Journal 2024

créée le dimanche 7 janvier 2024, 19 h 18
modifiée le dimanche 7 janvier 2024, 19 h 32
Plieux, dimanche 7 janvier 2024, midi et demi.
Le plus actif de mes harceleurs coutumiers, ces temps-ci, est un certain “Benjamin Diamond”, qui arbore en guise d’icône, en sus de son pseudonyme, le visage de Clint Eastwood, comme trente millions d’autres, et affiche dans ses attaques inlassables tous les topoï et les plus inusables pont-aux-ânes des trolls un peu débiles de la catégorie intellectuelle et morale la plus basse et la plus sale. Il n’en manque pas un, ni un bouton de guêtre : attaques incessantes sur l’âge (on ne saurait trop recommander le racisme gérontophobe à tous les racistes prudents, qui voudraient bien connaître les émotions et les joies des divers racismes sans se soumettre à leurs dangers), références obsessionnelles aux EHPAD, où bien entendu je devrais être depuis longtemps, à mes maladies réelles ou potentielles, aux couches à changer, à ma vessie, et bien entendu à Albert Camus, dont la grande ombre me rend malade (c’est moins élégamment tourné), puisque je sais bien que je ne serai jamais rien auprès de lui : suite de figures imposées qui figure en bonne place, sans aucun doute, aux premières pages du manuel élémentaire du troll stagiaire première année, en zone prioritaire. La contradiction est la même qu’avec Asensio, mais avec une plus grande concentration dans le temps : il s’agit d’établir que je suis insignifiant, et un écrivain au-dessous du médiocre, déjà tout à fait oublié — ce qui me semble un point de vue tout à fait défendable, naturellement, mais un peu compromis si on met à le soutenir, comme en l’occurrence, une centaine de tweets en quarante-huit heures.

Rien d’original jusqu’à présent, tout de tristement banal au contraire : des crétins d’une aussi belle eau le siècle en a plein ses tiroirs, comme dit Aragon, et il y en sévit des dizaines de milliers sur les réseaux sociaux, qu’on imagine issus des couches culturellement les plus défavorisées de la population, obligés par la faim ou par l’ardeur militante de faire ce vilain métier, et auxquels, pour cette raison, on se défend d’en vouloir sérieusement. Un ou deux traits plus originaux de celui-ci, toutefois, c’est qu’il a une fiche Wikipedia, en tant que “musicien français” et disc-jockey ; et qu’il est le fils de l’éditeur Olivier Cohen, qui a dirigé le Seuil et fondé les Éditions de l’Olivier — je l’ai d’abord confondu avec Jean-Étienne Cohen-Séat, qui a dirigé les éditions Mazarine, lui, et qui fut le premier éditeur de Tricks. Quoi qu’il en soit, la fiche Wikipedia ne donne pas d’explication à cette dégringolade socio-culturelle, au demeurant assez conforme aux implacables lois de la Grande Déculturation.

En fin de journée, hier, Diamond-Cohen semblait prêt à passer au chantage. Il paraît obsédé par Édith Heurgon et par Cerisy-la-Salle, et par les raisons, apparemment liées à mon manque de style, qui font qu’Édith Heurgon n’a jamais voulu m’inviter à Cerisy-la-Salle. À vrai dire je ne vois pas trop pourquoi Mme Heurgon m’aurait invité à Cerisy, et je ne me suis jamais fait le moindre souci à ce sujet, ni seulement posé un seul instant la question. Mais pour Cohen-Diamond, dirait-on, c’est sans nul doute une terrible plaie à mon côté. Au milieu de la nuit il en était encore à me demander, sur un ton menaçant, si je tenais vraiment, mais alors vraiment, à ce qu’on parle de Cerisy, d’Édith Heurgon, de Roland Barthes et de tout ça. Je n’y tenais pas plus que cela, évidemment, car l’idée ne m’en avait jamais effleuré l’esprit ; et parce que j’ignorais tout à fait qu’il y eût là un sujet quelconque ; mais puisque lui semblait y tenir très fort il éveillait ma curiosité et oui, oui, oui, répondais-je, j’étais très preneur de révélations sensationnelles sur cette terra da me incognita. Aucune nouvelle depuis lors. Je vois même que le pauvre troll m’a bloqué, comme font souvent les trolls quand on les pousse à bout et les met au pied du mur. La grande famille de l’édition a bien dégénéré.

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