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créée le lundi 23 octobre 2023, 12 h 27
modifiée le mardi 24 octobre 2023, 9 h 49Plieux, lundi 23 octobre 2023, onze heures et quart, le matin. La journée d’hier a été très peu productive pour le travail parce qu’elle s’est passée presque tout entière à une “officialisation”, si l’on peut dire (c’est surtout une “officialisation” auprès de moi), du changement de ma position au sujet d’Israël — il va sans dire que le monde réel ne devrait pas être trop sérieusement affecté par cette révision de mon point de vue.

Bien entendu, c’est le résultat d’une évolution de longue date ébauchée. D’aussi loin que je me souvienne j’ai toujours été ardemment sioniste, mais, à propos de la situation sur le terrain, j’étais favorable, “comme tout le monde”, à la solution dite “des deux États”. Et l’In-nocence et le CNRE ont bien dû émettre à travers les années nombre de communiqués reflétant cette position-là, et condamnant fermement par exemple, quand l’occasion s’en présentait, les “colons” et la “colonisation”, en Cisjordanie. Or ce sont justement ces termes qui sont au centre de la révision de ma doctrine, en grande partie par analogie avec la situation française. Je l’ai écrit mille fois, Israël est pour moi l’étalon-or de toute appartenance : si Israël n’est pas aux juifs on tombe dans un monde purement hermogénien, nominaliste, Cratyle est définitivement vaincu (ce qu’il ne saurait être (ni vainqueur, semble-t-il)) et il n’y a plus aucune raison pour que la France soit aux Français, ou la Chine aux Chinois. Or je trouverais fort mauvais, évidemment, qu’un indigène français, s’établissant à Roubaix, à Vénissieux ou dans les quartiers nord de Marseille, soit appelé par qui que ce soit un colon, et son établissement là-bas un acte de colonisation : ce sont naturellement les autres, l’occupant imposé par le Bloc Génocidaire, les colons. Et je trouverais encore plus mauvais qu’une partition survienne sur le territoire de la France, et que les Hauts-de-France, la Champagne, la Lorraine, l’Alsace, la Bourgogne, une partie de l’Île-de-France, avec frontière coupant Paris en deux, soient abandonnés au peuple de remplacement, sous prétexte qu’il y est désormais innombrable, et qu’il y fait la loi (par la nocence). Il me faut faire preuve d’un minimum de logique. Israël est le pays des Israéliens comme la France est le pays des Français et le Tibet celui des Tibétains. Même s’ils en ont été dépouillés pendants vingt siècles, les juifs ont droit à Israël, à tout Israël, et par excellence à la Judée-Samarie, comme les Français à l’Auvergne ou aux Pays de la Loire. Les Israéliens ont eu grand tort de laisser appeler “colons” ceux d’entre eux qui se sont installés dans ces régions qui font partie de leur pays depuis la nuit des temps : ce ne sont pas des colons, ce sont des décolons, des décolonisateurs, des libérateurs du territoire. Ce n’est pas du “Grand Israël” que je suis partisan, c’est d’Israël au complet, comme bien sûr de la France au complet. Il n’est pas question de céder un pouce de territoire — et de l’horrible “vivre ensemble” moins encore : décolonisation générale, remigration, chacun chez soi.

Évidemment les événements du 7 octobre ont joué un rôle décisif pour m’inciter à franchir l’ultime pas. Le Hamas est arrivé en une seule journée et une épouvantable nuit à faire ce qu’Israël n’avait pu faire en trois quarts de siècle : enterrer la cause palestinienne. Non seulement il n’est pas question de vivre avec ces gens-là, il n’est pas question non plus de vivre à côté d’eux. Ils ne nous ont même pas laissé Oran, au moment de la décolonisation de l’Algérie : nous n’avons aucune raison de leur laisser Marseille (ou Ramallah).

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