Le Choléra. Journal 2021

créée le samedi 30 octobre 2021, 10 h 16
modifiée le dimanche 31 octobre 2021, 12 h 32
Paris, samedi 30 octobre 2021, dix heures du matin.
Je dépose ici les conclusions de Mes Rimokh et Bonichot, à propos de mon procès contre Henry de Lesquen. 

« Tribunal correctionnel de Paris, XVIIe Chambre , N° de Parquet : 18264000972, Audience du 28 octobre 2021 (13h30)

« Pour M. Renaud Camus, domicilié au château de Plieux, à Plieux, 32340,

« Plaignant,

« ayant pour conseils Maîtres Yohann Rimokh (Barreau de Bruxelles) et Stéphane Bonichot (Barreau de Paris, Toque D0685) dont le cabinet est situé […], cabinet au sein duquel l’appelant élit domicile pour les besoins de la présente procédure, 

« Contre M. Henry de Lesquen du Plessis Casso, Prévenu, ayant pour avocat Maître François Wagner, dont le cabinet est situé […].

« En présence de M. le Procureur de la République près du Tribunal correctionnel de Paris.

*

« PLAISE AU TRIBUNAL 

« I. — QUANT AUX FAITS 

« 1. — Le plaignant est un écrivain, né le 10 août 1946 à Chamalières et ayant publié à ce jour plus d’une centaine d’ouvrages appartenant à la plupart des genres littéraires (romans, récits, essais, élégies notamment). Il est officier des Arts et Lettres et ancien pensionnaire de l’Académie de France à Rome (villa Médicis).

« Il est président du parti politique l’In-nocence, fondé le 24 octobre 2002 ; l’In-nocence se définit, selon l’article 1er de ses statuts de la manière suivante :

« “Définie selon l’étymologie comme une absence (idéale) de nuisance, l’In-nocence, selon le parti qui s’en réclame, n’est pas un acquis mais, de même que l’éducation, un processus, un combat en chacun de nous et dans la société contre la nocence, soit que celle-ci se manifeste à l’égard des personnes ou des groupes, soit qu’elle sévisse contre la nature ou les éléments divers, meubles ou immeubles, collectifs ou privés, du cadre de vie.”

« M. Camus fut candidat à la candidature pour l’élection présidentielle en France.

« 2. —L’œuvre de Renaud Camus est littéraire ; elle n’est que littérature. Au sein de celle-ci, au-delà des catégories habituelles de la bibliographie, deux entreprises majeures peuvent être isolées :

 « — le diariste, l’écrivain tenant son Journal depuis les années 1980 à la lumière d’une seule exigence : la vérité, y raconter et y dire ce qu’il vit, ce qu’il voit, ce qu’il sent, ce qu’il pense en acceptant la possibilité de la variation du sens (telle chose ou telle personne paraît agréable ou aimable un jour, pour l’être un peu moins le lendemain, beaucoup plus un autre jour ; ou bien telle idée est formulée un jour pour être affinée le lendemain, peaufinée encore le jour d’après, etc…). Le Journal est souvent lié à l’agenda de Renaud Camus, également publié et accessible en ligne sous le titre de Le Jour ni l’Heure : ces deux textes sont les deux principaux biais qui permettent à l’auteur de réaliser un reportage sur sa vie, sans doute le plus considérable ou l’un des plus considérable que la littérature ait connu. Ce qui prime dans ce cadre, c’est la sensation, l’émotion que l’écrivain ressent d’abord pour la formuler ensuite :

« “Par souci de méthode j’essaierai donc de ne pas dissimuler, ni d’abord à moi-même, l’histoire du sens en moi ; et celle de la sensation, qui toujours l’habille, et qui souvent marche devant lui.” [1]

« — le romancier, ou, dans le vocabulaire technique d’une autre époque, le scripteur, l’inventeur de formes, le praticien du scripturalisme ou du textualisme — l’écrivain de plein exercice en somme, se livrant dans ses romans proprement dits et plus encore dans ses textes et hypertextes, églogues, élégies, “petites annonces”, à des exercices de récits bâtis sur des fictions ou des extrapolations enserrés dans d’innombrables et très opérantes contraintes formelles[2] : ainsi les Eglogues, P.A. et les Vaisseaux brûlés sont deux cycles entièrement romanesques et “textuels” ; ils forment ensemble des milliers de pages. Les Vaisseaux brûlés, par exemple, sont notamment soumis à un formalisme arithmétique :

« “2-2-019-24-4. Cette date est non seulement réversible : 4-7 (juillet) [...], mais elle est thématisée de manière à étayer l’identité des contraires. Le 4 juillet est l’Independence Day qui, dès les premières pages, joue un si grand rôle dans la fiction, et dont la liesse contraste au maximum avec le 19 (de l’année 1974) que le texte construit, avec le 13, comme un symbole de malheur et de mort (c’est toujours dans les années comme 1913 ou 1931 que les catastrophes mentionnées se produisent). (Mesures, p. 107, Études cam., p. 119. Ici les différences entre les deux versions (ou les deux éditions) sont insignifiantes. On remarque seulement que Independence Day est en italique dans M. E. et pas dans E.C. Même constatation pour le nombre 19 (« ...contraste au maximum avec le 19), alors que 13, bizarrement, est en caractères romains ici et là. (…)” R. Camus, Vaisseaux brûlés

 « 3. — M. Henry de Lesquen du Plessis Casso, le prévenu, est un homme politique, haut fonctionnaire et professionnel des médias (ancien dirigeant de Radio Courtoisie). Il se présente comme “national-libéral”.

« Le prévenu a d’abord manifesté beaucoup de considération et d’égards à l’endroit de M. Camus. 

« En effet, à l’époque où il était encore dirigeant de Radio Courtoisie, M. Henry de Lesquen du Plessis Casso invita M. Camus le mardi 16 juillet 2013 pour un débat diffusé sur la Radio qu’il dirigeait.

« Le 8 novembre 2015, M. Henry de Lesquen du Plessis Casso ira même jusqu’à remettre à Renaud Camus le prix “Jean-Ferré” (du nom du fondateur de Radio Courtoisie) ; il n’est pas inutile de reproduire ci-dessous l’extrait du Journal ainsi que celui de l’agenda (Le Jour ni l’Heure), rédigés à ce propos par le plaignant :

« Extrait du Journal : “ Plieux, dimanche 8 novembre 2015, minuit & demi. J’avais pensé que le montant du prix Jean-Ferré, qui m’a été décerné à midi par Radio Courtoisie, paierait au moins le voyage pour l’aller quérir, mais il est en fait purement symbolique, m’a expliqué Henry de Lesquen à l’issue d’un banquet sur une péniche, quai du Point-du-Jour, à Boulogne-Billancourt : il consiste en une accolade publique avec le président de la station. J’ai dit attacher grande importance aux symboles et aux signes et prononcé quelques mots de remerciements, ainsi que d’incitation à l’union, et au NON. Ils ont été reçus poliment.

« “Henry de Lesquen me soupçonne de ne pas aimer les calembours. Nous parlions de peinture, sa femme et moi, car c’est une consœur. Il a raconté qu’un homme avait écrit, sur le livre d’or d’une exposition :

« “ Il faut être miraud pour apprécier Braque. Il faut être braque pour aimer Miró.”

« “Tout cela avait lieu sur une péniche, en face de l’île Saint-Germain. On se passerait sans tristesse particulière de la Tour aux figures, de Dubuffet, qui jaillit au-dessus des beaux arbres des rives.”

« Extrait de l’Agenda : “Dimanche 8 novembre 2015. Boulogne-Billancourt, hôtel Mercure, ch. 617. Nuit très calme. (…) Déjeuner d’anniversaire de Radio Courtoisie sur la péniche “Les Calanques”, amarrée face au 52, quai du Point du jour. À droite d’Henry de Lesquen, face à sa femme. Deux cents personnes environ. Tartare de saumon, sauté de veau au potiron, assortiment de petites pâtisseries. Allocutions pendant le déjeuner des divers et nombreux responsables d’émission. Au café, vote pour le prix Jean-Ferré, que je remporte comme prévu et annoncé (j’ai voté pour Marc Fumaroli). Brève présentation d’Henry de Lesquen, puis “remise” du prix, qui consiste en une accolade du président. Allocution d’acceptation et de remerciement de ma part, poliment et un peu distraitement accueillie. (…) »

« Il apparaît pourtant que les honneurs que M. Henry de Lesquen du Plessis Casso rend au plaignant ne comblent pas le fossé — “le gouffre idéologique” notamment — qui existe entre les deux hommes :

« Extraits du Journal : “ Plieux, vendredi 16 septembre 2016, une heure du matin (le 17).  (…) Pour faire face {aux autres candidats de l’élection présidentielle} il n’y a que moi, ou plus exactement Lesquen et moi, mais lui m’embarrasse plutôt qu’autre chose, car il m’empêche de dire je, par politesse à son endroit, et je ne peux pas non plus dire nous, à cause du fossé ou plutôt du gouffre idéologique qui nous sépare. De toute façon nous sommes également invisibles, ou à peu près, lui et moi, et surtout inaudibles, à l’échelle nationale, nonobstant la station de radio et les quelques réseaux dont il dispose, et ma notoriété peut-être un peu plus grande (ce n’est même pas sûr). Nous ne pesons rien, nous n’avons même pas d’existence statistique. (…) »

« Paris, hôtel Bourgogne & Montana, ch. 60, lundi 26 septembre 2016, une heure moins dix. (…) Une émission à Radio-Courtoisie, à laquelle je me suis rendu après le départ de Pierre, à la fin de l’après-midi, n’était pas trop satisfaisante non plus. J’avais cru me trouver en tête à tête avec Lesquen, qui déjà est très interventionniste et bavard et connaît mal mes travaux, ou pas du tout ; mais il avait invité aussi, outre une dame assez discrète, un homme qui ne les connaît pas non plus le moins du monde, j’en avais eu la preuve d’autre part, et qui s’est mis en mesure d’exposer en long et en large le programme dudit Lesquen, de sorte qu’il restait peu de temps pour le mien et pour moi. C’est un travers de tous les organisateurs d’émissions, et que je n’ai jamais compris. On dirait toujours qu’ils s’ingénient à faire en sorte que rien d’un peu soutenu ne soit dit, qu’aucune pensée ne puisse aller au bout d’elle-même, que personne ne parle. On n’arrive à articuler un peu quelque chose que dans les failles, les trous, en forçant sa chance, ce qui n’est pas trop mon genre… (…) »

« Il semble que le prévenu ait pris ombrage de ces “gouffres” et qu’il ait changé radicalement d’esprit à l’endroit de Renaud Camus en décidant de le diffamer de la manière la plus déloyale et lâche qui soit (c’est-à-dire sans l’avoir lu et en ayant pris le soin de masquer son hostilité préalablement) — telle est en tout cas l’une des explications plausibles.

