créée le samedi 8 février 2025, 23 h 59
modifiée le dimanche 9 février 2025, 18 h 12Plieux, samedi 8 février 2025, sept heures du soir. Les esprits et les peuples, et les esprits des peuples, ont beaucoup de mal à s’accommoder des variations, des évolutions et même des renversements de nature des idéologies, des doctrines et des religions. Ainsi presque toute l’élite intellectuelle allemande de la fin du XVIIIe siècle, les Hegel, les Schelling, les Schiller, les Hölderlin, sans parler des Beethoven, se sont enthousiasmés pour la Révolution française, en laquelle ils ont vu le souffle immense de la liberté, et même la liberté elle-même. Il n’était pas facile après cela d’ajuster les intelligences et les cœurs à la tyrannie napoléonienne (il n’est que de songer à la rage de Beethoven, qui dédédicace l’Héroïque), à la conquête française, à l’humiliation prussienne et autrichienne, à Jérôme Bonaparte à Cassel. Et les situations étaient grosso modo les mêmes, à la même époque, en Espagne et en Italie. Tous les partisans de la République parthénopéenne ou du roi Joseph n’étaient pas nécessairement des traîtres. Ils avaient cru à 1789 et même à 1792, voire à 1795 ou 1798. Et pourtant dès 93, tout était dit, et même écrit rouge sur blanc, dans le panier des têtes.
Même les chrétiens du début, comment ont-ils pris l’évolution de leur Église et de ses chefs en de formidables pouvoirs, devant lesquels tremblaient rois et empereurs, et dont il fallait baiser la mule, ou l’anneau ?
Combien de gens ont pensé que le communisme était le mouvement le plus noble de la Terre, le plus juste, le plus généreux pour les humbles ? Sartre a-t-il bel et bien dit que « tout anticommuniste est un chien » ? — c’était à une époque où les camps tournaient encore à plein régime, en Sibérie.
La formule d’Alain Finkielkraut est décidément d’une justesse admirable :
« L’antiracisme est le communisme du XXIe siècle ».
En effet il produit exactement le même type d’aveuglement. Tous deux sont nés très sympathiques, surtout l’antiracisme, incritiquable, bonté, noblesse, justice et vertu incarnées, surtout après ce que l’on venait de connaître, et de découvrir. Il a conquis le monde, il s’est soumis toutes les institutions, il a pénétré jusqu’au tréfonds de l’enthousiasme des peuples, c’était l’incarnation du bien. Comment imaginer après cela qu’il ait pu changer de bord, passer du comble de la légitimité et de la rectitude au comble de la criminalité et du calcul intéressé, électoral ou financier ? Je veux bien que le racisme a tué plus de monde, et plus atrocement, mais l’antiracisme a bien davantage détruit — ne serait-ce que la civilisation des Européens d’Europe, et leur cadre de vie. Quant au nombre de morts, il s’évertue chaque jour à combler son retard sur son vieil adversaire. Mais non, les yeux ne veulent pas s’ouvrir sur lui, pas plus qu’en d’autre temps sur le communisme, ou le christianisme, ou la “liberté” : on les a connus tout enfants, ils étaient la gentillesse même, il n’est pas possible qu’ils aient changé au point que vous dites — une agression par seconde, en France aujourd’hui (et encore un meurtre d’enfant, ce soir).
voir l’entrée du samedi 8 février 2025 dans Le Jour ni l’Heure
Ce bouton permet de se déplacer rapidement dans le site de Renaud Camus. masquer les messages d’aide |
Ces boutons fléchés permettent de consulter les différentes entrées du journal de Renaud Camus. Les autres boutons vous proposent diverses options. Survolez-les avec la souris pour en savoir plus. masquer les messages d’aide |