créée le lundi 15 janvier 2024, 11 h 13
modifiée le lundi 15 janvier 2024, 11 h 33Plieux, lundi 15 janvier 2024, dix heures et demie du matin. La profonde relation entre les deux “affaires Camus”, si l’on peut dire — “le Panorama de France Culture”, en 2000, et “le Grand Remplacement”, en 2012 et depuis lors— devient tout à fait manifeste, avec le temps. Dans le deux cas, avec le recul, les faits qu’on me reproche d’avoir mis sur le tapis ne sont pour ainsi dire plus contestés par personne. Finkielkraut, trente ans après, reconnaît que l’émission-phare de la chaîne, vers 1994, quand j’écrivais les lignes de journal qui devaient causer un tel esclandre six années plus tard, avait pris un tour nettement communautaire, “judéo-centré”, précise-t-il, qui faisait s’arracher les cheveux, c’est toujours Finkielkraut qui parle, au directeur d’alors de la station, Jean-Marie Borzeix. Quant au changement de peuple et de civilisation, il est admis de toute part, surtout par ceux qui s’en félicitent. Même Hervé Le Bras, le plus direct adversaire de la notion, ou du syntagme (Finkielkraut en est un autre), estime qu’il n’y a pas de Grand Remplacement, certes, mais une myriade de petits, ce qui revient exactement au même. Les autres parlent de créolisation, de diversité, d’archipel, de Grande Expérience, etc.
Donc je n’écrivais absolument rien de mensonger, ni même d’exagéré. Je nommais ce qui était, ce que je voyais et constatais, et ce me paraît la moindre des choses, pour un écrivain. Mais ces choses-là, pour éclatantes d’évidence qu’elles fussent, ne devaient en aucun cas être dites. Le pouvoir innombrable et féroce, d’autant plus féroce qu’en régime de dictature de la petite bourgeoisie il est innombrable, et bien installé dans toutes les têtes, disposait, pour assurer le silence à leur sujet, d’armes absolues de langage parfaitement aptes à pulvériser sans reste les malheureux qui se risqueraient à briser l’omerta, sur les deux sujets : quiconque ferait mine de remarquer le petit abus plutôt comique du “Panorama de France Culture” serait un antisémite, “pire que Hitler’ (Laure Adler) ; quiconque aurait le mauvais goût de paraître s’aviser du génocide par substitution serait un raciste, et néo-nazi pour la bonne mesure. On touche là à l’une des caractéristiques majeures de l’époque, c’est-à-dire du remplacisme global davocratique et totalitaire : le remplacement permanent de la question : est-ce vrai ? par la question : a-t-on le droit de le dire ? — la substitution systématique de l’opportunité (morale, idéologique, sociale, religieuse, économique, financière, etc.) à la vérité.
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