblable où le témoin d’une de ces agressions racontait de nombreuses fois la même scène face à des journalistes qui chaque fois lui faisaient remarquer que non, non, non, pour la télévision française (si encore c’était la télévision russe, ça irait, il n’y aurait même aucun problème…), pour la télévision française on ne pouvait pas dire ça, en tout cas pas comme ça : ce n’était pas possible, il fallait recommencer. Et le malheureux, qui ne voulait pas perdre sa chance de passer à la télévision et de connaître son petit quart d’heure de gloire (comme dit des autres ministres notre Premier Ministre — l’étoile Warhol est désormais visible de l’astéroïde Jean-Marc Ayrault…), recommençait en effet, recommençait encore et encore, ayant renoncé bien vite, sous la pression des intervieweurs, à ses “trois salauds de p’tits arabes” du début, affadissant son récit, affadissant toujours et encore, jusqu’à ne plus parler, comme on voulait qu’il le fît, que de jeunes tout court, tels qu’il faut bien que jeunesse se passe. (Même jeunes du quartier est suspect parce que quartier(s) figure à présent dans tous les bons dictionnaires de novlangue, au même titre que citésensible, ou populaire).

Il s’agissait d’une scène de farce, très enlevée et comique ; mais je pense que dans la réalité, en de pareils cas, les choses doivent se dérouler à peu près comme il était montré là.

« Vous ne pouvez pas dire ça ! » (ou : « pas comme ça ! ») : telle est l’antienne de tout pouvoir en France depuis trente ou quarante ans — le changement de peuple, quoi qu’il arrive (d’autre…), ne sera pas nommé. Il doit se dérouler en silence : pas tout à fait sans image parce que c’est impossible, mais sans paroles. Ce que je propose, moi, est que l’on rompe une bonne fois ce silence, qui n’est plus supportable. C’est l’objet de la réunion de samedi et dimanche en Bretagne.

Quelquefois les images, dont la pression sur la vérité est plus forte que celle des mots, déchirent le voile du faussel et rendent impossible de prolonger cette occultation systématique du réel à quoi s’affairent inlassablement, jour après jour, la télévision, les radios et les autres pouvoirs. Manque de chance pour les centrales et diverses officines remplacistes, elles ne peuvent pas, alors, dissimuler plus longtemps l’identité des nocents (et donc les formes et moyens du Grand Remplacement). Contraintes et forcées, elles se replient de mauvaise grâce, en pareil cas, sur une autre tactique. Elles décident de montrer, non pas les trop fameuses familles des victimes, mais les familles des coupables, afin d’exposer à quel point elles sont, elles aussi, douloureusement affectées par le drame ; et combien le chagrin de ce qui s’est produit est également partagé, au sein du peuple fictif — j’appelle peuple fictif cet ensemble de Français tous différents mais tous semblables, tous unis par le même idéal (fictif) et la même volonté (fictive) de “faire nation”, que le complexe médiatico-politique promeut sans trêve, contre toute évidence, pour désigner l’ensemble des populations qui se serrent sur le territoire de la France et se le disputent (à la kalachnikov, éventuellement).

Mais en général le résultat recherché n’est pas tout à fait atteint. La scène montrée ne sonne pas du tout comme il faudrait. Les familles des coupables sont bien aussi affligées que les familles des victimes, si ce n’est davantage, et bien plus bruyamment, et souvent très exotiquement ; mais nullement de l’horreur du crime, semble-t-il : seulement des mauvais draps dans lesquels est allé encore une fois se fourrer leur rejeton, pauvre gamin victime du notoire sort injuste infligé dans les quartiers aux jeunissudlimmigrations, et pour lequel elles témoignent une solidarité sans faille, même et surtout dans les circonstances. Elles veulent bien dire du bout des lèvres qu’il n’aurait pas dû faire ce qu’il a fait, déléguer à un vague beau-frère le soin de prononcer sans conviction le mot condoléances, même, sur le ton d’un recteur de Grande Mosquée un jour d’attentat meurtrier : on sent bien malgré cela que le grand tort à leurs yeux de l’enfant chéri, le fameux p’tit mâle dominant de toute smalah de cité sensible qui se respecte, c’est de causer du chagrin à sa pauvre maman par l’affreux souci qu’elle va devoir se faire à son sujet, maintenant que par malchance il est entre les mains de la Justice. On voyait hier une de ces jolies petite frappes arriver tout fiérot au poste de police, après un homicide, et répondant avec suffisance, malgré ses menottes, aux témoignages de solidarité des siens dans la dure épreuve qu’il traversait.

Cette méthode-là du Med-Pol — l’admission partielle des faits, ou plutôt des protagonistes, lorsque, dépassé par la pression de la vérité, il ne peut plus faire autrement que de lui céder un peu de terrain — est beaucoup moins satisfaisante pour lui que l’autre, la plus courante, la quotidienne, l’occultation pure et simple : car ce qu’elle souligne involontairement, même aux yeux et dans l’esprit du public hébété par des lustres de faussel, c’est le gouffre qui sépare les civilisations ; et à quel point paraît exotique et effrayante, aux indigènes français d’éducation chrétienne, fût-ce indirectement, une conception du monde pour laquelle la solidarité familiale, ethnique ou confessionnelle, est absolument tout, et le remords, la contrition, absolument rien — cela surtout, bien sûr, si le crime s’est accompli, comme c’est presque toujours le cas, sur des victimes extérieures à la communauté ethnico-religieuse. Excusez-moi, pardonnez-moi, à plus forte raison pardonnez-nous, sont aussi tabou et plus exactement inconcevables, inimaginables, que merci ; de même, il est vrai, qu’en de certains prolétariats ou lumpenprolétariats particulièrement intouchés par la morale judéo-chrétienne et par ce qui est pour nous la civilisation, dont la honte et la reconnaissance (de dette) sont des composantes aussi essentielles que l’honneur ; or elles sont en ces quartiers, au contraire, des luxes inutiles et dangereux, parce qu’elles affaiblissent les défenses, mettent en position d’infériorité (croit-on) et nuisent à l’indispensable esprit de conquête.

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