La Tour. Journal 2015

créée le jeudi 23 juillet 2015, 12 h 28
modifiée le jeudi 23 juillet 2015, 13 h 31
Plieux, mercredi 22 juillet 2015, minuit & demi.
Le correcteur automatique ne supporte pas le mot nocence, évidemment. Il a pour lui une correction toute trouvée :

« La noceuse, instrument du Grand Remplacement ».

Ou bien :

« Le “pacte d’in-nocence” est une renonciation mutuelle à la noceuse. » (« C’est bien le moins… », commente Marcel Meyer.)

*

On entendait ce matin à France Culture, pour la deuxième fois en quelques jours il me semble, Mme le ministre de la Culture, Fleur Pellerin. Elle joue du piano, paraît-il, mais les journalistes, évidemment, aiment mieux mettre en avant, c’est plus sympathique et politiquement plus porteur, sa maîtrise du youkoulélé. Elle semble ignorer tout à fait qu’il soit parfaitement possible, en français, de dire je sans faire précéder ce pronom de moi. D’ailleurs ce sont tous les sujets presque sans exception qui doivent nécessairement être redoublés. Et il va sans dire que, selon la règle impérieuse du parler de cette année, seulement ne peut se prononcer que juste :

« C’est pas juste théorique… »

On se rend compte, en écoutant cette femme, que la culture, en politique, n’a plus qu’une seule fonction : égaliser, intégrer, jeter bas les frontières de classe et de race, diluer indéfiniment le centre dans la périphérie, le faire recouvrir entièrement par elle, ramener la banlieue sur Paris — comme disent les coiffeurs de chauves et par excellence celui de M. Bouteflika, je suppose (sur Alger ?) —, faire que les incultes ne se sentent pas exclus, ni inférieurs en quoi que ce soit, et persuader les étrangers, ou les personnes de culture étrangère, qu’ils sont bien chez eux (emporté par mon élan j’ai manqué ajouter chez nous, horresco referens), que leur culture ou leur inculture sont autant notre culture que les leurs. Nulle part n’est plus crûment observable qu’en ce qui est à l’œuvre en ce domaine l’imbrication rigoureuse du Petit Remplacement avec le Grand. Comme le dit très justement Jérôme Vallet, le ministère de la Culture, c’est le cœur atomique du changement de civilisation (avec France Culture pour radiomètre…).

Faut-il évacuer ce malheureux mot de culture, qui, à force de dilution dans l’action sociale, le racolage électoral, la collaboration coloniale et la réduction des diverses fractures, n’a plus aucune espèce de sens ? Mais comment appeler la… culture, alors ? Dire “grande culture”, comme dire “grande musique”, c’est s’avouer vaincu, parler le langage de l’adversaire, reconnaître comme seul souverain (ce qu’il est objectivement…) l’idiolecte petit-bourgeois. Comme j’avais lancé ce petit débat, aujourd’hui, sur les dits “réseaux sociaux”, quelqu’un proposait assez ingénieusement, et très bathmologiquement, Beaux-Arts. Mais Beaux-Arts, hélas, ne recouvre que très partiellement la musique, la littérature, la philosophie, la “vie avec la pensée”…

voir l’entrée du mercredi 22 juillet 2015 dans Le Jour ni l’Heure

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