créée le jeudi 24 novembre 2016, 23 h 29
modifiée le vendredi 25 novembre 2016, 10 h 01Plieux, mercredi 23 novembre 2016, deux heures moins le quart du matin (le 24). À Bruxelles, une des villes d’Europe où le Grand Remplacement est le plus avancé, et sans doute la capitale du continent la plus sévèrement soumise à un changement de peuple déjà opéré, l’échevin en charge du Logement, M. Mohamed Ouriaghli, a décidé, comme l’y autorise la loi, de mettre en location des logements contre l’avis et même la volonté de leurs propriétaires. Des travaux seront accomplis contre leur gré, et donc les appartements seront confisqués pour une trentaine d’années, le temps de rentabiliser les investissements nécessaires, précise paisiblement Le Soir.
On voit superbement là les liens très étroits qui existent, j’en suis persuadé depuis longtemps, entre le Grand Remplacement et une mise en cause encore sournoise, mais qui va aller se précisant j’en suis sûr, du droit de propriété. Qui veut priver les peuples du droit d’appeler leur un pays quelconque privera bientôt les individus de leur demeure. Propriété et appartenance ont partie liée, les mots l’indiquent assez. Le remplacisme global ne peut pas manquer de les affronter l’une et l’autre et de vouloir les saper toutes les deux, dans le dessein de fluidifier toujours davantage les échanges. Comme le nom de famille, que supplante à grandes vitesse le prénom, la propriété, surtout héréditaire, héritée, est un caillot de résistance à la production de la matière humaine indifférenciée ; et, plus généralement (si l’on ose dire…), de la matière globale, ce plastique qui comprend et avale l’homme, l’homme-Nutella.
Le paradoxe est qu’afin de fluidifier toujours davantage les échanges les remplacistes fabriquent dans tous les pays une matière tellement indifférenciée qu’il n’y aura bientôt, justement, plus aucune raison de l’échanger. Cependant on n’en est pas à un paradoxe près dans un système qui pose en idéal le métissage au nom de la diversité, alors qu’il est, de tout évidence, ce qui promet de l’abolir sans reste. Un échange de matière indifférenciée n’a de sens qu’à condition de promouvoir l’échange comme fin en soi, le troc comme pur symbole, sur le mode de l’échange de sang — mais régi par un corps régulateur d’arbitres, un haut-clergé économique, qui en tirerait subsistance, honneur et (surtout) profit.
Un autre paradoxe, je le veux bien, est d’insinuer, comme je fais, que la propriété est en butte aux attaques des profiteurs, alors qu’ils devraient en être, pourrait-on penser, et presque par définition, les principaux champions. C’est que le temps où ils l’étaient est révolu. Et encore faut-il distinguer, bien entendu, propriété et propriété : propriété de la terre et propriété de la monnaie, propriété de la pierre et propriété des brevets, des titres, des actions, des sociétés immatérielles, des droits. Même la propriété de la terre peut devenir quasiment immatérielle, abstraite, horizontalisée, présentifiée, comme celle de ces domaines grands comme des provinces que la Chine s’achète en Afrique ou en Amérique du Sud pour assurer sa subsistance à long terme ; ou comme celle de ces centaines d’hectares de vignes somptueuses que ses hommes d’affaires acquièrent dans le Bordelais. Il y a beau temps que je remarque que les plus fortunés parmi mes amis et connaissances ne tiennent plus du tout à la propriété matérielle : ils n’ont plus de voiture à eux, plus d’appartement, plus de maison, plus de domaine de famille — tout cela appartient au passé, à les en croire. Ils trouvent plus judicieux financièrement, moins contraignant et plus agréable de louer, que ce soit un pied à terre à New York, une limousine ou une villa pour l’été dans la campagne toscane. Pourquoi s’embarrasser d’une bonne automobile quand on ne voyage plus qu’en avion ? Pourquoi se donner la charge d’une belle maison ou d’un château quand on sera un jour trop vieux pour en jouir et que ses enfants et petits-enfants n’y verront que bête à chagrin et fil à la patte, corvée familiale ?
La propriété est du côté de la résistance du monde ancien, de l’antiremplacisme, de l’homme irremplaçable : c’est la raison principale des dispositions de mon programme politique visant à l’abolition des droits de succession pour les résidences principales et les résidences secondaires — je pensais essentiellement, bien sûr, aux “maisons de famille”. Il faut réinscrire les peuples dans la terre, dans la pierre, dans la durée, dans la lignée, dans la verticalité d’être (et bien sûr dans la modération démographique).
Je dois être fou ou, en tout cas, comme les fous, je vois de toute part et en permanence confirmation de mon interprétation du monde, et du cauchemar que son évolution figure à mes yeux. À eux seuls les journaux télévisés fournissent une matière, c’est le cas de le dire, constante et inépuisable. Hier France 2 se réjouissait, criminellement, selon moi, de la reprise de la croissance de la population en Chine. Aujourd’hui un long reportage s’attardait sur la possibilité, pour les célibataires anglaises en mal d’enfant, de se choisir sur catalogue un père putatif, que bien sûr elles ne rencontreront jamais et qui, sans doute pour cette raison, pourra répondre à toutes leurs exigences : la blonde qu’on voyait jetait son dévolu sur un Sri-Lankais, dûment averti, pour sa part, qu’il ne pouvait, théoriquement, vendre son sperme que dix fois (mille euros à peu près par enfant, pour lui — frais d’agence et d’insémination en sus pour la cliente, bien entendu).
On passait de là à un sujet tout aussi déprimant à mon gré sur l’inexorable montée des “open spaces”, au travail, as opposed to les bureaux individuels à porte, cloison et objets personnels, ces luxes d’un autre temps que condamne sans retour l’augmentation constante des prix immobiliers, c’est-à-dire la raréfaction de l’espace, c’est-à-dire la prolifération de l’espèce. Dans les open spaces la tendance actuelle est de dépersonnaliser et désattribuer les espaces de travail eux-mêmes, ces bureaux sans cloison, dont les employés changent tous les jours, voire plusieurs fois par jour, selon les disponibilités — à charge pour eux bien sûr de tout emporter avec eux chaque fois, c’est-à-dire de ne laisser aucune trace d’eux-mêmes avant de rentrer, j’imagine, dans la chambre, la cabine ou le placard qu’ils partagent dans un appartement en colocation ; à moins qu’il ne s’agisse d’un simple lit, lui-même à partager selon les heures ou les préférences de côté, comme le suggère une “mode” récente en vogue dans les métropoles les plus densément peuplées, ainsi que l’expliquait un autre reportage récent. Ailleurs des dortoirs ont été aménagés pour les travailleurs dans des stations de métro désaffectées, et, quelquefois, c’est dans des caves, des mines ou des entrepôts de marchandises où il est impossible de se tenir debout : quelle importance, puisqu’il s’agit uniquement d’y dormir ?
L’homme et la femme du remplacisme global, ce n’est peut-être pas tant le Nutella, après tout, que la sardine. Encore est-il probable que les sardines individuelles paraîtront bientôt un luxe trop coûteux, et un frein fâcheux, réactionnaire, à la production de la matière indifférenciée. Il doit bien y avoir un moyen de nutelliser le poisson. Je ne serais pas étonné que cette crème-là existât déjà, même. “Si ça se trouve”, comme dit la LDPB, c’est un dessert pour enfants, ou bien une crème de soin antirides pour dames lassées des tranches de kiwi sur les yeux — et plus probablement les deux en même temps, suivant les emballages et les marchés.
voir l’entrée du mercredi 23 novembre 2016 dans Le Jour ni l’Heure
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