créée le lundi 18 avril 2016, 12 h 42
modifiée le lundi 18 avril 2016, 12 h 55Plieux, dimanche 17 avril 2016, une heure et demie du matin. Nous avons vu M. Bruno Le Maire au “journal de vingt heures”, aujourd’hui. Il m’a beaucoup impressionné. Avant le néant avait une espèce de forme, malgré tout, de vagues lueurs aux confins. Maintenant il est tout à fait pur, bien qu’un peu coulant. François Hollande devrait faire des débats en tête-à-tête avec Bruno Le Maire, il aurait l’air énergique et résolu, par comparaison. Ils ont le même genre de physique, qui tend vers la dissolution à la marge. D’ailleurs, si tout se passe bien pour Bruno Le Maire, ce qui est assez probable tant il est accordé à l’air du temps, dans quinze ou vingt ans il sera un autre François Hollande, et ministre de Tarik Ramadan.
Ce qu’il y a de stupéfiant, chez ces gens-là, c’est la capacité hallucinante à ne pas voir, et bien entendu à ne pas dire. Le pays est aux trois-quarts envahi, le peuple est remplacé à la vitesse d’un cheval au galop, et ce que propose M. Bruno Le Maire, l’homme qui va renouveler la droite et lui apporter un sang neuf, c’est de “libérer les savoir-faire” — pas pour résister à l’invasion, dont il ne s’est pas avisé : pour relancer l’entreprise et l’emploi.
Avec la classe politique actuelle, la situation à l’été 1940 se serait présentée bien différemment. Il y aurait eu de Gaulle disant : « Il faut résister ! », Pétain déclarant : « Il faut collaborer », et MM. Le Maire, Hollande, Juppé, Macron, Valls, Fillon, Sarkozy et consorts faisant savoir que l’urgence « c’est de libérer les savoir-faire dans l’entreprise ».
Jamais le monde n’a été aussi “informé” et jamais société et ses chefs n’ont été à ce point capables de ne pas voir l’énormité qui survient. Le mot informer laisse craquer en lui un sens qui n’est certes pas étymologique, mais qui sans doute était bel et bien en lui néanmoins : dépouiller de sa forme, priver de sa structure, énerver, réduire en soupe, en matière humaine indifférenciée diversitaire. Les conquérants disent qu’ils conquièrent, les envahis qu’ils sont envahis, le “pouvoir” ne dit même pas que rien n’arrive : il se tait, ou parle d’autre chose. Les remplaçants disent qu’ils remplacent, les remplacés qu’ils sont remplacés, les remplacistes qu’il faut libérer les savoir-faire. En régime de dictature de la petite bourgeoisie, ce qui arrive est un choix de la rédaction — c’est-à-dire de la Caste, du complexe médiatico-politique, des autorisés de parole.
Les deux sens du mot histoire se sont rejoints. Ce qui arrive est ce qui est raconté. Si elle n’est pas politiquement correcte, il n’y a pas d’invasion.
voir l’entrée du dimanche 17 avril 2016 dans Le Jour ni l’Heure
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