« Il est aussi important de souligner que c’est Renaud Camus qui prit l’initiative de se séparer nettement du prévenu, lorsque ce dernier officialisa et publia le logo de son parti politique — “Le Parti National Liberal” —, dont les initiales “PNL” étaient assemblées de telle manière qu’elles paraissaient faire référence à une svastika. Renaud Camus a immédiatement twitté son sentiment, selon lequel il n’y avait plus d’illusion possible et plus de liens, même de pure courtoisie, envisageables ; c’est à partir de ce moment-là qu’il a commencé à être désigné par M. Henry de Lesquen du Plessis Casso comme étant un “candaule”, terme utilisé par le prévenu pour designer ceux qu’il déclare et accuse d’être “judéo-serviles”.

« 4. —Accusation diffamatoire de “pédophilie” : propos poursuivis, le tweet du 25 juin 2018 de M. Henry de Lesquen du Plessis Casso. Ainsi, par un tweet du 25 juin 2018 publié au départ de son compte “@Lesquenlibre” (ci-après le ‘tweet en cause’), le prévenu s’est cru autorisé à accuser M. Renaud Camus d’être “un pédophile” : c’est cette accusation qui est poursuivie et que le plaignant considère comme très gravement diffamatoire. M. Henry de Lesquen du Plessis Casso a en effet écrit et publié ce qui suit[3] : 

[copie d’écran : Henry de Lesquen, @Lesquenlibre, en réponse à @ComedeSapere et @JAsensio (Juan Asensio) : "Je me moque que Renaud Camus soit homosexuel. En revanche, je le condamne d’être un pornographe et surtout d’être un pédophile qui a souillé des petits garçons." 08 :16, 25 juin 2018]

« Il va de soi que M. Renaud Camus a toujours eu la plus grande horreur à l’égard de la pédophilie telle que définie et sanctionnée par le Code pénal notamment. Le plaignant a toujours considéré que toute contrainte en ce domaine, toute violence, toute menace et tout abus de pouvoir à l’égard de “petits garçons” (comme à l’endroit de “petites filles”) méritent tous les châtiments.

« M. Renaud Camus n’a jamais été condamné pour pédophilie, ni poursuivi à aucun moment. Il n’a jamais fait l’objet de la moindre plainte.

« 5. — Eléments de contexte (1) : volonté du prévenu d’augmenter la diffusion du tweet en cause contenant une accusation diffamatoire. Il convient ensuite de souligner que M. Henry de Lesquen du Plessis Casso dispose de deux comptes Twitter : “@Lesquenlibre” d’une part et d’autre part “@LesquenPNL”.

« Le tweet en cause a été re-tweeté pour ainsi dire au départ du second compte du prévenu (“@LesquenPNL”), le même jour (25 juin 2018).

[copie d’écran de Twitter, où l’on peut voir que Henry de Lesquen, @Lesquenlibre, a retweeté son propre tweet diffamatoire le 25 juin 2018, afin de lui donner une audience plus large.]

« M. Henry de Lesquen du Plessis Casso a donc réitéré le même jour l’accusation diffamatoire de “pédophilie” dans le seul but d’augmenter sa diffusion.

« Il convient de noter que les deux comptes Twitter du prévenu — “@Lesquenlibre” et “@LesquenPNL” — ont été suspendus.

« 6. — Élément de contexte (2) : animosité personnelle et volonté manifeste de nuire à M. Renaud Camus. La volonté du prévenu de diffamer le plaignant a encore été répétée et nourrie pendant plusieurs semaines par des publications n’ayant d’autre objet que de réitérer cette diffamation — citons-en quelques-unes à titre d’exemple.

« Ainsi, le 12 juillet 2018, répondant au tweet d’un tiers qui n’interpellait en rien le prévenu et qui n’avait aucun rapport avec le tweet en cause, M. Henry de Lesquen du Plessis Casso trouva pourtant l’occasion de réitérer ses propos diffamatoires :

[copie d’écran : Sébastien Jallamion, @SJallamion, 11 juillet 2018 : "Aujourd’hui membre du @SIEL_off, je suis fier d’être l’ami de @OuchikhKarim qui œuvre comme il le peut pour être l’un des traits d’union salvateurs de cette droite qui s’est perdue en cours de route.

Henry de Lesquen, @Lesquenlibre, en réponse à @SJallamion : "Il n’y a pas de quoi être fier. Abd el Karim Ouchikh est un candaule judéo-servileet le porte-coton du pornographe pédophile Renaud Camus." 06 :25, 12 juillet 2018]

« Le 14 juillet 2018, le prévenu re-tweete cette fois le tweet d’un tiers, faisant ainsi siens les propos tenus par ce pseudonyme, réitérant une nouvelle fois l’accusation diffamatoire décrite plus haut :

[copie d’écran : Henry de Lesquen, @Lesquenlibre, re-tweete @RGrassion : Un maghrébin ne peut pas prétendre au changement de la France, un pédophile non plus. Dehors les candaules et les autres parasites. @Lesquenlibre"]

« 7. — Élément de contexte (3) : animosité personnelle et volonté manifeste de nuire à M. Renaud Camus. Le tweet en cause a été publié par le prévenu dans le cadre d’un fil de “discussion” se déroulant sur Twitter & initié par M. Juan Asensio, critique littéraire qui, après avoir manifesté une très haute estime pour Renaud Camus en est devenu du jour au lendemain l’ennemi ou l’adversaire obsessionnel, acharné, ne laissant pas passer une occasion de manifester sa haine et son mépris à l’égard de son œuvre et, plus encore s’il se peut, de sa personne, le tout avec une insistance paradoxale puisqu’il déclare ne lui accorder aucune intérêt. Il est important de noter que M. Juan Asensio est — au moins à l’époque des faits — proche du prévenu (ils discutent et bavardent régulièrement sur Twitter…).

« Pourtant, M. Juan Asensio n’hésitera pas à se désolidariser du prévenu et à le faire immédiatement. Dans des termes d’une netteté incontestable, il prend en effet le soin de préciser sur le même fil de “discussion” qu’il se sépare de l’opinion du prévenu et qu’il refuse de diffamer le plaignant sur ce point[4] :

« Ce démenti net n’amènera nullement M. Henry de Lesquen du Plessis Casso à s’amender ou à rectifier sa volonté de nuire au plaignant. Tout au contraire…

« Le prévenu veut diffamer le plaignant et nuire à ce dernier, il accroît alors la diffusion du tweet en cause, il persiste dans cette volonté quoi qu’il en soit et réitère encore cette diffamation à plusieurs reprises.

« Il importe de souligner que le tweet en cause et le fil de discussion dans lequel il s’insère ont été partagés un très grand nombre de fois[5].

« 8. — Reconnaissance par le prévenu de ce qu’il est incapable de prouver le bienfondé de l’accusation diffamatoire portée contre Renaud Camus : l’émission du 27 janvier 2020 "FAQ n°9 avec Henry de Lesquen”[6]. Le 27 janvier 2020, M. Henry de Lesquen du Plessis Casso fait une émission consistant à répondre à des questions ; elle est diffusée en directsur Youtube. Une question sur Renaud Camus lui est posée ; la réponse du prévenu mérite d’être reproduite ci-après[7] :

« Mlle Victoire Bétis : “(…) Cher M. de Lesquen, que pensez-vous de M. Renaud Camus ? Recommanderiez-vous la lecture de son Journal ou l’un de ses ouvrages ?”

« M. Henry de Lesquen du Plessis Casso : “Ecoutez, Renaud Camus a fait expressément l’éloge de la pédophilie. J’en ai donc conclu qu’il était pédophile et je l’ai accusé, donc il me fait un procès, un procès en diffamation qui sera jugé en première instance en mars prochain et moi je plaiderai la bonne foi. Je ne peux pas démontrer évidemment que Renaud Camus a commis des actes pédophiles ; je pourrai démontrer qu’il a fait de l’exhibitionnisme et surtout qu’il a fait à deux ou trois reprises expressément, expressément l’éloge et la défense de la pédophilie. Et donc il est permis de supposer que ce personnage lubrique qui justifie la pédophilie, l’a lui-même pratiquée. Mais je peux pas le démontrer. Voilà. Je plaiderai donc la bonne foi. (…)”

« 9. — Cette déclaration est sidérante. 

« 10. — En effet, il n’est pas contestable que M. de Lesquen reconnaît ici qu’il a prétendu que Renaud Camus était “surtout un pédophile qui a souillé des petits garçons” sans preuve ! (“Je ne peux pas démontrer évidemment que Renaud Camus a commis des actes pédophiles”). 

« Par conséquent, il est demandé au Tribunal de céans de bien vouloir prendre acte de cette reconnaissance : l’accusation de pédophilie qui fait l’objet de la présente procédure, qui est au cœur du tweet du 25 juin 2018, et qui suppose un comportement ou des actes, a été lancée par M. de Lesquen sans preuve du moindre comportement ou du moindre acte.

« 11. — D’autre part, le prévenu livre son raisonnement, c’est à dire l’ampleur et la gravité des failles qui le grèvent. En effet, selon le prévenu, comme Renaud Camus aurait (prétendument) fait “de l’exhibitionnisme et surtout qu’il a fait à deux ou trois reprises expressément, expressément l’éloge et la défense de la pédophilie”, Renaud Camus serait automatiquement ou mécaniquement un “pédophile” (quod non), alors que :

« a) le plaignant n’a jamais fait “d’éloge” de la pédophilie (!) : le postulat de départ du prévenu est faux et pourrait faire l’objet d’une autre poursuite pour une autre diffamation ;

« b) Renaud Camus n’a jamais fait d’exhibitionnisme (!) : le prévenu confond la nudité qui peut être présente sur certaines photographies et l’exhibitionnisme qui consiste à imposer en public une telle nudité ! 

« c) l’apologie d’un crime ne suppose pas la réalisation de ce crime : l’apologie de crimes prévu et sanctionnée par les dispositions de l’article 24 (alinéa 5) de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, n’est évidemment pas la réalisation de ces mêmes crimes… ! Cette confusion biais encore la logique du prévenu ;

« d) le prévenu conclut son propos en annonçant qu’il plaidera “la bonne foi”. Ce faisant, il commet une nouvelle faute de logique : cette faute est tout aussi factuelle. En effet la bonne foi suppose que le prévenu soit en mesure de produire des éléments qui concerneraient l’accusation portée, la diffamation qui fait l’objet de la présente procédure, ces éléments devant prouver que Renaud Camus a “souillé des petits garçons” ce qui n’est jamais arrivé.

