créée le mardi 3 novembre 2015, 11 h 39
modifiée le mardi 3 novembre 2015, 11 h 44Plieux, lundi 2 novembre 2015, minuit & demi. J’ai retrouvé le discours de Georges Pompidou à Sciences Politiques, le 8 décembre 1972, au cours duquel il parle à deux reprises, avec beaucoup de naturel et manifestement sans y penser, de notre race. Les deux occurrences sont assez rapprochées l’une de l’autre :
« Plus ardue, ah ! combien plus ardue est la politique à l’égard des Français eux-mêmes ! L’orgueil de la victoire de 1918 et la terrible saignée humaine dont elle avait été le prix nous conduisirent tout droit à l’effondrement de 40. Nous vivions sur des illusions, notre démographie déclinait, notre économie ne retrouvait même pas le niveau de 1913, nos gouvernants — si on ose employer ce terme, car que gouvernaient-ils ? — fluctuaient entre une aveugle vanité et une clairvoyante impuissance. Le choc de la défaite, l’extraordinaire aventure du général de Gaulle, et sans doute une réaction en profondeur de notre race, nous ont rendu la vitalité, un certain goût du risque et même des ambitions. Mais deux obstacles se dressent encore devant nous et qu’il nous faut dominer : le premier, qui se rattache au souvenir de la dernière guerre, est un obscur sentiment d’être dépassés, d’être condamnés à nous replier sur la recherche du seul progrès matériel, du bonheur individuel, le sentiment que la France en tant que nation est condamnée aux rôles de second plan, que, par exemple, elle doit s’en remettre à d’autres de sa politique extérieure et de défense. Rien, je l’avoue, ne m’est plus pénible que les appels à la médiocrité, à l’abaissement qu’on baptise sagesse, appels que certains n’hésitent pas à proférer par rancune du passé, hostilité au présent ou appétit successoral. Que l’on veuille tout transformer, voire tout bouleverser, conquérir le pouvoir, c’est dans la nature des choses, mais que ce soit pour proposer à la France un avenir de grandeur et non de soumission ! Et que l’on nous épargne ces soupirs hypocrites de satisfaction chaque fois que l’on a cru discerner un échec de la politique française. Le peuple français a besoin qu’on le conforte dans sa confiance en lui-même et jamais cette confiance n’a été plus justifiée. Puissent nos hommes politiques, à quelque parti qu’ils appartiennent, en faire leur règle.
« Le second obstacle est sans doute le plus rude. Il tient, nous ne le savons que trop, au caractère même de notre race, à cette versatilité que César discernait et utilisait déjà contre les Gaulois et qui fait que le peuple français, peuple épris de calme, de paix et de stabilité s’il en est, ressent périodiquement et par crise un besoin inconscient et incontrôlé de changement, et d’un changement qui remet tout en cause, non seulement les hommes, mais les principes, mais les institutions. Aucun pays n’a usé autant de constitutions que le nôtre. Aucun n’a aussi régulièrement, du jour au lendemain, trahi ses idoles, quitte à leur rendre hommage après leur mort. »
Donc, en 1972 encore, et sans doute un peu plus tard, même, on pouvait parfaitement parler des races, et même de la nôtre, sans susciter le moindre émoi. Cette observation offre une parfaite réplique à ceux — ils sont nombreux – qui estiment que tout un pan de vocabulaire est devenu caduc, impraticable, inopérant, ou odieux, et criminel, à cause de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah. Pour la Shoah ils n’ont pas tort, à condition de bien vouloir considérer qu’elle est essentiellement un phénomène des années soixante-dix et quatre-vingts : je ne parle pas ici, bien entendu, de la chose, de l’effroyable chose, mais du nom, de ce nom-là, que les protagonistes de l’extermination de masse, et, plus grave encore, ses victimes, n’ont pas connu. La grande coupure épistémologique n’est pas contemporaine du conflit et des camps d’extermination : elle se situe trente ans ou quarante ans plus tard. Comme le relevait avec d’autres mots Valéry Giscard d’Estaing dans un entretien avec moi que j’ai rapporté et qui est souvent cité depuis lors, cette coupure est postérieure à la mort du général de Gaulle et, plus significativement sans doute, à la guerre des Six jours et à la guerre du Kippour. J’avoue ne l’avoir pas enregistrée sur le moment, ni plus tard, d’ailleurs, d’où ma stupéfaction affolée lorsque Marc Weitzmann au café Beaubourg, un jour d’avril 2000, prétendit s’assurer que j’avais bien parlé et même écrit de la race juive, termes où n’entrait évidemment pas, dans mon esprit, la moindre nuance péjorative ni la plus légère prétention “scientifique”, mais qui, pour lui, représentaient le crime entre les crimes — ce fut le point de départ de la première “affaire Camus”.
Je suis resté un contemporain de Georges Pompidou, et du général de Gaulle, et de Léon Blum, et de Georges Bernanos, et de Jean Racine, et de tous ceux de ma race et de la plupart des autres races pendant des siècles. La dictature antiraciste n’est pas la fille de la Shoah, elle en est l’inventeur, au sens, très dépourvu de la moindre nuance négationniste faut-il l’écrire, où l’historiographie contemporaine parle volontiers (trop volontiers) de l’invention des Lumières ou de l’invention de l’intellectuel. Ce n’est pas la gestion idéologique et morale des camps de la mort et des chambres à gaz qui a voulu effacer les races (et ainsi ouvert la porte au remplacisme aujourd’hui triomphant, condition et moteur de l’actuel substitution ethnique) ; c’est celle de la “Shoah” — une tout autre affaire.
voir l’entrée du lundi 2 novembre 2015 dans Le Jour ni l’Heure
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