créée le lundi 20 novembre 2023, 12 h 14
modifiée le lundi 20 novembre 2023, 12 h 57Plieux, lundi 20 novembre 2023, dix heures et demie du matin. Dans la nuit de samedi à dimanche, lors d’un bal au village de Crépol, dans la Drôme, a surgi ce que les médias négationnistes eux-mêmes appellent “une bande de jeunes”, venue d’une “cité” de la ville voisine de Romans, munie de couteaux, et qui s’est engagée aussitôt dans une espèce de tuerie indifférenciée, laissant sur le carreau un garçon de dix-sept ans, nommé Thomas, semble-t-il (la civilisation des prénoms, toujours — même les victimes n’ont pas droit à un nom), et blessant seize autres personnes, dont deux ou trois très grièvement.
« Il y avait du sang partout », dit l’un des témoins. Cependant ils sont peu diserts, et ceux qui ont accès aux médias n’ont absolument rien à dire sur les tueurs, sur leur type, leur genre, leur espèce, leur race : ce sont des tueurs sans visage et sans identité — à moins que les propos des personnes interrogées n’aient été soigneusement épurés, bien entendu.
Non moins bien entendu, je ne sais rien du fond de l’affaire. Mais tout est fait pour que moi ni personne n’en sachions rien, justement. Dans ces conditions on n’ose pas trop s’aventurer au commentaire, de crainte que cet épisode sanglant ne soit pas du tout ce que, selon toute apparence, il semble bien être, et qu’on soit ridiculisé. Il n’y a aucun moyen d’en savoir plus. Pas un mot ce matin aux informations : je m’attendais naïvement à ce qu’il ne soit question que de cela tant ce paraît énorme, mais même un Guillaume Erner, qui est de la Drôme et fait sans cesse référence à ce département, ne semblait pas au courant du drame, sur France Culture, et préférait recevoir longuement Yascha Mounk, qui l’assurait rituellement du danger du sentiment identitaire dans le monde — en effet…
Si comme il semble la tragédie de Crépol est bien ce qu’il y a tout lieu d’imaginer qu’elle est, une sorte de petit 7 octobre français, avec bande de tueurs arabo-musulmans survenant tous couteaux brandis au milieu d’une foule indigène — sans doute à l’exemple du 7 octobre, justement, en hommage au 7 octobre… —, alors le négationnisme des médias Égout central (et même des autres, s’il y en a d’autres) dépasse toutes les bornes pourtant larges enregistrées jusqu’à présent. J’ai eu tort d’écrire que le Bloc Négationniste-Génocidaire était de plus en plus génocidaire, certes, mais qu’il n’était plus négationniste. Il n’est plus négationniste en cela qu’à de rares exceptions près il ne nie plus le Grand Remplacement mais s’en félicite au contraire, et jette l’opprobre sur tous ceux qui ne s’en réjouissent pas autant que lui ; mais il l’est encore, et plus que jamais, en ceci qu’il en nie de toutes ses forces les conséquences dramatiques et sanglantes : il fait plus que les nier, d’ailleurs, il les efface, il les cache, il fait semblant de ne pas les connaître pour que personne ne les connaisse. Si Israël disposait d’une presse telle que la presse française, le 7 octobre serait un différend sur la sonorisation au cours d’une fête de campagne, une descente de voisins irascibles importunés par le bruit, la contestation un peu virulente d’un arbitrage de rugby. Et dès le lendemain il n’en serait plus question dans les médias. Gaza coulerait des jours paisibles et pourrait affûter tranquillement ses rockets, tout en rangeant dans ses caves, sous ses hôpitaux, ses kalachnikovs et ses otages.
Si d’aucuns entretenaient encore un doute sur ce que j’appelle “la préférence occupante”, il suffirait, comme d’habitude, d’imaginer un instant la situation inverse, presque inimaginable heureusement : celle où de jeunes indigènes, rendus fous par les égorgements quotidiens et les humiliations d’un demi-siècle, auraient attaqué, ce qu’à Dieu ne plaise, un mariage occupant, mettons, blessé plus ou moins grièvement dix-sept personnes et laissé mort le marié baignant dans le sang des autres victimes et le sien : le pays serait livré six mois durant aux incendies et aux pillages, il faudrait augmenter encore le tribut dit “politique de la Ville”, et la gigantesque razzia ne prendrait fin, comme en juin dernier, que sur les ordres des trafiquants de drogues chimiques et idéologiques exaspérés, désireux de se remettre au plus vite à leurs affaires. Le Monde, Libération, Télérama, Le Figaro, BFMTV, France 2 et France Culture insisteraient sur la nécessité de comprendre les jeunes, aussi — ceux des razzias et incendies, naturellement. On ne manquerait pas de m’attribuer la responsabilité du désastre.
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