Cancer. Journal 2023

créée le vendredi 26 mai 2023, 11 h 18
modifiée le vendredi 26 mai 2023, 11 h 51
Plieux, jeudi 25 mai 2023, sept heures du soir.
La Presse égout central et le Bloc Génocidaire ne bruissent depuis hier que d’une utilisation par Emmanuel Macron, au Conseil des ministres, le matin, du terme de décivilisation, pour évoquer la dégradation spectaculaire des rapports sociaux et la violence endémique qui règne dans le pays. Est-ce Edwy Plenel qui a lancé “l’affaire”, je n’en sais rien, mais il est un de ceux qui font le plus grand tapage autour de l’emploi présidentiel de ce terme, décivilisation, qui, à les en croire, serait une référence directe à mon livre de ce titre et à moi. Pour ma part je doute fort que le président de la République, que ce soit consciemment ou inconsciemment, m’ait eu en tête lorsqu’il a fait usage de ce vocable très répandu, et qui est l’un des trois ou quatre qui viennent le plus naturellement, ou culturellement, à l’esprit s’il s’agit de décrire l’état présent de la société. Mais Plenel, ses sbires, ses doubles et ses chiens, ont jugé l’occasion trop belle d’incriminer Macron en prétendant qu’il est influencé par moi, et de m’incriminer moi par la même occasion, ce qui est chez eux une antique tradition. 

 Malgré tout ce qu’elle impliquait de coutumières insultes et diffamations à mon égard, désormais à peu près invariables, j’avoue avoir trouvé assez drôle cette agitation totalement vaine et, de toute évidence, entièrement fabriquée (Mme Sandrine Rousseau est allée jusqu’à dire que l’emploi par le chef de l’État du terme décivilisation prouvait bien que nous n’étions plus en démocratie, ou en République, je ne sais plus). Mais le coup le plus sensible est venu du côté le plus inattendu, sous les espèces d’un article évidemment anonyme de CNews en ligne, article qui, malgré l’image droitiste ou ultra-droitiste de cette chaîne, n’a rien à envier, au contraire, par son ton pour parler de moi, aux plus rituels brûlots et anathèmes du Monde ou de Libération. Ce coup de pied de l’âne est intitulé : “Décivilisation : pourquoi le terme employé par Emmanuel Macron fait polémique”. On peut y lire des passages comme celui-ci :

« Si le concept de “décivilisation” est à l’origine issu de la recherche en sociologie et plus particulièrement des travaux de Norbert Elias, qui l’a développé avant la Seconde Guerre mondiale pour analyser l’apparition et la montée du national-socialisme en Allemagne, c’est bien l’extrême droite qui, depuis des années, s’est appropriée le terme en le calquant sur la société française. 

Il s’agit notamment d’un concept utilisé par Renaud Camus, le théoricien identitaire, chantre de la théorie xénophobe du “grand remplacement” [cmqs], qui a publié un livre intitulé Décivilisation en 2011. »

Rien là qui se distingue des tics de langage coutumiers du Bloc Génocidaire. CNews ajoute néanmoins un élément inédit, qui ne relève pas du pur désir d’être accepté au sein de l’Égout central, celui-là, mais reflète une patente volonté de malveillance :

« “Considérer que ce serait pure coïncidence est soit une farce, soit affligeant”, a pour sa part estimé […] Alexis Corbière. Renaud Camus a d’ailleurs lui-même réagi sur les réseaux sociaux, à de multiples reprises, pour se satisfaire de la reprise de “son” concept par le président de la République. »

Inutile d’écrire, j’espère, que je ne me suis nullement félicité (je pense que l’auteur, de façon caractéristique du niveau de langue actuel des journalistes, ne sait pas ce que veut dire se satisfaire…) de la reprise de “mon” concept par le président de la République. Tout juste me suis-je amusé des tentatives de Plenel et du reste du Bloc pour créer une petite ébullition autour de l’emploi d’un mot parfaitement courant et, en l’occurrence, tout naturel. Jamais je n’ai revendiqué pour mien le concept. J’ai au contraire retweeté scrupuleusement tous les intervenants au débat qui rendaient à Norbert Élias ce qui lui est dû. Mais l’auteur anonyme ne désirait pas seulement signifier son appartenance ou son désir d’appartenance au camp davocratique, il voulait aussi me ridiculiser.

Dans les moments comme celui-ci le Bloc Génocidaire est habité en même temps de deux pulsions contradictoires : établir qu’un concept est criminel parce que j’en suis l’auteur ; établir qu’en fait je n’en suis pas du tout l’auteur, que c’est abusivement que je me targue de l’être. Néanmoins, cette fois, il y a nettement progrès : pour le Grand Remplacement, j’en étais l’auteur mais je n’en étais pas l’auteur parce que des théoriciens nazis et néo-nazis l’avaient évoqué avant moi ; pour la décivilisation, j’en suis l’auteur mais je n’en suis pas l’auteur parce qu’un théoricien antinazi l’a évoqué avant moi. On avance. Élias dénonçait la décivilisation, l’abolition de toute forme et de tout protocole civilisé dans les rapports sociaux, Bauman dirait la liquéfaction, comme typique de la société nazie (son livre est une sorte de LTI des gestes et des attitudes). Je la dénonce, moi, comme typique de la davocratie remplaciste, successeur naturel des trois communismes sociaux, soviétique, nazi et américain (au sens où Heidegger parle très justement de “communisme américain” — on pourrait ajouter le précédent plus lointain du “communisme social” de la Terreur française, avec son tutoiement obligatoire, déjà). 

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