Cher Monsieur,
 
 
 
 
 

je vous lis depuis 1975 avec une admiration qui ne s'est jamais démentie. L'ami, de vingt ans mon cadet, avec qui j'ai vécu quinze années et qui est mort en 1990, avait, lui aussi, une profonde estime pour votre sens esthétique,  mais aussi pour l'éthique superbe que votre oeuvre esquissait, cette oeuvre dont les gens superficiels ne devinent pas la puissance et l'originalité. Vous croire antisémite est aussi stupide que vous traiter d'homophobe.
 

Il y a près de vingt ans, publiant, dans "Le Soir" de Bruxelles, une carte blanche intitulée "Laisser dire..." (mais non "laisser faire"), où - pour faire court - je m'opposais à un projet de législation réinventant le délit de blasphème, j'avais été surpris de voir mon texte précédé d'un très long chapeau rédigé par le rédacteur en chef, soucieux de m'épargner (ou de s'épargner ?) la vertueuse colère des censeurs de tous ordres.

Pour vous, c'est autrement grave: on instaure un grief qui n'est que dans l'imaginaire de ceux qui l'énoncent.

Je vous quitte pour me plonger dans votre prometteur "Eloge du paraître", dont quelques pages sur "l'honneur" m'ont déjà mis en appétit. Et je vous redis, Maître, combien, pour ceux qui croient que la "sculpture du moi" est la grande affaire de la vie, votre apport a été, en effet, celui d'un Maître.

Freddy Laurent.
 

Note à cette note: je crois bien avoir acheté et lu tous vos livres sans exception, romanesques, théoriques ou élégiaques; j'ai même rassembler l'ensemble de toutes vos rubriques dans le «Gai Pied» des débuts.