créée le mercredi 24 octobre 2018, 10 h 56
modifiée le mercredi 24 octobre 2018, 11 h 13Plieux, mardi 23 octobre 2018, minuit. Il existe une hystérie de la logique, liée bien sûr à la volonté de pouvoir, au désir d’abaisser l’autre, de le faire taire et même d’en finir avec lui, à la joie de faire parade de ses armes absolues de langage et de s’en servir en dehors de toute règle de droit (même quand c’est en le champ clos d’un tribunal).
Je me souviens d’un différend entre Claude Durand et moi parce que j’avais écrit que la politique financière du docteur Schacht avait été très efficace, et que les nazis avaient remporté grâce à elle, dans les années trente, de grands succès économiques : non, on ne pouvait pas écrire cela, et en tout cas pas le publier, car ce serait vu comme une apologie du Troisième Reich ; or ce n’était évidemment, dans mon esprit, en aucune façon une apologie du Troisième Reich et du nazisme, mais une constatation objective, indépendante de tout le reste, mais assez nécessaire à une bonne compréhension des faits (en particulier de la longue popularité du nazisme chez les Allemands).
Même jeu lorsque j’écris, l’année dernière, et sans doute avant, que le remplacisme global, quoique moins directement criminel en ses intentions (et d’ailleurs, en a-t-il seulement, des intentions ?), est de conséquences plus vastes, géographiquement beaucoup plus étendues, et qui portent sur de plus nombreux peuples et plus de millions d’individus, pour détruire au passage certains d’entre eux, que l’univers concentrationnaire (dont il procède largement, à mon avis, mais c’est une autre histoire…) — aussitôt c’est une levée de boucliers : je diminue l’horreur de la Shoah, je fais l’apologie de crimes de l’humanité et même, pour un Frédéric Martel, je suis négationniste (Martel a depuis lors retiré son tweet, tout de même, sous menace d’un procès). Or, faut-il l’écrire (je trouve bien pénible d’en être réduit à exprimer ces évidences), je ne fais en aucune façon l’apologie de crimes contre l’humanité (!), je ne diminue en rien l’horreur des camps de la mort (!!), je ne suis pas le moins du monde négationniste (!!!) : je pose une comparaison d’ampleur des phénomènes, en toute indépendance de leur degré d’atrocité. Pourquoi comparer précisément ces deux-là, dira-t-on ? Parce que l’un et l’autre tendent à faire disparaître des peuples (selon des méthodes certes bien différentes), à effacer de la terre des civilisations.
Et même jeu encore cette après-midi lorsque, sur Twitter, où de petit tableaux permettent de se livrer à des “sondages”, j’en propose un sur le degré d’horreur comparée de quatre périodes de l’histoire de France : l’occupation anglaise (c. 1400-1430), la Terreur (1793-94), l’occupation allemande (1940-1945), le vivre ensemble (1975-…) — eh bien, ça n’a pas manqué d’arriver, il s’est trouvé un commentateur pour juger qu’avec un tel sondage je gommais l’horreur de l’occupation allemande : forteresse de discours très bien gardée, toujours, et arme absolue de langage à toute épreuve. Or il va sans dire, j’espère, que mon intention n’est en rien de diminuer l’horreur de l’occupation allemande, mais d’attirer l’attention sur le cauchemar de l’actuel “vivre ensemble”, comme plus haut sur celui du remplacisme global et du génocide par substitution, qui intéressent trois continents et mettent en branle des centaines de millions d’hommes.
L’adversaire, évidemment, qui est bien obligé de convenir, quand il est mis au pied du mur, que ses positions et enchaînement logiques ne sont pas tenables, et que je ne diminue en rien l’horreur de ceci ou de cela (bien au contraire, puisque j’en fais l’aune qui sert à l’évaluation comparée d’autres horreurs), s’empresse d’en appeler à mon inconscient : oui, d’accord, mais inconsciemment… ; ou alors, plus pervers encore, je procèderais par insinuation, par ruse, par allusions qui seraient parfaitement décryptées par les plus criminels de mes lecteurs complices. Eh bien non : non, non et non. Ni l’abomination de la Shoah ni, dans un tout autre ordre de faits (il faut faire attention à tout, à tous les instants… ), l’abomination bien moindre de l’occupation allemande de la France, ne font l’objet de ma part, très loin de là, du moindre désir d’atténuation. En revanche il est bien vrai que je suis prêt à tout, ou à presque tout, pour attirer l’attention sur l’atrocité du Grand Remplacement, de la subrogation ethnique, du génocide par substitution, et sur l’urgence qu’il y a à y mettre fin, par tous les moyens.
Quant aux résultats de mon “sondage”, ils montrent au moins que je ne suis pas seul à juger épouvantable l’actuel “vivre ensemble”, car quatre-vingt-trois pour cent des sondés l’estiment pire que la Peste noire (six pour cent — l’“occupation anglaise” c’était pour la version anglaise), que la Terreur (huit pour cent) et que la “Première occupation” (allemande, trois pour cent seulement). Il va sans dire que je serais bien le dernier à prendre tout à fait au sérieux pareil sondage, faussé évidemment, entre autres facteurs, par le caractère propre de mon “following” et par la nature “présente”, actuelle, donc nettement plus sensible, d’un des quatre phénomènes proposés à l’évaluation comparée.
voir l’entrée du mardi 23 octobre 2018 dans Le Jour ni l’Heure
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