« C’est dans ces conditions que le Tribunal de céans a été saisi.

« II.

« QUANT AU DROIT 

« 1) Absence de base factuelle sérieuse

« 12. — Plan. L’absence de base factuelle sérieuse découle de l’impossibilité dans laquelle M. Henry de Lesquen du Plessis Casso sera de rapporter la moindre offre de preuve au soutien de la grave accusation proférée (A). Cette absence de base factuelle résulte aussi d’un certain nombre d’éléments qu’il convient d’exposer ensemble : des excuses déjà faites par des personnes de bonne foi ayant accusé le plaignant à tort (B), de l’examen de Tricks, livre publié par le plaignant et chroniquant les rencontres et goûts sexuels de ce dernier (C), de l’examen de la thèse que Renaud Camus, interrogé parmi beaucoup d’autres sur ce point dont il reconnaît n’être pas spécialiste, a pu soutenir au sujet de la pédophilie (D) et des nombreux témoignages produits, venant de personnalités faisant chacune autorité (E).

« A) L’absence de tout offre de preuve du prévenu

« 13. — La présente affaire pourrait faire figure de cas d’école : en effet, quand on accuse publiquement une personne d’être “un pédophile qui a souillé des petits garçons”, on s’en réserve la preuve, c’est-à-dire la preuve d’un acte, celui d’avoir “souillé des petits garçon”. 

« Cette preuve se rapporte :

« Soit au titre de la vérité du fait diffamatoire prévu par les dispositions de l’article 35 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse et ce, dans les formes prévues par l’article 55 de la même loi. En l’espèce, le prévenu n’a rapporté aucun élément de preuve étayant son accusation diffamatoire ; 

« Soit au titre de la base factuelle sérieuse au sens que donne la cour européenne des droits de l’homme à cette expression. Or, sur ce chapitre, il se trouve que Renaud Camus, du seul fait de sa qualité de diariste, a rédigé et publié une quarantaine de volumes composant son Journal, outre Tricks, livre relatant les rencontres, affinités et préférences sexuelles de ce dernier : le prévenu ne trouvera rien dans cette œuvre qui puisse le laisser croire qu’une telle accusation était fondée de près ou de loin.

« 14. — A défaut d’offre de preuve et de base factuelle sérieuse, la diffamation est manifeste ; elle doit être condamnée.

« Mais il y a plus.

« B)  Bonne foi des personnes ayant pris connaissance de l’œuvre de Renaud Camus ou connaissant l’œuvre de ce dernier

« 15. — Il n’est pas inutile de rappeler que Renaud Camus, défendant en politique des convictions peu en accord avec le sentiment médiatique dominant, est hélas l’objet d’insultes et d’injures plus ou moins graves ; même en cas de diffamation, le plaignant ne refuse pas de trouver une solution amiable (encore faut-il qu’elle soit possible).

« Par deux fois, dans le passé, Renaud Camus fut confronté à cette terrible accusation de pédophilie.

« Dans les deux cas, les personnes concernées acceptèrent de prendre connaissance de l’œuvre de Renaud Camus ou, à tout le moins, de ceux qui, parmi les livres écrits par ce dernier, concernaient sa vie sexuelle.

« 16. — Ainsi, tel fut le cas de M. Stéphane Maggi, connu sous le nom d’“Etienne Liebig” en tant qu’animateur de l’émission “Les Grandes Gueules”, diffusée sur RMC : par un tweet du 28 octobre 2016, il diffama sérieusement le plaignant. De brefs pourparlers permirent notamment de voir publier deux tweets d’excuses[8], comme suit :

[copie d’écran : Etienne Liebig, @etienneliebig : "C’est par confusion que j’ai mêlé Renaud Camus à un milieu, des institutions et des personnes qui lui sont complètement étrangères. Je retire les accusations de pédophilie ou de défense de la pédophilie que j’ai formulées contre Renaud Camus et lui présente mes excuses."]

« 17. — Plus récemment (à la fin du mois de janvier 2020), c’est une dame se faisant appeler sur Facebook “Judith Klimt” qui diffama mêmement Renaud Camus. Des pourparlers furent engagés ; un mot d’excuse fut très vite proposé (et accepté[9]) :

[copie d’écran : Judith Klimt, sur Facebook : "A l’occasion d’un statut du 2 janvier dernier, il a été mentionné par erreur que Renaud Camus était un ‘pédophile’ ce qu’il n’est manifestement pas. Je présente mes excuses à ceux qui auraient pu prendre connaissance de ce statut, que j’ai modifié puis retiré pour éviter toute confusion.]

« Mais il y a encore plus.

« Comment ne pas citer ici encore le nom d’un critique littéraire (M. Juan Asensio) qui a déjà témoigné et fait part de son interminable inimitié et de l’infini ressentiment qui est le sien à l’égard de Renaud Camus et qui, malgré tout, est contraint de reconnaître la diffamation commise par le prévenu[10] :

[copie d’écran du tweet de Juan Asensio, cité plus haut.]

« La diffamation est établie.

« C) La reconnaissance par le prévenu de ce qu’il est incapable de prouver le bienfondé de l’accusation portée contre Renaud Camus  : preuve de la diffamation et de l’absence de toute bonne foi

« 18. — Comme exposé plus haut, au chapitre des “faits” (page 9), M. de Lesquen a, dans une émission du 27 janvier 2021 diffusée en direct sur Youtube, reconnu le caractère incontestablement diffamatoire de l’accusation portée dans son tweet du 25 juin 2018, lequel est l’objet de la présente poursuite.

« Le prévenu a répété à deux reprises qu’il était incapable de prouver l’accusation de pédophilie publiquement lancée contre Renaud Camus, dans ce tweet du 25 juin 2018, en des termes insistant d’ailleurs sur la dimension abjecte de ce crime (“souiller des petits enfants”). 

« Ce faisant, le prévenu achève de démontrer la diffamation dont il s’est rendu coupable et ce, dans des termes particulièrement clairs.

« Pour se convaincre de la diffamation, il suffit de mettre en regard d’un côté l’accusation diffamatoire portée et de l’autre côté, les déclarations du 27 janvier 2020 de M. de Lesquen[11] :

« Déclarations du 27 janvier 2020

“Ecoutez, Renaud Camus a fait expressément l’éloge de la pédophilie. J’en ai donc conclu qu’il était pédophile et je l’ai accusé, donc il me fait un procès, un procès en diffamation qui sera jugé en première instance en mars prochain et moi je plaiderai la bonne foi. Je ne peux pas démontrer évidemment que Renaud Camus a commis des actes pédophiles ; je pourrai démontrer qu’il a fait de l’exhibitionnisme et surtout qu’il a fait à deux ou trois reprises expressément, expressément l’éloge et la défense de la pédophilie. Et donc il est permis de supposer que ce personnage lubrique qui justifie la pédophilie, l’a lui-même pratiquée. Mais je peux pas le démontrer. Voilà. Je plaiderai donc la bonne foi. (…)”

« 19. — Par ailleurs, dans l’émission du 27 janvier 2020, M. de Lesquen annonce soulever une exception de bonne foi[12] ; mais pour que celle-ci fût recevable, il eut fallu qu’elle s’applique aux propos dénoncés et poursuivis. 

« Renaud Camus est accusé par M. de Lesquen d’être un “pédophile qui a souillé des petits garçons” : l’objet de la diffamation reprochée est d’avoir commis des actes ou d’avoir “pratiqué” la pédophilie (quod non) ; il ne s’agit nullement de savoir si le plaignant a (prétendument) fait “à deux ou trois reprises expressément, expressément l’éloge et la défense de la pédophilie” (ce qui est en tout état de cause faux, si bien que l’exception de bonne foi annoncée est tout à la fois irrecevable et sans fondement).

« 20. — S’agissant encore de l’exception de bonne foi annoncée par le prévenu dans sa vidéo du 27 janvier 2020, il est important de rappeler la règle telle que la jurisprudence de votre Tribunal la formule au visa de l’article de 10 de la Convention européenne des droits de l’homme : il faut en effet une ’base factuelle’ suffisante à établir la bonne foi de leur auteur, supposant que l’auteur des propos incriminés détienne au moment de les proférer des éléments suffisamment sérieux pour croire en la vérité de ses allégations et pour engager l’honneur ou la réputation d’autrui et que les propos n’aient pas dégénéré en des attaques personnelles excédant les limites de la liberté d’expression, la prudence dans l’expression étant estimée à l’aune de la consistance de cette base factuelle et de l’intensité de l’intérêt général.”[13]

« M. de Lesquen détenait-il au moment de proférer les accusations diffamatoires proférées dans le tweet du 25 juin 2018 “des éléments suffisamment sérieux pour croire en la vérité de ses allégations et pour engager l’honneur ou la réputation” de Renaud Camus ? Non. Il le reconnaît formellement et sans la moindre ambiguïté.

« D) L’animosité personnelle du prévenu à l’encontre de Renaud Camus

« Votre Tribunal rappelle avec constance que “les imputations diffamatoires sont réputées, de droit, faites avec intention de nuire, mais elles peuvent être justifiées lorsque leur auteur établit sa bonne foi, en prouvant qu’il a poursuivi un but légitime, étranger à toute animosité personnelle, et qu’il s’est conformé à un certain nombre d’exigences, en particulier de sérieux de l’enquête, ainsi que de prudence dans l’expression, étant précisé que la bonne foi ne peut être déduite de faits postérieurs à la diffusion des propos.”[14]

« 21. — L’annonce faite par le prévenu d’une exception de bonne foi soulevée nous conduit à rappeler la vive & profonde animosité nourrie par ce dernier à l’encontre de Renaud Camus ; cette animosité paraît biaiser toute “bonne foi” dans le chef du prévenu.

