créée le mardi 27 décembre 2016, 19 h 50
modifiée le mercredi 28 décembre 2016, 23 h 12Plieux, lundi 26 décembre 2016, une heure du matin. Je devrais sans doute cesser de regarder les “nouvelles” à la télévision, ainsi qu’on me le recommande de toute part ; car la plupart des sujets traités, et la façon dont ils le sont, me plongent dans un mélange instable de désespoir et de fureur qui certainement est très mauvais pour mon équilibre psychique, déjà précaire.
Hier il s’agissait d’expliquer que la musique (quand on entend parler de musique, à la télévision on peut commencer à se faire du souci… ) avait sur les très jeunes enfants une influence excellente, et notamment les prédisposait heureusement, par l’attention qu’elle aiguisait en eux à l’égard des différences de son, de timbre, de modulation, à l’apprentissage des langues. Moyennant quoi l’on voyait, dans une “petite classe” d’Île-de-France, mettons, une jeune femme de couleur initiant des bambins, de couleur comme elle, il est vrai, pour la plupart, à l’ambiance musicale des villages de Madagascar. Sur le continent de Mozart, de Brahms et de Ligeti, ouvrir les enfants de trois ans à la musique, c’est les soumettre aux rythmes et aux sons de l’arrière-pays malgache — dont je ne sous-estime pas les mérites, mind you ; mais dont je doute fort, néanmoins, qu’ils constituent la meilleure initiation concevable à l’univers musical, et à celui des langues, pour de petits Européens.
Certes les jeunes Européens ne constituaient déjà plus, dans cette classe, la majorité. Cependant nous sommes en France, en Europe. Les élèves ou futurs élèves qu’on voit là sont destinés à y vivre, qu’on sache. Et les premiers sons auxquels ils sont exposés par l’institution scolaire, y compris les plus blancs d’entre eux, ce sont ceux de l’Afrique tribale. Mettez vos enfants à l’école, ils deviendront de parfait petits Africains : c’est une forme Grand Remplacement à laquelle on ne songe pas assez.
Si un choix musical plus européen avait été fait, dans le même climat idéologique, il n’aurait pas mené à Brahms ou à Mozart, il est vrai, mais plutôt à Pierre Perret ou George Michael. George Michael mourait, pendant la diffusion du reportage. France Culture lui rendait hommage ce matin, et Marine Le Pen déclarait (not sur France Culture) qu’il était toute sa jeunesse. Je suis de plus en plus sensible à la coïncidence entre les deux Remplacements, le Petit et le Grand. Ils sont vraiment une seule et même chose. D’ailleurs, comme j’avais écrit sur Twitter qu’ils étaient homomorphes, un traducteur espagnol a aussitôt rendu cela par identiques (au motif qu’homomorphe n’existe pas en castillan…).
La furieuse passion que met la petite bourgeoisie dictatoriale à imposer toujours et partout sa sous-culture, son idiolecte (“ce midi”, “les mamans”, “décéder”, “un gradé”), sa sous-syntaxe, sa musiquette, sa chansonnette — ce que j’appelle la matthieuconquetisation des esprits (du nom d’un journaliste de France Culture, qui traite de la “musique”, le matin) —, ses mauvais genres (selon le titre d’une émission de France Culture), le polar, la bande dessinée, la littérature pour enfants, les jeux vidéo, le cirque, les arts de la rue, etc., cette passion est exactement parallèle, au moins, à la fureur remplaciste de noyer les populations les plus développées sous celles qui le sont le moins, les plus rares sous les plus nombreuses, les plus exigeantes avec elles-mêmes sous les plus insensibles au “moins pour le plus” fondateur (de la citoyenneté, de la civilité, de la civilisation, etc). Que serait le contraire de l’eugénisme ? Le cacogénisme ? Le principe le plus insolemment en œuvre de toute part semble être la mise en avant permanente et l’exaltation du moins bon, du moins beau, du moins élevé spirituellement et bien sûr culturellement, artistiquement, du moins étroitement lié à la sculpture de soi, comme disait jadis Michel Onfray.
Remplacisme et DPB favorisent d’un même élan la prolifération des classes défavorisées (économiquement, mais surtout culturellement) et des sociétés sous-développées (économiquement, mais surtout civiquement, sociétalement, politiquement). Il est évident, toutefois, que les deux phénomènes sont eux-mêmes dans un rapport hiérarchique. La DPB est déjà un effet du remplacisme global, puisque son pouvoir est établi sur la ruine et sur l’éradication des classes dominantes antérieures, quelle remplace et dont elle remplace avec méthode tous les codes, tous les mots, toutes les valeurs : elle est une dictature de protectorat, appuyée sur une puissance en grande partie extérieure à elle-même, qui l’impose. Un emboîtement simple, néanmoins, plaçant l’une à l’intérieur de l’autre, ne saurait suffire à décrire les relations réciproques de ces deux forces planétaires : car l’hyper-classe mondiale, le très petit un pour cent de super-riches qui profitent de la mondialisation (au même titre que les petites bourgeoisies émergentes d’Asie), sont culturellement, eux-mêmes, des petits-bourgeois, pour la plupart — un Donald Trump, à cet égard, offre un emblème admirable.
voir l’entrée du lundi 26 décembre 2016 dans Le Jour ni l’Heure
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