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créée le jeudi 24 août 2023, 16 h 53
modifiée le vendredi 25 août 2023, 17 h 31Plieux, jeudi 24 août 2023, trois heures et demie, l’après-midi. Je croyais calmé le voisin haineux, Kévin Candelon, l’homme de La Garrière et de l’ex-restaurant Drôles d’oiseaux, après sa totale victoire. Par le moyen de la terreur canine il a privatisé de fait, avec la bénédiction tacite de la mairie et de la gendarmerie, le chemin de la rivière, ce qui nous oblige à ne nous promener jamais, en devant traverser chaque fois tout le village, que sur le plateau, un peu lassant, et nous interdit la vallée, où j’ai marché paisiblement tous les jours pendant un quart de siècle, avant son arrivée, sans déranger personne. Nul n’a envie, évidemment, de s’exposer à un molosse d’un mètre cinquante au garrot, qui fond sur vous la rage aux babines du plus loin qu’il vous aperçoit, toute la haine de son maître dans les gencives et dans les dents. Ou bien il se tient au milieu de l’étroit sentier et vous défie d’avancer sur lui, sans que jamais ses propriétaires le rappellent, le calment, ou aient à votre égard un mot d’excuse (mais là on entre dans l’inimaginable, on change de civilisation). « Tant que vous n’avez pas été mordu on ne peut rien faire », m’a dit un jour un très désagréable officier de gendarmerie — en quoi d’ailleurs il bafouait allègrement la loi, car certainement elle n’autorise pas les entraîneurs de mâtins furieux à les laisser fondre sur de malheureux promeneurs le long des chemins publics (ou à les encourager à le faire).

Mais l’homme n’est pas calmé du tout, ni ne se repose sur ses lauriers. Au contraire, il se répand sur les réseaux sociaux en attaques, diffamations et souhaits de mort à mon endroit, diffusant tout naturellement comme pain bénit les accusations des plus caricaturaux de mes adversaires, selon lesquelles je suis l’inspirateur non seulement de Brenton Tarrent, le tueur de Christchurch (une légende dont la justice a fait litière, Dieu merci), mais même celui d’Anders Breivik, le tueur norvégien, qui a commis son crime alors que n’était même pas parue la première édition du Grand Remplacement :

« Mais !!! C est mon cher voisin ça ! Alors il n a pas que Breivik qui l a suivi. Celui en nouvelle Zélande aussi : 46 morts. Plus toute la campagne idéologique de Zemmour, plus…. J arrête la. »

Cela en réponse aux clients éventuels de sa “Maison de campagne pour 18-20 personnes”, à l’adresse de @LaDilletante — un cas sans doute assez rare de tenancier qui ne sait pas écrire le nom de son propre établissement… On l’interroge sur notre voisinage :

« Oui, c est mon premier voisin. Il vient de signer pour une traduction américaine. Pas fini d en entendre parler de ce truc…. Humainement il est horrible. On a pas que lui dans le village en plus… »

Ne me connaissant pas d’alliés locaux, je ne sais pas très bien à quoi et à qui fait allusion la dernière phrase. Mais on entretient à La Garrière d’aimables et généreux espoirs de se débarrasser rapidement de moi :

« Le Covid a failli, un potentiel acheteur aussi (maître Joachim avocat de Jm le pen….), et là il a un cancer. Juste pour dormir et manger c est possible. Le temps fera son affaire. »

On entre dans un type humain avec lequel l’échange est difficile, là… Il n’y a pas de langue commune, ni d’âme.

Pour ce qui est du chien, il est naturellement très gentil : par une malchance insigne il n’y a que moi qu’il déteste et qu’il attaque — et Pierre, tout de même, et Verwaerde, et d’autres gens du village qui ont eu comme nous affaire à lui, et qui ont comme nous renoncé au joli chemin de la rivière, la peur au ventre. Après tout cet homme a toute une clientèle virtuelle, entre les rangs touffus des Amis du Désastre, mes adversaires. Je vois bien aussi, sous ses beaux enduits, un gentil colloque Asensio-Soral-Rougeyron-Lesquen, avec scènes de chasse en Lomagne. Ou bien il pourra se contenter de dresser ses hôtes, en guise d’activités (je crois que c’est très important, les activités, dans ces cas-là), à de formidables charivaris sous nos fenêtres à cinq heures du matin, comme il arriva au début du mois — ou pis.

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