« Ainsi dans la même séquence de l’émission du 27 janvier 2020, interrogé sur le lien entre “taylorisme et fordisme et Grand Remplacement”, le prévenu se lance dans une véhémente diatribe, pleine de ressentiment et d’animosité[15] :

« M. Grégoire Canlorbe : “Et que pensez-vous de sa grande thèse selon laquelle le taylorisme par… Taylor étant un grand industriel… mais que pensez-vous de sa grande thèse selon laquelle… enfin, un grand théoricien de l’industrie… que pensez-vous de la thèse selon laquelle le taylorisme et fordisme participeraient de la même matrice que le Grand Remplacement… enfin c’est une thèse absurde selon moi… mais… le public aurait apprécié que vous la réfutiez…”

« M. Henry de Lesquen : “Pffffff… c’est comple… c’est complètem… c’est complète… bah elle est absurde selon… elle est absurde cette théorie… bah il n’y a aucune raison de penser queeee… enfin il n’y a aucun rapport entre… entre les deux… ‘fin j’veux dire euuh… le taylorisme ! D’ailleurs il est idiot de récuser le taylorisme qui a permis un grand progrès industriel qui a permis d’améliorer le niveau de vie… qui a permis le développement économique… c’est complètement stupide… ! non mais cet homme ne raconte que des bêtises ! en dehors de la formule du Grand Remplacement, il ne raconte que des stupidités ! J’ajoute qu’accessoirement c’est un peintre de piètre qualité qui fait de l’art dégénéré… je sais pas si vous avez vu ses productions ? C’est à… c’est à vomir… donc ce type… ce type… il est… Alors j’ai cru autrefois, avant de connaître bien ses idées, qu’il était vraiment comme nous un adversaire de l’immigrati… non alors il est… il est… soyons objectifs… il est dans une large mesure adversaire de l’immigration mais pour le reste, c’est en fait un cosmopolite comme les autres. Donc c’est un demi-cosmopolite. Un semi-cosmopolite et qui défend des idées dégénérées sur la plupart des sujets. Et qui a fait l’apologie de la pédophilie. Alors j’vous signale… j’vous signale que parmi les sophismes des avocats de la pédophilie, ya ceci : ‘ah oui mais attention hein… si l’enfant a douze ans, c’est plus vraiment un enfant…’ … c’est de l’éphèbofolie… de l’éphèbophilie pardon ! l’éphèbofolie… j’voulais dire… ah ah ! à juste titre… ! c’est de l’éphèbophilie. Alors c’est du baratin si vous voulez… l’éphèbe… alors d’abord l’éphèbe c’est uniquement un jeune garçon… mais qu’il y ait des degrés de gravité… c’est vrai que si une fille de douze ans est pubère etc… provocante… c’est moins grave… mais c’est pas parce qu’il y a plus grave qu’il faut excuser une faute… ! Le sophisme consistant à dire : ‘il y a plus grave’, est un sophisme ! c’est pas parce qu’il y a plus grave que ce n’est pas grave ! c’est pas parce que le criminel assassin n’a pas torturé sa victime qu’il n’est pas grave d’assassiner !”

« Une telle animosité disqualifie manifestement toute bonne foi dans le chef du prévenu.

« La diffamation est actée. Le prévenu sera condamné.

« E)   La sexualité de Renaud Camus : Tricks (1979)

« 22. — D’autre part, il se trouve que Renaud Camus est probablement la personne dont la vie sexuelle est la plus documentée de France. 

« Ses préférences sont homosexuelles et portées sur un certain type d’hommes, très homme pour ainsi dire, et donc très adulte, moustachu, poilu, aussi éloigné que possible de la tradition pédérastique de l’éphèbe, et, a fortiori, de la pédophilie.

« C’est ce que démontre Tricks[16], le livre publié par Renaud Camus, composés de trente-trois récits et autant de rencontres avec le “type recherché” comme le souligne Roland Barthes, son préfacier. Voici les trente-trois types rencontrés :

« 1) Walthère Dumas : poignets et mains couverts de “poils noirs, soyeux, jusque sur les doigts”, “moustache très dense” ;

« 2) Philippe des Commandos : “grand, brun, moustachu”, “avant-bras musclés et très poilus” ;

« 3) Daniel X. : “moustache assez longue, tombante sur les côtés”, “poitrine assez poilue” ;

« 4) Flipper X. : “moustache”, “torse très velu” ;

« 5) Daniel au Casque : “une barbe” ;

« 6) Petit brun musclé : “grosse moustache” ;

« 7) L’Invisible : “jambes dures et poilues” ;

« 8) L’Homme du Nord : “à moitié chauve, moustachu, large d’épaules, mince, le corps couvert de poils” ;

« 9) Le frère de Jacques : “moustache, anneau d’or à l’oreille” ;

« 10)     Le faux allemand : “moustache blonde” ;

« 11)     Muscleman : “moustachu”, “pectoraux poilus” ;

« 12)     Etienne Pommier-Caro : “énorme moustache qui descendait de chaque côté de sa bouche jusqu’à rejoindre le bas de son visage” ;

« 13)     Calogero : “torse et ses avant-bras, épais, étaient couverts de poils noirs, très abondants”

« 14)     Didier : “très solidement charpenté, avec des épaules larges et des cuisses très musclées” ;

« 15)     Maurice : “Comme souvent, c’étaient ses avant-bras qui m’avaient frappé, couverts de poils épais” ;

« 16)     Alain : “petit brun à moustache” ;

« 17)     Zé, : “brun, moustachu” ;

« 18)     Dominique : “grosse moustache châtain clair”, “grand et large d’épaules” ;

« 19)     L’ami de Franz : “moustache (…) presque blonde”, “tout son corps bronzé et musclé” ;

« 20)     Red Morgan : “un garçon jeune, vingt ou vingt-deux ans, brun, assez grand, emphatiquement bourgeois, shetland, velours côtelé” ;

« 21)     Jean-Marc Laroque : “les cheveux noirs assez longs et bouclés, moustachu” ;

« 22)     Le Marseillais : “crâne assez dégarni, les cheveux très courts et une grosse moustache” ;

« 23)     Dominique et Alain : “garçon barbu”, “front (…) sensiblement bombé, ce qui ajoutait à son air très viril” ;

« 24)     Walter Irwing : “très brun, les cheveux courts, moustachu, bronzé”, “beaucoup de poils noirs, assez longs, sur les avant-bras et à la base du cou” ;

« 25)     Ralph : “grand garçon blond, moustachu” ;

« 26)     Le cow-boy : “assez grand et musclé”, “très viril d’aspect”, “ses yeux, sa moustache trop noirs” (“celui-ci est incontestablement le plus beau”) ; 

« 27)     Jim : “pas très grand, assez musclé, cheveux clairs et très grosse moustache à la Kitchener” ;

« 28)     Bob : “un peu plus grand que moi, à peine, mais beaucoup plus solidement bâti”, “très grosse moustache” ;

« 29)     Tom : “Tony (…) soutenait qu’il avait au moins quarante ans. A mon avis, il en avait plutôt trente.” ;

« 30)     Chemise à carreaux : “cheveux courts, moustache, etc.” ;

« 31)     Jeremy : “ses sourcils, ses yeux et sa moustache noirs” ;

« 32)     A Perfect Fuck : “bien bâti, muscle, un peu poilu sur la poitrine (…) cheveux courts, une moustache” ;

« 33)     Terence : “corps d’écorché”, “ligne de poils très doux, qui montaient vers sa poitrine pour s’y épanouir en palmier”.

« Il ne sera pas contesté que les préférences sexuelles de Renaud Camus vont vers un type d’hommes qui est l’exact inverse de l’enfant, lequel n’apparaît nulle part. Il n’y a rien que l’on puisse sérieusement trouver dans l’œuvre d’un diariste tel que Renaud Camus qui puisse de près ou de loin laisser croire à une tendance pédophile. C’est même tout le contraire : la chronique des partenaires vers lesquels il est attiré montre qu’il s’agit d’hommes, virils, ayant toujours une pilosité à l’opposé de l’accusation diffamatoire du prévenu. 

« 23. — L’accuser d’être un “pédophile qui a souillé des petits garçons” est abject et indigne : c’est une grave diffamation qui cause au plaignant un préjudice considérable.

« F)    Sur l’article paru en 1997 dans L’Infini[17]

« 24. — A la suite de l’affaire Dutroux, la revue L’Infini décida de consacrer un numéro à “La question pédophile” ; quarante-cinq contributions furent recueillies, dont celles de Renaud Camus, de Michel Houellebecq ou de Michel Onfray, pour le numéro publié à l’automne 1997.

« En l’espèce, dans la discussion qui s’acheva sur la diffamation commise par le prévenu, c’est M. Juan Asensio qui commence par citer un extrait tiré des Vaisseaux brûlés lequel reprend l’un des éléments de la thèse que Renaud Camus défend également dans la revue L’Infini.

« 25. — Bien que le prévenu croie pouvoir imputer à Renaud Camus des faits (“pédophile qui a souillé des petits garçons”) et non des idées ou des thèses, et bien que le prévenu soit poursuivi en diffamation pour avoir imputé des actes abjects dont il ne rapportera jamais la moindre preuve, il importe néanmoins de produire l’intégralité de la contribution ci-dessous :

“[L’Infini] 1) Comment expliquez-vous le retentissement de l’‘affaire Dutroux’ ?

 “— Je comprends mal le sens et l’objet de cette question. Je ne vois pas que le retentissement de l’affaire Dutroux ait besoin d’explication. C’est une affaire effroyable dont le degré d’horreur, très rarement atteint (qu’on sache), ne pouvait que frapper les imaginations.

“[L’Infini] 2) Qu’appelle-t-on un enfant, aujourd’hui ? Qu’appelle-t-on un pédophile ?

“— Mettons qu’on appelle enfant un être humain de moins de quinze ans, ou de quatorze ans : ce me semble une constatation à peu près objective de l’usage courant, indépendamment de l’étymologie. Et cet usage courant ne me paraît pas poser de problème particulier.

“En revanche, l’usage actuel du mot pédophile est tellement éloigné de l’étymologie, lui, qu’il se trouve en contradiction totale avec elle, et qu’il est à la fois la cause et l’emblème de toute sorte de malentendus, qui eux sont extrêmement graves.

“Le pédophile, ce devrait celui qui aime les enfants. Il est parfaitement absurde de ranger sous ce terme des violeurs, des proxénètes et des assassins. C’est pédophobes qu’il faudrait les appeler.

“[L’Infini] 3) Avez-vous eu, étant mineur, une relation amoureuse avec un ou une adulte et quel souvenir en gardez-vous ? Avez-vous, personnellement, des souvenirs de sexualité enfantine ?

“— Pas de relation amoureuse, non. Dans une institution religieuse, j’ai connu, comme la plupart de mes camarades, les attouchements très superficiels d’un vieux prêtre, que nous aimions bien, malgré sa tendance à nous serrer d’un peu près entre ses cuisses, au creux de la soutane râpée, entre son fauteuil et son bureau, quand il nous faisait ânonner ceci ou cela, ou nous montrait des photographies (parfaitement chastes, au demeurant). Ce n’était ni très agréable ni très désagréable, nous nous en serions volontiers passés, mais ça ne nous gênait pas beaucoup, nous étions plutôt portés à en rire, nous n’en voulions pas du tout à cet homme et nous n’aurions jamais songé à lui attirer des ennuis à ce propos.

