Juste avant après. Journal 2017
créée le vendredi 1er septembre 2017, 12 h 17
modifiée le vendredi 2 février 2018, 22 h 11Plieux, jeudi 31 août 2017, minuit & demi. Pour mon Répertoire des contradictions, j’en ai trouvé une belle. Camus (pas Albert, l’autre) prétend que la petite bourgeoisie est la classe tout-englobante, qu’en elle sont venues se fondre toutes les autres classes, que l’idée de génie de cette classe-là est d’inclure de force au lieu d’exclure comme l’ont fait toutes les classes dominantes avant elle, et que, des excellents résultats de cette stratégie, elle tire l’assurance d’être au pouvoir à jamais — moyennant quoi elle n’a pas d’extérieur, tout le monde est petit-bourgeois (ce Camus-là le premier, à son grand dam).
En même temps le même Camus prétend qu’à Paris, par exemple, ne peuvent plus se maintenir que les très pauvres (moins de cinq cents euros par mois, aides sociales non comprises) et les très riches (plus de quinze mille euros par mois) — à l’en croire, entre cinq cents et quinze mille euros de revenu mensuel, Paris serait devenu inhabitable, inabordable. N’y auraient plus droit de cité que la finance hors-sol et la lumpen-diversité : encore un peu grossièrement répartis entre ouest et est mais destinés à se fondre géographiquement, à la brésilienne (murs, milices privées et sas de sécurité partout).
Il y a sans doute un peu de justesse dans cette réflexion, surtout si l’on considère qu’elle décrit un processus en cours, pas un aboutissement ; mais elle est en contradiction totale avec la précédente. En effet, s’il n’y a partout qu’une seule classe sociale médiane, la petite bourgeoisie universelle, comment peut-il n’y en avoir à Paris que deux, et qui précisément ne sont pas elle ? Comment cette classe unique centrale et prétendument monopolistique, la classe moyenne universelle, peut-elle être progressivement exclue de la capitale (et autres mégapoles) ?
Il doit bien y avoir quelque part une solution à ce problème logique, mais pour le moment elle m’échappe tout à fait. Un élément de réponse est que l’hyper-classe — cela je l’ai toujours dit et écrit —, est, contrairement aux apparences, partie intégrante, au moins culturellement, de la petite bourgeoisie dominante. À ce propos je relève comme une curiosité que la phrase fameuse de Dávila, tant citée par d’autres et par moi, « Les riches ne sont plus que des pauvres avec de l’argent », se trouve intégralement dans le film assez obscur de Gregory La Cava, Fifth Avenue Girl, La Fille de la Cinquième Avenue, Un ange en tournée (1939). La Cava avait lu Dávila ? Dávila avait vu Fifth Avenue Girl ? Le plus vraisemblable est une coïncidence, d’autant qu’il y a une petite nuance de sens, dans le film. C’est le riche qui parle et qui dit plaintivement que les riches ne sont jamais que des pauvres avec de l’argent, faut pas croire.
Reste la lumpen-diversité, qu’on peut difficilement taxer de petite-bourgeoise. Néanmoins la finance hors-sol culturellement petite-bourgeoise qui l’importe, et qui remplace par elle, à grande vitesse, la classe moyenne (la petite bourgeoisie petite-bourgeoise…), entend bien faire d’elle (grâce à l’argent prélevé aux petits-bourgeois petits-bourgeois chassés, qui paient pour être remplacés…) une armée de consommateurs, c’est-à-dire de petits-bourgeois. Malheureusement pour les remplacistes, les remplaçants pourraient bien se révéler plus difficiles à digérer et à “gérer” (à “intégrer”, à petit-embourgeoiser…) qu’ils ne l’espèrent ; et cela, notamment, à cause de l’islam. Mais là nous retombons dans mon schéma classique : course de vitesse entre les deux totalitarismes rivaux (mais liés provisoirement par un long “pacte germano-soviétique”), le remplacisme global et l’islam. Comme le répétait ce pauvre Camus (toujours pas Albert, l’autre) : la Némésis des remplacistes, c’est qu’ils remplacent des peuples soigneusement préparés pour le Grand Remplacement (la petite bourgeoisie petite-bourgoise hébétée grâce à l’enseignement de l’oubli et aux industries de l’hébétude) par de farouches identitaires (non moins hébétés, il est vrai, mais selon d’autres voies…) — autrement dit des moutons par des loups (pour ne pas dire des hyènes) : les remplacistes seront les premiers mangés (un député socialiste indigène, M. Boris Faure, vient d’être mis dans le coma à coups de casque par un ses collègues “En Marche”, M. M’Jid El Guerrab).
voir l’entrée du jeudi 31 août 2017 dans Le Jour ni l’Heure
Ce bouton permet de se déplacer rapidement dans le site de Renaud Camus. masquer les messages d’aide |
Ces boutons fléchés permettent de consulter les différentes entrées du journal de Renaud Camus. Les autres boutons vous proposent diverses options. Survolez-les avec la souris pour en savoir plus. masquer les messages d’aide |