créée le dimanche 24 avril 2022, 10 h 56
modifiée le dimanche 24 avril 2022, 11 h 28Plieux, dimanche 24 avril 2022, dix heures du matin. Officiellement, et très emphatiquement, car ils y font sans cesse référence, les médias de l’Égout central respectent la double règle de l’impartialité entre les deux candidats au second tour de l’élection présidentielle et, depuis vendredi soir, de l’interdiction de toute référence politique et partisane aux enjeux de la présente journée. Mais bien entendu cette double pose est une farce complète, étant tournée et contredite plus ou moins subtilement à chaque instant, et toute la propagande se déversant naturellement à sens unique, en faveur du génocide par substitution, c’est-à-dire d’Emmanuel Macron.
Hier soir, par exemple, France 2, pris d’on ne sait quelle urgence, donnait en fin de journal du soir, assez longuement, deux exemples de discrète, efficace et courageuse résistance au totalitarisme nazi : c’était d’une part Marcel Pagnol, qui avait préféré effacer toute trace d’un film où il avait mis tout de lui-même plutôt que de le voir servir à la propagande allemande, sous la précédente occupation ; et d’autre part Walt Disney, qui dans le même temps, à Hollywood, pour soutenir le moral des troupes et l’esprit de résistance du peuple, multipliait les dessins animés antinazis.
C’est bien sûr formidablement habile. En effet, comment protester ? Ce serait se reconnaître soi-même nazi, admettre qu’on se sent visé, s’afficher hitlérien. Mais on sait bien que le peuple a été dressé depuis quarante ans à assimiler toute résistance au génocide par substitution, si faible soit-elle — et Dieu sait que celle de Marine Le Pen et du Rassemblement national est faible, et ne s’avoue pas, et même se dénie un peu davantage chaque jour—, à du nazisme, à de la collaboration, à de la complaisance avec le totalitarisme. Neuf spectateurs sur dix perçoivent parfaitement le message, à peine subliminal : soyez courageux comme Marcel Pagnol et Walt Disney, résistez au Mal, ne donnez pas une voix aux héritiers du national-socialisme.
Il est assez curieux que Poutine d’un côté, le remplacisme global davocratique de l’autre, dont Macron est le représentant parfait et dont les médias de l’Égout central sont les chantres infatigables, usent incessamment du même argument, qu’on aurait pu croire éculé, mais qui apparemment continue de faire florès : à savoir qu’ils combattent le nazisme et le néo-nazisme. La seconde carrière d’Adolf Hitler ne s’est jamais si bien portée. On est totalement à fronts renversés. Poutine est certainement en Europe ce qui ressemble le plus étroitement à Hitler depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et la davocratie négationniste-génocidaire est sans aucun doute le totalitarisme le plus rigoureux depuis les beaux jours du national-socialisme et du communisme soviétique. Néanmoins Poutine envahit l’Ukraine dans l’intention affichée de la libérer du nazisme et de ses champions actuels, tandis qu’Emmanuel Macron, soutenu par Mélenchon, se dresse en barrière ultime contre le retour des heures les plus sombres. Dans l’un et l’autre cas il s’agit (presque) entièrement de fantasmes, auxquels personne dans son bon sens ne peut croire un instant sérieusement. Ils ne sont pourtant pas sans effet sur les esprits — et sans doute à propos de la France plus encore que de l’Ukraine.
voir l’entrée du dimanche 24 avril 2022 dans Le Jour ni l’Heure
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