“Je n’ai pas beaucoup de souvenirs de sexualité enfantine, sinon de m’être déculotté pour une petite fille, à sept ou huit ans, dans un fourré, en l’invitant à faire de même. Comme par la suite elle a parlé, on en a fait toute une histoire. En revanche, j’ai plusieurs amis qui m’ont souvent parlé d’épisodes de cet ordre. L’un avait été violé, ou en tout cas sévèrement contraint, et il dit en subir aujourd’hui encore les conséquences psychologiques. D’autres, beaucoup plus nombreux, faisaient état de relations beaucoup plus heureuses, ou agréables, et ils en parlaient en général sur un ton amusé, ou nostalgique, ou érotiquement chargé.

“[L’Infini] 4) Estimez-vous que les spécialistes et les porte-parole de l’enfance nous disent tout ? Avez-vous quelque chose à ajouter ?

“— Je me méfie grandement des ‘spécialistes’, dont les discours me semblent les plus soumis de tous aux moules idéologiques, dominants du moment ; et plus encore des ‘porte-parole” de l’enfance, dont je ne vois pas très bien ce qu’ils peuvent être.

“Je crois que la ‘pédophilie’, la mal-nommée, est avec la question des races, la question des classes, celle de l’immigration et celle du chômage un des terrains d’élection par excellence de ce que j’appelle la glu des discours. Elle est aussi une arme absolue de langage, en ce sens qu’elle permet de déconsidérer à jamais et même d’éliminer du terrain de l’échange intellectuel [je ne croyais pas si bien dire !] quiconque prendrait la liberté de tenir une parole ou d’entretenir une opinion qui s’écarteraient si peu que ce soit du discours sympathique en place — lequel, vautré dans l’adhésion qu’il provoque, et qu’il entretient par un mélange de complaisance et de terreur, écrase tous les autres, et interdit toute nuance, confondant sans scrupule le monstrueux avec l’insignifiant.

“L’ensemble des discours sur la prétendue ‘pédophilie’ constitue la dernière forteresse, la plus farouchement gardée, de la vieille haine immarcescible de la sexualité. [Et voici le passage choisi jadis avec soin  par Asensio, probablement, et dont on me harcèle depuis lors :] Si la sexualité, comme je crois, n’a strictement rien de répréhensible en soi, on ne voit pas pourquoi elle le serait chez les enfants, ou avec les enfants. Il est absurde de considérer qu’elle serait illicite jusqu’à un certain âge, et deviendrait licite du jour au lendemain, dès que cet âge est dépassé. Les enfants ont une sexualité et des pulsions sentimentales bien connues, qui peuvent très bien se porter sur des adultes, en particulier sur de jeunes et beaux adultes, professeurs de gymnastique ou moniteurs de colonies de vacances, comme nous l’avons tous vu. [Fin du passage cité.] Ça n’a rien en soi de monstrueux, et beaucoup de prétendus “traumatismes” qui en résultent sont la création pure et simple et rétrospective de la société, qui ne peut pas supporter que des relations de ce type ne laissent aucune trace douloureuse, et moins encore qu’elles laissent des souvenirs heureux, ou drôles, ou agréables, ce qui pourtant peut bel et bien être le cas.

“L’essentiel, comme d’habitude, est qu’aucune volonté ne soit forcée, ni mentalement ni bien sûr physiquement. Mais les même parents et ‘éducateurs” qui se plaignent de n’avoir aucune autorité sur les enfants, et de ne pouvoir les contraindre à rien, soutiennent que les séducteurs, eux, ont tout pouvoir, et que les volontés trop jeunes sont incapables de leur résister. C’est reconnaître que la séduction est bien grande — même s’il n’est que trop vrai qu’il peut y avoir abus de pouvoir en effet, bien entendu parfaitement condamnable.

“Tout ce que je veux dire est qu’il faut veiller avec le plus grand soin à ne pas confondre, d’une part, relations sentimentales ou sexuelles entre adultes et enfants d’un âge raisonnable parfaitement consentants, ou même désirants — relations qui peuvent être tout à fait innocentes, et quelquefois seraient très belles, si la société ne s’en mêlait pas — et d’autre part les faits divers épouvantables qui défraient la chronique ou qui malheureusement demeurent cachés, contraintes, abus de pouvoir, viols, enlèvements, meurtres, prostitution forcée et proxénétisme, lesquels méritent bien sûr tous les châtiments. Je crois que beaucoup de ces désastres et de ces monstruosités ont précisément pour origine cette confusion-là, car beaucoup des adultes qui éprouvent du désir pour des enfants (je précise prudemment que ce n’est pas mon cas) ont été imbus par leur éducation et par le climat général d’un tel sentiment d’horreur à l’égard de ce désir-là, et a fortiori de son assouvissement éventuel, même sans contrainte aucune, qu’ils ne voient pas la différence morale entre quelques caresses échangées et le viol, ou entre le viol et le meurtre. S’ils ont éprouvé un plaisir sexuel en la compagnie d’un enfant, ils n’ont sans doute pas l’impression d’aggraver leur cas en l’assassinant. Au contraire, ce faisant, ils font disparaître l’occasion, le témoin et la trace de leur premier crime.

“La névrose, l’aveuglement délibéré et la consécutive hystérie de toute une société à propos de la sexualité, de la sensualité ou de la sentimentalité infantiles (et adolescentes) sont certainement l’une des causes principales de toutes les abominations auxquelles nous assistons. Les meurtriers sont des puritains. » 

« 26. — L’examen de cet article permet d’arriver à la conclusion que Renaud Camus lui-même formulait récemment dans son Journal[18] :

Plieux, vendredi 20 mai 2016, minuit & demi.  (…) Sans doute mes réponses ne seraient-elles pas exactement les mêmes aujourd’hui : je préciserais certains points, en particulier sur la question de l’âge, d’autant que le sens du mot enfant a changé, ainsi que je le notais ici même il y a quelques mois. Déjà, en 1997, il faut bien le reconnaître, tout ce numéro de revue relevait d’un esprit largement révolu, celui des années soixante-dix. Mais enfin, dans l’ensemble, mes sentiments sur la question — qui ne me concerne pas directement, c’est le moins qu’on puisse dire (d’où peut-être une certaine naïveté, qu’on m’a reprochée) — n’ont guère changé. Ils se résument à peu près à ceci : condamnation totale et sans réserve, et qui dans mon esprit va sans dire, de toute séduction active, contrainte et voie de fait, sans même parler du viol, à l’égard des enfants proprement dits ; émoi assez limité, je le reconnais, face aux amours de garçons ou de filles de quatorze ou quinze ans pour, voire ensuite avec, si ces adolescents arrivent à leur fin, leur professeur de gymnastique de vingt-cinq (mettons). Celui-ci me consulterait-il sur la conduite à tenir je lui conseillerais fermement l’abstention ; mais plus par prudence et respect de la loi que par conviction morale bien arrêtée : je suis trop nourri de Théocrite, de Moschos et de Bion. Il me semble qu’il n’y a guère lieu d’être moins naturiste que la nature : la puberté doit bien signifier quelque chose. (…)”

« Sont-ce les lignes d’un “pédophile qui a souillé des petits garçons” ? Y a-t-il l’aveu d’un quelconque acte pédophile ? Aucunement

« 27. — Y aurait-il sous-jacente une manière d’apologie de la pédophilie ? Absolument pas — Renaud Camus le dit lui-même : 

« 1/ condamnation totale et sans réserve de toute “séduction active” d’adulte envers des enfants de quatorze ou quinze ans (et à fortiori plus jeune encore !) ; la condamnation de toute séduction active étant plus vaste, plus sévère que la seule pédophilie au sens où elle est punie par le Code pénal (c’est-à-dire au sens des dispositions des articles 222-29 et suivants et 227-25 et suivants du Code pénal) ;

« 2/ “émoi assez limité” quant à l’amour d’un garçon ou d’une fille de quatorze ou quinze ans “pour, voire ensuite avec” leur “professeur de gymnastique de vingt-cinq ans” POURVU QUE ce soient ces adolescents qui arrivent à leur fin (c’est-à-dire qu’il n’y ait pas eu de séduction active de la part du professeur de gymnastique).

« Il n’y a rien dans la thèse défendue par Renaud Camus qui autorise une accusation aussi diffamatoire et insupportable que celle qui est poursuivie.

« G)   Sur les témoignages 

« 28. — L’examen de l’œuvre de diariste de Renaud Camus, la réalité d’excuses formulées par des personnes qui de bonne foi avaient pu se tromper, la reconnaissance par un critique littéraire obsédé par Renaud Camus de la diffamation commise par M. Henry de Lesquen du Plessis Casso sont autant d’éléments qui sont encore corroborés par une série de témoignages. 

« Le plaignant produit huit témoignages venant, pour l’écrasante majorité, de lecteurs ayant une parfaite connaissance de l’œuvre camusienne et ayant (bien souvent) des vues ou des opinions politiques fort différentes de celles de Renaud Camus. Voici les principaux extraits des témoignages produits (soulignements rajoutés) :

« 1) De M. Jérôme Dupuis[19], critique littéraire (parmi les plus respectés)

“(…) Mais qu’en est-il des faits ? Les ouvrages de Renaud Camus laissent-ils transparaître quelque inclination pédophile assumée ou codée ? Il ne s’agit pas là d’une simple question rhétorique, car l’une des particularités de l’œuvre de Renaud Camus est d’être éminemment autobiographique. Son projet littéraire, depuis le milieu des années 70, a consisté à décrire son existence au plus près, sans rien dissimuler de ses aventures sexuelles, de ses échecs, de ses déboires financiers, de ses faiblesses, de ses ‘mauvaises pensées’, au point parfois, de se ‘tirer une balle dans le pied’ via ses écrits, comme l’a bien illustré l’’affaire Camus’ en l’an 2000.

“Du Journal de Travers qui couvre les années 70, aux trente-cinq volumes de son Journal publiés depuis 1985, en passant par Tricks et autres ouvrages, soit plusieurs dizaines de milliers de pages, il n’a cessé de décrire lui-même sa vie sexuelle en grand détail.

“Tricks, publié en 1979, relate quarante-cinq rencontres sexuelles d’un soir de Renaud Camus. L’ouvrage est préfacé par Roland Barthes. Le célèbre sémiologue, connu pour sa capacité à repérer les structures immuables sous les œuvres éparses, observe dans cette préface que Renaud Camus recherche toujours un ‘type parfaitement codé’ d’homme. Ce ‘type’, nous le découvrons dès le premier chapitre : il s’agit d’un homme viril ‘à moustache très dense’, ‘dont les mains sont couvertes de poils noirs’. Cette obsession de la pilosité, de la moustache, de la virilité, revient sans cesse tout au long de Tricks, mais aussi dans les innombrables scènes de ‘drague’ de squares et de saunas qui émaillent les volumes du Journal de Renaud Camus jusqu’au début des années 2000, au point que ses lecteurs ont pu parfois lui reprocher leur caractère répétitif. Jamais, dans mon souvenir, il n’y relate des scènes avec de très jeunes gens ou des ‘mineurs sexuels’ (moins de quinze ans).

