créée le vendredi 31 juillet 2015, 15 h 22
modifiée le vendredi 31 juillet 2015, 16 h 13Plieux, jeudi 30 juillet 2015, une heure du matin le 31). Le trait capital du changement de millénaire — la période qui s’ouvre avec le dernier tiers du XXe siècle, et qui dure encore —, c’est le renversement des colonisations : politiques, ethniques, géographiques, sociales, culturelles.
Jadis les classes les plus développées culturellement imposaient leur culture comme étant la culture aux classes les plus défavorisées, qui n’accédaient jamais tout à fait à cette culture des classes favorisées mais qui étaient obligées de la reconnaître non seulement comme étant la culture de la classe dominante mais comme la culture tout court : c’est ce que j’appelle colonisation, pour les besoins de la démonstration (on parlerait aussi bien d’influence hégémonique, de maîtrise des signes, de domination symbolique). Dans le même temps les peuples et les nations les plus développés imposaient leur autorité politique, administrative, militaire et culturelle aux peuples et aux territoires qui l’étaient le moins, ou qui l’étaient moins : c’est ce que tout le monde et les livres d’histoire appellent colonisation.
Cette colonisation proprement dite (plus ou moins) s’est achevée en décolonisation, aussitôt suivie de la contre-colonisation — colonisation cette fois des peuples et des territoires les plus développés par les populations qui le sont le moins : celle à laquelle nous assistons, et qui menace de nous emporter. Parallèlement à ce renversement se produisait celui de l’influence culturelle, la culture des classes cultivées voyant son prestige et sa place dans l’espace public se réduire comme peau de chagrin tandis que celle des classes et des personnes culturellement défavorisées gagnait sans cesse du terrain et finissait par s’imposer comme la culture officielle, la plus proche de la définition reçue du mot culture dans notre société.
Ici comme là, à la colonisation comparativement peu importante du bas par le haut a succédé celle du haut par le bas, nettement plus massive et plus profonde que la précédente. Il n’est pas nécessaire d’attacher des valeurs comparatives inégales (qui seraient nécessairement très complexes) à ce qui est désigné ici par le bas et le haut, et qui, curieusement, trouve un répondant jusqu’en la simple géographie, puisqu’on pourrait parler aussi bien de Nord et de Sud. Tout juste peut-on remarquer que le bas a pour lui la quantité, le nombre, de sorte qu’il est porté en avant par ces forces formidables que sont l’égalité et la démocratie. Nous avons affaire à une pyramide où le bas, par définition, sera toujours plus large et plus nombreux que le haut. Néanmoins, cette pyramide, nous assistons bel et bien à son renversement, ce que l’on pourrait appeler le Grand Renversement — le bas prend la main sur le haut, ainsi que le marque assez bien l’expression favorite des vieilles personnes de droite ou d’extrême droite indignées, quand elles ont peu d’oreille :
« On marche sur la tête, là ! »
Et dans ce renversement se combinent et corroborent à merveille, une fois de plus, le Petit et le Grand Remplacements.
voir l’entrée du jeudi 30 juillet 2015 dans Le Jour ni l’Heure
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