créée le dimanche 23 novembre 2014, 14 h 46
modifiée le dimanche 23 novembre 2014, 14 h 54Samedi 22 novembre 2014, minuit & quart. La réalité ou l’irréalité du Grand Remplacement, celles de la Grande Déculturation, celles du lien entre nocence et changement de peuple, ne sont pas les seuls points de divergence radicale entre la sociologie et moi. Il y aussi la question des inégalités croissantes, un thème sur lequel elle insiste de plus en plus.
Pour lui donner raison du côté du bas, il y a bien sûr le déferlement incessant de malheureux immigrés terriblement pauvres, plus pauvres, au moins à leur arrivée, que les plus pauvres des Français. Il se peut que les inégalités augmentent parce que la France et l’Europe reçoivent en permanence des pauvres qui font s’élargir vers le bas les frontières de la pauvreté. Cependant il est fort évident que les sociologues et autres statisticiens qui mettent en avant jour après jour l’accroissement des inégalités pensent beaucoup moins aux limites inférieures des situations économiques et sociales qu’à leurs limites supérieures, continuellement repoussées vers le haut selon eux. Les riches seraient de plus en plus riches, à les en croire. Et je veux bien les en croire en effet. Mais, d’une part, il s’agit sans doute d’un très petit nombre de riches (une caste plutôt qu’une classe), d’autre part, et c’est le point le plus important, leur richesse, en tant que telle (et non pas en tant que puissance économique, car alors elle jouit et elle use d’un pouvoir de dévastation énorme), est pratiquement sans effet sur le monde sensible : dont il est patent au contraire que disparaît rapidement, à l’exception possible de quelques rues new-yorkaises et de quelques hideux palais moyen-orientaux, le spectacle de la fortune, et a fortiori de la fortune cultivée, civilisée, porteuse d’art, de séduction et de beauté.
Partout les châteaux sont abandonnés et vendus, les collections privées dispersées, les grandes villas de bord de mer détruites ou divisées, les parcs, surtout, lotis et dépecés, les hôtels particuliers démolis ou convertis en bureaux, les grands hôtels, sauf en quelques points de fixation largement pégreux, débités par appartements ou rayés du cadastre. Ce que j’observe, moi, contrairement aux cris d’alarme des sociologues et des économistes, ce n’est pas du tout le triomphe de la richesse c’est sa disparition physique, des rues de nos villes, incroyablement prolétarisées, toutes, et d’où les femmes élégantes, par exemple (à moins que leur élégance ne soit toute naturelle), sont désormais totalement absentes, jusqu’à ce qui reste du territoire rural, campagnard, côtier, d’ailleurs très défavorablement affecté par ce retrait, car la grande propriété foncière était un élément capital de conservation écologique et esthétique. Et mon observation à moi, à savoir la disparition de la richesse, dématérialisée, déterritorialisée, abstractisée, me semble de beaucoup plus de poids, de par ses effets sur la réalité du monde, que celle des spécialistes, experts et savants, à savoir l’accroissement des inégalités.
Cela dit, j’aimerais bien qu’on m’explique les causes et les modalités de cette contradiction. J’imagine que, comme d’habitude, elles reposent du côté de Gómez Dávila : les riches ne sont plus que des pauvres avec de l’argent.
voir l’entrée du samedi 22 novembre 2014 dans Le Jour ni l’Heure
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