“L’imaginaire sexuel de Renaud Camus, tel qu’il transparaît dans toute son œuvre, n’incline pas du tout vers l’idéal du jeune éphèbe grec ou l’imagerie scoute ambiguë à la Pierre Joubert (souvent célébrée par les pédophiles), mais plutôt vers une esthétique ‘viriliste’ telle qu’elle était pratiquée par les gays de New York ou de San Francisco au tournant des années 80. Dans nombre de ses livres, Renaud Camus fait d’ailleurs allusion aux relations égalitaires entre ‘camarades’ chantées en son temps par le poète américain Walt Whitman.

“Il est à noter que Tricks est paru en 1979, époque où, comme l’a récemment rappelé l’’affaire Matzneff’, une certaine tolérance à la pédophilie s’affichait dans les milieux intellectuels français. Renaud Camus, qui évoluait alors dans l’entourage d’Andy Warhol et fréquentait l’avant-garde littéraire et gay parisienne, soit des milieux particulièrement transgressifs, n’a pas pour autant décrit la moindre scène pédophile dans cet ouvrage. Il n’a pas non plus signé la fameuse pétition demandant une plus grande tolérance à l’égard des pratiques pédophiles publiée par Le Monde en 1977, alors que nombre de ses amis de l’époque (à commencer par Louis Aragon) l’ont fait.

“On ne note pas non plus tout au long des trente-cinq volumes de son Journal de séjours qui pourraient s’apparenter à du tourisme sexuel. Aux Philippines, à la ThaÎlande, au Maroc, destinations classiques pour écrivains célèbres incitant à la pédophilie, Renaud Camus préfère l’Italie, la Scandinavie ou l’Ecosse, terres peu renommées pour les faveurs qui y prodigueraient de ‘jeunes garçons’.

“On pourra objecter que s’il avait eu des relations pédophiles, Renaud Camus ne s’en serait pas ‘vanté’ dans ses écrits, sachant qu’il s’agit de crimes ou de délits punis par la loi. Mon expérience de critique littéraire m’amène à nuancer cet argument. J’ai eu à étudier de près les œuvres de Tony Duvert, de Frédéric Mitterrand, et, plus récemment, de Gabriel Matzneff. Dans ces trois cas, dont les deux derniers ont défrayé la chronique, les auteurs racontaient dans leurs livres, parfois en détail, leurs pratiques pédophiles, en France ou à l’étranger, comme pulsion irrépressible, un goût de la transgression ou de l’expérience des limites les y contraignaient. A ma connaissance, Renaud Camus, qui est un contemporain de ces trois personnalités, ne l’a jamais fait dans son œuvre autobiographique, ni directement, ni indirectement, ni de manière codée par le choix d’un lexique ou de références ambigus.

“J’ajoute enfin que, journaliste littéraire ‘parisien’, il m’arrive d’entendre dans mon milieu des rumeurs sur le goût supposé de tel ou tel écrivain pour des jeunes gens des deux sexes. Jamais ces rumeurs ou ces insinuations n’ont concerné Renaud Camus.  

« 2) De Mme Sophie Barrouyer[20], retraitée

« ancienne Responsable des programmes de France-Musique

“Je lis et connais Renaud Camus depuis 1992, année au cours de laquelle, alors que j’étais responsable des programmes de France-Musique, mon attention a été attirée par un critique littéraire sur la grande connaissance de la musique de l’écrivain Renaud Camus dont je ne connaissais pas l’œuvre.

“C’est ainsi que j’ai proposé qu’il intervienne hebdomadairement dans l’émission "Domaine privé" qui donnait la parole à des personnalités non musiciennes mais de tous horizons, sur leurs goûts musicaux.

“ (…) J’ai depuis par ailleurs rencontré à maintes occasions Renaud Camus, à Paris ou dans le Gers, soit pour l’enregistrement d’émissions de radio, de discussions autour d’un projet d’opéra, de soirées ou dîners amicaux, de vernissages d’expositions ou de promenades dans la campagne autour de Plieux où il demeure.

“Forte d’une connaissance approfondie de son œuvre mais aussi de sa personne et de sa vie privée, je peux attester sur l’honneur que rien dans ses mœurs ou dans ses œuvre ne peut en une qulconque manière laisser à penser qu’il puisse être pédophile ou avoir une quelconque attirance pour les enfants ou les adolescents.

“Son œuvre littéraire et en particulier ses journaux attestent pratiquement pages après pages de son goût exclusif pour les gommes en particulier virils, velus et pourtant moustache. Son fétichisme très axé sur la pilosité est un topos camusien abondamment développé.

“(…) Dans toute son œuvre il n’est pratiquement jamais question d’enfants ou d’adolescents sauf pour en déplorer leur présence importune, leur nocence ou mauvaise éducation dans les seuls lieux publics ou hôtels, où il est amené à en croiser, la plupart du temps en présence de leurs parents.

“(…) Mon éducation, mes convictions politiques et morales m’ont conduite à une grande fermeté quant à la protection de l’enfance et je n’aurais certainement pas pu lire avec autant de plaisir, d’admiration et d’intérêt une œuvre où la moindre suspicion de pédophilie aurait pu poindre. Je n’aurais pu fréquenter même professionnellement un homme écrivain génial si j’avais pu pressentir un goût ou une attirance pour les enfants ou les adolescents. De cela j’en suis absolument convaincue sans nul doute possible. »

3) De M. Hugues Hourdin[21], conseiller d’Etat honoraire

« Verbatim

“Je, sous-signé, certifie par la présente que rien, ni dans l’œuvre de Monsieur Renaud Camus, dont je suis familier depuis plus de trente années, ni dans son mode de vie, dont son Journal retrace les caractéristiques et les étapes avec la plus totale sincérité, ne peut accréditer si peu que ce soit les accusations de pédophilie portées contre lui.

“J’ajoute que, connaissant personnellement Monsieur Renaud Camus, je puis attester que rien, dans son comportement et sa conversation ne vient corroborer de telles accusations, qui déshonorent leur auteur.”

4) De M. Josephus Houppermans[22], Professeur de littérature française à l’Université de Leyde (Pays-Bas)

“Depuis les années 70 du siècle dernier j’ai lu avec le plus grand intérêt les livres écrits par Renaud Camus. Je lui ai consacré plusieurs articles dans des revues littéraires, articles évalués par des experts ‘pairs’. En outre j’ai publié en 2004 une monographie sur son œuvre sous le titre Renaud Camus érographe (Amsterdam / New York, éditions Rodopi). J’ai particulièrement apprécié la série des Eglogues ainsi que les volumes successifs du JOURNAL. Ce journal, publié chaque année depuis 1985 et aujourd’hui consultable en ligne également, est vraiment unique dans l’histoire de la littérature contemporaine de par la grande authenticité et l’honnêteté totale de l’auteur, ainsi que par ses descriptions dans le domaine de l’art et du paysage.

“Dans aucun de ses écrits je n’ai jamais rencontré la moindre trace d’une tendance pédophile ni l’expression d’un goût illicite à l’égard des mineurs. Le terme d’‘érographe’ dans le titre de mon étude implique que Renaud Camus est à mes yeux un auteur qui magnifie le désir, non seulement pour ce qui regarde l’amour gay, mais encore dans tout le champ culturel et esthétique.”

5) De M. Alexandre Albert-Galtier[23], Professeur de littérature française à l’Université de l’Oregon (États-Unis)

“Ayant lu les œuvres de Renaud Camus, les ayant longuement étudiées et commentées durant ma carrière de Professeur d’université, fréquentant Renaud Camus depuis près de quarante ans, je crois pouvoir affirmer que je connais bien l’écrivain et l’homme.

“Il m’apparaît que l’accusation de pédophilie à l’encontre de Renaud Camus est une accusation totalement infondée, fausse, calomnieuse et de nature maveillante.

“Je tiens à apporter un démenti clair à ces accusations, démenti fondé sur une analyse littéraire de l’immense production de Renaud Camus, plus de cent livres. En raison de l’ampleur de cette œuvre, des milliers de pages, peu de gens ont lu l’ensemble œuvres de Renaud Camus et rares sont les personnes qui ont une vue d’ensemble de ses écrits et de son œuvre.

“Le caractère spécifique de l’œuvre de Renaud Camus est que cet écrivain a offert, d’une part à la communauté homosexuelle, et d’autre part, à la communauté des lecteurs, des simples amateurs, historiens, théoriciens ou spécialisates, à tous, une alternative théorique à une vision ancienne, archaïque, datée, qui assimilait homosexuels, pédérastes et pédophiles. Derrière ces terminologies, des comportements différents étaient peu ou prou placés sous une même rubrique.

“Le mérite de Renaud Camus et sa grande originalité ont été de substituer à cette conception ancienne de l’éraste et de l’éromène, c’est-à-dire de l’homme mûr et de l’éphèbe, une conception égalitaire de l’homosexualité, un homme et son semblable, fondée sur une parité de statut, d’entente, de désir et de pratique.

“En cela, Renaud Camus, dès ses premiers ouvrages et en particulier avec Tricks s’est immédiatement démarqué de la pédophilie, qui ne le concerne en rien, et cela de façon structurelle : sa conception du désir est à l’opposé de la pédophilie. Les milliers de pages de son œuvre en sont une longue, précise et incontestable démonstration. Accuser Renaud Camus de pédophilie est aussi vain que d’accuser un fleuve de couler à contre-courant. Cela n’a pas de sens.

“Sollicité lors d’une enquête sur la pédophilie, Renaud Camus s’est exprimé une fois sur ce sujet. Depuis lors, certaines phrases tirées de leur contexte ont été utilisées pour l’accuser de pédophilie. Cet article, lu dans son ensemble montre une analyse prudente, pondérée, modérée, raisonnable de cette question examinée avec les arguments d’un philosophe, d’un historien ou d’un anthropologue. Il est injuste qu’il soit utilisé contre Renaud Camus. L’honnêteté intellectuelle requiert que seul l’ensemble de l’article et son sens soient pris en considération.

“L’utilisation de phrases tirées de cet article hors de leur contexte, ainsi que leur manipulation et leur instrumentalisation à l’encontre de Renaud Camus sont infondées, injustes et elles constituent clairement, ainsi que toute accusation de pédophilie à l’encontre de Renaud Camus, un acte malveillant.”

