créée le vendredi 31 mai 2019, 14 h 41
modifiée le mardi 18 juin 2019, 11 h 13Plieux, vendredi 31 mai 2019, onze heures et demie du matin. La visite du journaliste célèbre de la RAI, Gad Lerner, et de son équipe, au début de la semaine dernière, est merveilleusement emblématique de l’impossibilité qu’il y a — quand on voit des inconvénients au Grand Remplacement — à s’exprimer à travers les médias du système (remplaciste et davocratique) : non seulement ils n’entendent que ce qu’ils veulent entendre (c’est-à-dire à peu près rien), mais ils tiennent essentiellement à faire entendre, obstinément, et quoi qu’on leur puisse dire, ce qu’ils pensaient avant de vous entendre. Bref, ça ne sert à rien : on pisse dans un violon.
J’ai déjà relevé l’épisode cocasse, hautement significatif, fortement symbolique, emblématique de l’emblème, qui vit toute l’équipe italienne se précipitant comme un seul homme, à peine débarquée dans la région, et sans une seconde d’hésitation, à l’autre château de Plieux, celui de Lialores, quarante kilomètres plus loin qu’il n’était nécessaire à partir de l’aéroport de Toulouse, où elle avait atterri ; et cela après que je m’étais donné un mal de chien, quelques jours plus tôt, à tâcher de lui épargner cette confusion rituelle, à l’aide d’adjurations et d’itinéraires détaillés — peine perdue : ils n’écoutent pas.
Mais il y a mieux, plus révélateur et fondamental encore. Comme ce Gad Lerner, qui se présente lui-même comme un “juif de gauche”, était tout à fait courtois, amène, aimable, souriant, sympathique (lui me trouve gentil, mais très inquiétant), et comme il parlait, à la manière de tous les journalistes sans exception, de mon conspirationnisme, j’ai sauté sur cette occasion d’éclairer enfin ma lanterne :
« Ah, puisque je vous tiens, je vais réaliser un très ancien désir, satisfaire une curiosité qui me travaille depuis des années. Tous les journalistes parlent de conspirationnisme, à mon sujet, ou à propos de ce qu’ils appellent la théorie du Grand Remplacement. Pourquoi ? Pourquoi font-ils cela ? Sur quoi appuient-ils ce reproche constant ? Y a-t-il un passage de mes livres ou de mes discours qui prête le flanc à cette critique ? Est-ce que j’évoque quelque part une quelconque conspiration, un complot ? »
Ma question nous faisait entrer dans le domaine de la pure fiction, naturellement, puisqu’un autre trait constant des journalistes, si célèbres soient-ils, et d’autant plus qu’ils sont plus célèbres, probablement, est qu’ils ne m’ont pas lu. Ils semblent tous considérer comme un privilège de caste d’être dispensés de cette corvée, à laquelle ils paraissent toujours n’avoir même pas envisagé une seule seconde de s’astreindre. On a autre chose à faire. Ce qui compte, à mon sujet, n’est absolument pas ce que j’ai bien pu écrire, dont tout le monde se fiche, mais ce que les gens croient que j’ai écrit, et pensé (à commencer par le tueur de Christchurch).
M. Lerner, quoi qu’il en soit, n’a pas semblé du tout démonté par ma question :
« Ah, mais la réponse à cela est très facile, a-t-il dit. Voyez Viktor Orban. Il est obsédé par Soros, il voit son combat comme une lutte contre Georges Soros, il couvre son pays d’affiches pour dénoncer Soros… »
J’avoue avoir été bien déçu. Quel rapport avec ma question ? Je ne suis pas Viktor Orban, ce semble assez évident, et je ne suis pas plus obsédé par Georges Soros, dont je ne suis même pas sûr qu’il soit une seule fois mentionné dans mes livres (hors ce journal), que je ne le suis par Emmanuel Macron, incarnation idéale à mes yeux du système davocratique, par Jean-Claude Juncker, le grand affairiste d’État, ou par Angela Merkel. Et bien entendu je trouve une scie exaspérante et ridicule, dont un grand journaliste devrait se priver, de réduire toute dénonciation d’une politique, ou toute déploration de mécanismes économiques et financiers, à du conspirationnisme ou à du complotisme — à ce compte, il n’est de politique qui ne soit un complot, ni de processus économique une conspiration…
Mes objections n’ont servi de rien. Le siège de M. Lerner était fait, comme celui de tous ses confrères, bien avant qu’il vienne me voir. Et à peine avait-il tourné les talons qu’il tweetait déjà :
« Nel suo castello in Guascogna ho appena intervistato #RenaudCamus guru della #GrandeSostituzione etnica, ispiratore del cospirazionismo di @CasaPoundItalia e @LegaSalvini
« Gentile ma davvero inquietante, predica la #remigrazione cioe l’allontanamento forzato dei #migranti ».
Là je ne suis plus seulement conspirationniste, je suis inspirateur du conspirationnisme des autres, y compris de la Ligue, qui n’a jamais eu la moindre relation avec moi, et de Casa Pound, qui, après m’avoir invité une fois à Rome, il y a quelques années, a rompu tout lien avec mes thèses et ma personne, que je sache, après avoir découvert, peut-être, que je n’étais pas le moins du monde fasciste, et même assez antifasciste, bien que pas du tout antifa, et même très antiantifa (ah c’est compliqué, la politique…).
voir l’entrée du vendredi 31 mai 2019 dans Le Jour ni l’Heure
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