6) De Mme Valérie Scigala[24], Directeur opérationnel Mutuelle 

“Objet du témoignage : Henry de Lesquen a accusé Renaud Camus d’être ‘un pédophile ayant souillé des petits garçons’.

“Cette phrase prouve deux choses :

“1/ Lesquen confond homosexualité et pédophilie. Si c’est inconscient c’est de l’homophobie, si c’est conscient de la diffamation.

“2/ Lesquen n’a jamais lu Renaud Camus.

“J’en veux pour preuve les citations suivantes. Elles sont tirées de Vaisseaux Brûlés afin de permettre un accès facile puisque le texte est en ligne : http://www.renaud-camus.net/vaisseaux-brules/

“Sur ce site, il est possible de lancer une recherche sur le mot ‘poil’, et de s’apercevoir que tout le goût de Renaud Camus va aux hommes poilus, soit les antipodes de l’enfance.

“Soit par exemple le texte d’une petite annonce [l’homme viril vivant à la campagne est Renaud Camus] : " 44-3. * Homme mûr viril poilu moustachu assez bf caressant cultivé vivant à la campagne ch. Jh ou hj plus ou moins même genre pour un peu ou pour beaucoup." Source : http://www.renaud-camus.net/vaisseaux-brules/44-3/poil

“Ou encore la façon dont Roger Dadoun, un critique n’aimant pas Renaud Camus, lui reproche ce goût. Renaud Camus note dans Vaisseaux brûlés : ‘632. ‘Je dois dire que je suis stupéfait qu’en 1994, exprimer par écrit l’intérêt que l’on porte aux culs poilus puisse mettre qui que ce soit dans un état pareil (il fallait entendre la façon dégoûtée dont Dadoun prononçait ces deux malheureux petits mots !).’ Source : http://www.renaud-camus.net/vaisseaux-brules/632/dadoun

“Ainsi donc, même les adversaires de Renaud Camus connaissent et reconnaissent son goût pour les hommes poilus.

“Accuser Renaud Camus de pédophilie n’a donc ni sens ni fondement. ”

7) De Mme Danielle Levin[25], retraitée, lectrice de Renaud Camus

“Renaud Camus est mon ami. C’est un homme et il est homosexuel. De sa sexualité, il traite comme de tout ce qui le concerne, en recherchant, sans répit, la vérité. C’est en écrivant qu’il le fait, et tout son talent littéraire, tout son art, est au service de cette vérité. C’est peu dire qu’il ne cache rien. Dans ses journaux intimes, notamment, qu’il publie chaque année depuis les années 80, il s’expose au jour le jour, sans trêve et sans concessions. Il y dit tout, de ses faits et gestes, de ses réflexions, de son dégoût pour les tomates et de son amour de l’art, la peinture, Borges et Yves Bonnefoy.

“Ses amours, de passage ou durables, heureuse ou désespérées, ses coups d’un soir, ses quêtes improbables, ses rencontres émerveillées ou décevantes, y sont décrits dans des récits très réalistes et crus où, encore une fois, tout est dit. Renaud Camus aime les poils. Il aime les hommes virils et velus.

“J’ai personnellement beaucoup appris en lisant Tricks, paru en 1979 – ‘Ce livre [qui] essaie de dire le sexe’ et ses amours d’un coup – sur ce qui se passe entre deux hommes, gestes, les actes, les positions, les attentions, la jouissance. Tout y est parfaitement décrit, en détail, de la façon dont deux hommes font l’amour.

“Tout ce qu’il est possible de savoir sur les amours, les amitiés, les goûts, les désirs, les préférences ou les dégoûts de Renaud Camus, nous le savons, il suffit de le lire. Et nous savons aussi, par exemple, et sans aucun doute possible, que les enfants l’ennuient grandement. A peine les tolère-t-il quand ils sont bien élevés et sous la surveillance attentive de leurs parents. ”

8) De Mme Marianne Alphant[26], écrivain, ancienne journaliste à  Libération — Critique littéraire

“J’ai découvert Renaud Camus par ses premiers livres : Passage (Flammarion, 1975) et Echange (sous le nom de Denis Duparc, Flammarion, 1976), que j’ai chroniqués dans la N.R.F. J’y reconnaissais d’emblée un écrivain passionnant et l’amorce d’une entreprise littéraire dont l’inventivité formelle ne s’est jamais démentie. Nous nous sommes rencontrés en 1978, par l’intermédiaire de son éditeur, Paul Otchakovsky-Laurens qui l’aura publié chez Flammarion puis chez Hachette avant de créer la maison d’édition P.O.L., et nous nous sommes liés d’une amitié qui ne s’est jamais démentie.

“Je crois avoir tout lu de ce qu’a publié Renaud Camus chez ses éditeurs P.O.L. et Fayard (occasionnellement chez Mazarine ou Sables) : Eglogues, romans, chroniques, Journaux, Elégies, récits – une énumération qui en dit long sur l’amplitude de cette œuvre et sa diversité littéraire.

“Renaud Camus s’est toujours expliqué avec la plus grande clarté sur ses préférences amoureuses et sexuelles. Elles sont énoncées dès ses premiers livres, tranquillement, comme le dit Roland Barthes dans la préface qu’il donne en 1979 à Tricks, récit de trente-trois brèves rencontres homosexuelles. S’y manifestent un art de la rencontre et de la relation à l’autre, le refus de toute violence et, par-delà l’explicite des situations, une exigence de courtoisie, de retenue, d’humour, de délicatesse – une certaine étiquette de la bienveillance.

“Le partenaire de la quête amoureuse et sexuelle, qu’elle ait la durée courte d’une soirée, la forme d’une relation consentie dans un square ou un sauna, ou qu’elle ouvre à l’espoir d’une vie commune, a des traits remarquablement constantsd. Il faut lire P.A., abréviation de Petite Annonce (P.O.L., 1997), qui met en scène et en forme, avec autant de virtuosité que d’humour et de transparence, la recherche d’un compagnon idéal pour en connaître le type : masculin, viril, très mâle, velu, moustachu, aux ‘pectoraux bien dessinés’. Âge idéal, trente-deux ans. En aucun cas, en enfant. Voir ainsi, pp. 114 et 115, dans l’inventaire des J’aime, un certain nombre de caractères sexuels qu’on dira secondaires et qui n’ont évidemment rien d’enfantins.

“Sans aucunement partager les préférences sexuelles ni les engagements politiques de Renaud Camus, mais pour avoir si longtemps lu et côtoyé cet auteur dont je m’honore d’être à la fois lectrice fidèle et l’amie, pour avoir connu nombre de ses amis et compagnons, je ne peux que récuser absolument chez lui tout espèce d’attrait pour la pédophilie. ”

« 29. — Il n’est pas déraisonnable de faire, à la lumière de ces témoignages, les observations qui suivent :

« a)   les goûts ni les préférences sexuelles, ni le comportement, ni l’œuvre, ni les mœurs, ni même “l’imaginaire” de Renaud Camus (selon la formule de J. Dupuis) n’ouvrent la voie à un soupçon ou à une rumeur de pédophilie de ce dernier, et ne permettent certainement pas une accusation aussi diffamatoire que celle proférée par le prévenu ;

« b)  au contraire, la lecture de la partie autobiographie de son œuvre, et spécialement de Tricks qui chronique sa vie sexuelle, montre qu’il est attiré par les hommes virils, à l’opposé de l’éphèbe ou des jeunes garçons ;

« c)   l’absence de toute tendance pédophile chez Renaud Camus est également reconnue par ses adversaires ;

« d)  Renaud Camus n’a pas signé la pétition publiée par Le Monde du 23 mai 1977 (“Un appel pour la révision du code pénal à propos des relations mineurs-adultes”), pas plus qu’il n’a signé la “Lettre ouverte à la Commission de révision du code pénal pour la révision de certains textes régissant les rapports entre adultes et mineurs” rédigée à la même époque — refus de signature d’autant plus notable que les amis & maîtres du plaignant — dont MM. Roland Barthes et Louis Aragon — étaient, eux, signataires.

« La diffamation est établie.

« 2) Sévérité de la jurisprudence en la matière

« 30. — Attendu que les dispositions de l’article 29 alinéa 1er de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, précisent que “toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne ou du corps auquel le fait est imputé est une diffamation. La publication directe ou par voie de reproduction de cette allégation ou de cette imputation est punissable, (…).”[27] ; que les dispositions de l’article 32 alinéa 1er de la même loi punissent la diffamation comme suit “La diffamation commise envers les particuliers par l’un des moyens énoncés en l’article 23 sera punie d’une amende de 12.000 euros.”[28] ;

« 31. — que la jurisprudence veille avec grande constance à ce que les imputations de faits contraires à la loi soient condamnées, considérant que de telles imputations portent atteinte à l’honneur et à la considération du plaignant[29], qu’elles demeurent attentatoires dès qu’elles sont proférées indépendamment de la bonne foi du prévenu[30], qu’elles sont condamnables quel que soit leur formulation, qu’il s’agisse d’insinuations[31] ou d’accusation plus claires ;

« que cette même jurisprudence est d’autant plus sévère lorsque les imputations ou accusations ont pour objet des faits qui sont tout à la fois contraires à la loi et reprouvés par la morale. Ainsi la Cour de cassation souligne-t-elle dans un arrêt récent : 

“l’atteinte à l’honneur ou à la considération ne {peut} résulter que de la réprobation unanime qui s’attache, soit aux agissements constitutifs d’infractions pénales, soit aux comportements considérés comme contraires aux valeurs morales et sociales communément admises au jour où le juge statue (…)”[32]

« qu’il est enfin nécessaire de rappeler que “pour déterminer si l’allégation ou l’imputation d’un fait porte atteinte à l’honneur ou à la considération d’une personne, les juges n’ont pas à rechercher les conceptions personnelles ou subjectives de celle-ci sur ces deux notions ni à tenir compte de l’opinion que le public a de cette personne ;”[33]

« 32. — Attendu que la simple “insinuation” que telle ou telle personne “a des tendances pédophiles” constitue l’imputation d’un fait attentatoire à l’honneur de la personne considération ainsi qu’à sa considération[34] ;

« que ce qui est valable pour une “insinuation”, l’est a fortiori pour une accusation telle que celle poursuivie en l’espèce, à savoir d’être un “pédophile qui a souillé des petits garçons” ;

« qu’il n’est pas contestable qu’une telle accusation lancée dans le cadre d’un débat public, tenu sur Twitter est particulièrement infamante et bénéficie hélas d’une diffusion considérable ;

« qu’il n’est pas inutile de souligner que le choix des mots composant le tweet du prévenu — pornographe, pédophile, qui souille des petits garçons — témoigne d’une intention méchante d’une rare virulence, et d’une volonté de renforcer la charge infamante de la diffamation ; d’autant qu’il est à peu près manifeste que M. Henry de Lesquen du Plessis Casso ne pouvait avoir sérieusement lu Renaud Camus : la diffamation commise l’a donc été gratuitement, la volonté de nuire n’étant fondée sur rien d’autre que sur un ressentiment et sur une animosité longtemps nourris ;

« qu’il convient de bien voir que le tweet en cause, contenant les propos diffamatoires, a été publié dans le cadre d’une discussion entre M. Juan Asensio et le prévenu au sujet d’un article de Renaud Camus paru dans la revue L’Infini ; que la discussion est initiée par le critique littéraire (M. Juan Asensio) qui cite dans un premier temps un passage de l’article en question, pour ensuite donner sa conclusion (“je n’ai pour ma part jamais écrit, ni même pensé que {Renaud Camus} était un pédophile”) ; que la réaction du prévenu se caractérise par une volonté immédiate de déplacer cette discussion de la thèse défendue par le plaignant sur le terrain d’une réalité complètement putative : le prévenu ne se donne pas la peine d’apprécier ou de critiquer la thèse défendue par le plaignant, il tient immédiatement des propos ignominieux, notoirement infamants et diffamatoires à l’encontre de la personne de Renaud Camus — là encore, l’intention de nuire du prévenu se montre sous une lumière crue ;

« 33. — Attendu qu’il faut d’ailleurs souligner que le prévenu reconnaît n’avoir pas lu Renaud Camus : en effet, M. Henry de Lesquen du Plessis Casso affirme que ce sont les “écrits” de Renaud Camus qui lui permettent de proférer l’accusation poursuivie ; 

« que, sous le même fil de discussion, tandis qu’il est interpelé par une autre personne au sujet des preuves qu’il devraitfournir, M. Henry de Lesquen du Plessis Casso persiste, maintient et confirme encore son accusation en considérant que les trois phrases découpées et ressorties par M. Juan Asensio, suffisent à accuser Renaud Camus d’être un “pédophile qui souille des petits garçons”[35] :

[copie d’écran : un compte Twitter rendu anonyme écrit : "Si vous en avez des preuves, il faut les porter à la connaissance du Parquet. La clameur publique ne fait pas le coupable", ce à quoi Henry de Lesquen, @Lesquenlibre, répond : "Il n’y a pas de clameur publique. Ce sont ses écrits infects qui témoignent contre lui."]

« qu’il faut mettre sous la lumière la plus crue le dramatique ridicule qui baigne les propos du prévenu, puisque M. Henry de Lesquen du Plessis Casso se base sur trois phrases tronquées et sorties du raisonnement de Renaud Camus pour diffamer ce dernier alors que l’auteur du tronçonnage des phrases ressorties, M. Juan Asensio (qui avait quant à lui pris connaissance de l’intégralité du raisonnement et de la thèse défendue par Renaud Camus) publia un tweet dénué de la moindre ambiguïté et se séparant nettement de l’accusation du prévenu[36] :

[copie d’écran du tweet, déjà cité plus haut, de Juan Asensio.]

« que les circonstances et l’enchaînement des propos dans le fil Twitter en cause[37] condamnent de facto M. Henry de Lesquen du Plessis Casso : lancé dans son animosité par un critique littéraire (M. Juan Asensio), le prévenu crut pouvoir se satisfaire de trois phrases pour diffamer Renaud Camus, sans savoir que le même Juan Asensio acterait aussitôt la diffamation commise… ;

« que la diffamation est établie ;

« 34. — Attendu qu’en outre, la formulation des propos diffamatoires choisie par le prévenu renforçant à dessein la charge infamante et ignominieuse de ces derniers (“pédophile”, “souillé des petits garçons”), la grande diffusion du tweet par le prévenu, la réitération des propos diffamatoires et la persistance de ce comportement malgré le cuisant démenti du critique littéraire en cause, sont autant d’éléments qui donnent à cette diffamation une dimension unique et définitive, trahissant la mauvaise foi de M. Henry de Lesquen du Plessis Casso ;

« 35. — Attendu que le préjudice subi par M. Camus est direct, certain et immédiat ; que, s’agissant de son évaluation, il convient de tenir compte à tout le moins des éléments suivants :

« -    la gravité de la diffamation, l’accusation d’être “un pédophile” relevant d’une catégorie pénalement sanctionnée et moralement très reprouvée ;

« -    les dimensions publique et politique du plaignant et du prévenu décuplant la capacité de nuisance de ces diffamations ;

« -    l’importante audience du prévenu et la grande diffusion des propos diffamatoires tenus dans le tweet en cause ;

« -    l’impressionnante ténacité et obsession du prévenu faisant de sa volonté de nuire un exemple sinon inédit, du moins rare de persistance et d’acharnement à vouloir diffamer M. Renaud Camus, tenant la loi pénale dans la plus parfaite indifférence ;

« -    l’horreur que la pédophilie inspire à M. Renaud Camus ;

« -    les montants habituellement fixés par la jurisprudence s’agissant d’affaires similaires.

« que M. Henry de Lesquen du Plessis Casso sera donc condamné à verser au plaignant la somme de EUR 30.000 à titre de dommages et intérêts.

« 36. — Attendu que M. Renaud Camus est par ailleurs fondé à solliciter du Tribunal de céans et à se voir octroyer la somme de EUR 5.000 au titre des dispositions de l’article 475-1 du Code de procédure pénale ;

*

« Par ces motifs,

« Et tous autres à produire, même d’office,

« Vu les articles 29 alinéa 1er et 32 alinéa 1er de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse,

« Vu les articles 2, 382, 390, 392, 392-1, 410-1, 411, 412, 418 et suivants, 427, 439, 442, 442-1, 459, 460 et 475-1 du code de procédure pénale

« Plaise au tribunal

« Se dire et juger compétent pour connaître de la présente citation directe ;

« Dire et juger M. Renaud Camus recevable et bien fondé ;

« Dire et juger qu’en accusant M. Camus d’être un “pédophile” par un tweet du 25 juin 2018 constaté et consigné par acte d’huissier, M. Henry de Lesquen du Plessis Casso s’est rendu coupable du délit de diffamation sur le territoire national et à une date non couverte par la prescription, délit prévu et réprimé par les articles 29 alinéa 1er et 32 alinéa 1er de la loi du 29 juillet 1881 ;

« En conséquence,

« Recevoir M. Renaud Camus en sa constitution de partie civile ;

« Condamner M. Henry de Lesquen du Plessis Casso au paiement de trente mille euros (EUR 30.000) à verser au plaignant à titre de dommages et intérêts ; 

« Condamner M. Henry de Lesquen du Plessis Casso au paiement de cinq mille euros (EUR 5.000) au titre des dispositions de l’article 475-1 du Code de procédure pénale ;

« Condamner M. Henry de Lesquen du Plessis Casso aux entiers dépens et frais de l’instance. 

« Fait à Bruxelles et à Paris, le 26 octobre 2021,

« Pour le plaignant,

« Ses conseils,

« Stephane Bonichot

« Avocat au Barreau de Paris

« Yohann Rimokh

« Avocat au Barreau de Bruxelles »

[1] Voy. R. Camus, Du Sens, éd. P.O.L. 2002, p.18.

[2] Voy. Pièce n°2, A l’opposé du Journal : sur le formalisme des Vaisseaux brûlés et de P.A. (P.A. étant contenu dans les Vaisseaux brûlés).

[3] Voy. Pièce n°1, Constat d’huissier du 26 juin 2018.

[4] Voy. Pièce n°1, Constat d’huissier (capture n°17) et Pièce n°14, Fil de la discussion sur Twitter au sein duquel s’insèrent les propos diffamatoires.

[5] Voy. Pièce n°14, Fil de la discussion sur Twitter au sein duquel s’insèrent les propos diffamatoires.

[6] Voy. Pièce n°17 Constat d’huissier du 26 octobre 2021.

[7] Surlignements rajoutés.

[8] Tous les éléments de l’accord ne peuvent être divulgués.

[9] Tous les éléments de l’accord ne peuvent être divulgués.

[10] Voy. Pièce n°1, Constat d’huissier (capture n°17).

[11] Voy. Pièce n°17 Constat d’huissier du 26 octobre 2021.

[12] Voy. Pièce n°17 Constat d’huissier du 26 octobre 2021.

[13] Voy. TGI de Paris, XVIIe Ch., 25 septembre 2019, n°18/00402.

[14] Surlignements rajoutés. Voy. TGI de Paris, XVIIe Ch., 25 septembre 2019, n°18/00402.

[15] Surlignements rajoutés.

[16] Voy. Pièce n°3, Extraits de Tricks.

[17] Voy. Pièce n°4, R. Camus in L’Infini, “La question pédophile”, éd. Gallimard, septembre 1997, pp. 23-25.

[18] Voy. Pièce n°5, Extrait du Journal (entrée du 20 mai 2016).

[19] Voy. Pièce n°6, Témoignage de M. Jérôme Dupuis.

[20] Voy. Pièce n°7, Témoignage de Mme Sophie Barrouyer.

[21] Voy. Pièce n°8, Témoignage de M. Hugues Hourdin.

[22] Voy. Pièce n°9, Témoignage de M. Josephus Houppermans.

[23] Voy. Pièce n°10, Témoignage de M. Alexandre Albert-Galtier.

[24] Voy. Pièce n°11, Témoignage de Mme Valérie Scigala.

[25] Voy. Pièce n°12, Témoignage de Mme Danielle Levin.

[26] Voy. Pièce n°13, Témoignage de Mme Marianne Alphant.

[27] Surlignements rajoutés.

[28] Surlignements rajoutés.

[29] Voy. Cass. crim., 9 février 2016, n°14-86.939, Cass. crim., 8 juillet 2015, n°14-80.818, ainsi que Cass. crim., 3 novembre 2015, n°14-83.416.

[30] Voy. Cass. crim., 8 juillet 2015, n°14-80.808.

[31] Voy. Cass. crim., 3 novembre 2015, n°14-83.515.

[32] Voy. Cass. 1ère civ., 17 décembre 2015, n°14-29.549.

[33] Voy. Cass. crim., 28 janvier 1986, n°84-95573.

[34] Voy. Cass., crim., 9 avril 2019, n°18-82753.

[35] Voy. Pièce n°1, Constat d’huissier (capture n°19).

[36] Voy. Pièce n°1, Constat d’huissier (capture n°17).

[37] Voy. Pièce n°14, Fil de la discussion sur Twitter au sein duquel s’insèrent les propos diffamatoires.

@IsaBarberis

voir l’entrée du samedi 30 octobre 2021 dans Le Jour ni l’Heure

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