Giocate, giocate pure

par Valérie Scigala et Emmanuel Fontana
  10 mars 2007

Texte original recopié du Site des Lecteurs de Renaud Camus.


Cette page est consacrée au repérage et à la traduction des citations et passages en italien dans les quatre premiers volumes des Eglogues.

Passage

Il Giardino dei Finzi-Contini

La quasi-totalité des citations en italien que l'on trouve dans Passage sont extraites du roman de Giorgio Bassani, Le jardin des Finzi-Contini.
Epigraphe : « Giocate, giocate pure : non è di voi che stiamo parlando. », citation reprise aux pages 94, 104, 116, 176 et 197. « Jouez, mais jouez donc, ce n'est pas de vous que nous parlons » Folio p.106 et Einaudi 1962, p. 83 (traduction : Michel Arnaud). La première partie de cette citation est reprise dans Echange, page 212. On retrouve la citation complète dans Travers, page 278 et dans Eté, page 383.
Page 44 : « La questione è che per giocare a tennis, e ballare, ci vuole il partner, mentre io a Venezia non conosco nessuno di adatto. E poi ti dico : Venezia sarà bellissima, non discuto, però non mi ci trovo. Mi ci sento provvisoria, spaesata… un po’ come all’estero ». Les deux dernières phrases de cette citation sont reprises à la page 91 de Travers. La seconde partie de la première phrase (« Mentre io a Venezia non conosco nessuno di adatto ») est reprise à la page 73 de Eté. On trouve aussi à la page 49 de Passage : « Ses mots sont : provvisoria, spaesata… un po’ come all’estero. » « Le problème, c'est que pour jouer au tennis et danser, il faut un partner, et moi, à Venise, je ne connais personne qui fasse l'affaire. Et puis je te le répète : Venise est sans doute très belle, je ne le discute pas, mais je ne m'y trouve pas bien. Je m'y sens de passage, dépaysée... un peu comme à l'étranger. » Folio p.100 et Einaudi 1962, p. 78
Pages 50 et 197 : « Avevano sempre parlato di tante cose, allora, andando in giro per il parco » « Nous avions toujours parlé de tant de choses, alors, en nous promenant dans le parc » Folio p.166 et Einaudi 1962, p.132
Page 51 : « Qualcosa di più intimo, disent-ils. Ma che cosa propriamente ? » Cette citation est reprise (sans l’incise en français) aux pages 81, 173 et 205. « Quelque chose de plus intime. Mais quoi, exactement ? » Folio p.46 et Einaudi 1962, p.37
Page 59 : « E allora ? La realtà è che il tennis – sentenziò, con straordinaria enfusi – oltre che uno sport, è anche un arte, e come tutte le arti esige un particolare talento. » Cette citation est reprise page 121 de Passage et à la page 231 de Echange. « Et alors ? La vérité, c’est que le tennis, décréta – avec une extraordinaire emphase, en plus d'un sport, est également un art, et que, comme tous les arts, il exige un talent particulier » Folio p.295 et Einaudi 1962, p.232
Page 66 : « oppure, dall’altra parte, dalla cima delle Mura degli Angeli imminente al Parco, penetrare con lo sguardo attraverso l’introco selvoso dei tronchi, dei rami, e del fogliame sottostante, fino a intravedere lo strano, aguzzo profilo della dimora padronale, con dietro, molto piu in là, al margine di una radura… » « Ou bien, de l’autre côté, du sommet du rempart des Anges qui dominait le parc, il suffisait de pénétrer par le regard à travers l’enchevêtrement sylvestre des troncs, des branches et du feuillage situé en dessous de vous, jusqu’à entrevoir l’étrange profil aigu de la demeure des maîtres du lieu, avec, derrière, beaucoup plus loin, à la lisière d’une clairière... » Folio p.29 et Einaudi 1962 , p.24
Page 68 : « Avevano l’aria di esser passati dal tennis per caso, di ritorno da una lunga passeggiata nel parco. » Cette citation est reprise page 195 de Passage et à la page 189 de Echange. « Ils avaient l’air d’être passés par hasard par le tennis en revenant d’une longue promenade dans le parc. » Folio p.123 et Einaudi 1962, p.96
Page 83 : « Posso, se vuoi, descriverti quello che vedo guardando fuori dalla finestra. » Cette citation est reprise page 201. « Je peux, si tu le veux, te décrire ce que je vois en regardant par la fenêtre. » Folio p.162 et Einaudi 1962, p.129
Pages 85 et 86 : « Come facevo a non capire ? Come duravo a vivere senza sentire ? C’era in fondo alla radura del tennis, per esempio, ad ovest rispetto al campo, un gruppo di sette esili, altissime Washingtoniae graciles o palme del deserto, isolate dal resto della vegetazione retrostante » Repris en deux fois page 380 de Eté. La première phrase de cette citation est reprise page 192 de Passage. Pages 96 et 108 de Passage : « Come facevo a non capire ? Come duravo a vivere, senza sentire ? » « Comment pouvais-je ne pas comprendre ? Comment pouvais-je vivre sans sentir ? Par exemple, il y avait au fond de la clairière du tennis, à l’ouest par rapport au court, un groupe de sept minces et très hauts Washingtoniae graciles, ou palmiers du désert, isolés du reste de la végétation située derrière » Folio, p.140 et Einaudi 1962, p.110
Page 92 : « Posso concederti al massimo il vantaggio del servizio. Servi, su ! » « Je peux au maximum t'accorder l'avantage du service. Allons, sers ! » Folio p.294 et Einaudi 1962 : p. 231
Page 102 : « E tutti i pomeriggi erano buoni, se la cosa mi interessavo, aveva aggiunto. Oggi, domani, dopodomani : potevo andare quando volevo, portando con me chi volevo, e anche il sabato, naturalmente. » On retrouve page 356 de Eté le fragment suivant : « Oggi, domani, dopodomani, e anche il sabato, naturalmente. » « Et si la chose m’intéressait tous les après-midi étaient bons, avait-il ajouté. Aujourd'hui, demain, après-demain : je pouvais venir quand je voudrais, amenant avec moi qui je voudrais, et cela, bien entendu, également le samedi. » Folio p.86 et Einaudi 1962, p.68
Page 116 : « Non si sentivano, dal punto dove eravano, gli schiocchi regolari che le loro rachette facevano, rimandandosi la palla ? » Cette citation est reprise à la page 127 et à la page 191. « Est-ce que nous n’entendions pas, de l’endroit où nous étions, les claquements réguliers que faisaient leurs raquettes en se renvoyant la balle ? » Folio p.122 et Einaudi 1962, p.96
Page 116 : « Mais le reste de ses paroles se perd : avevano superato facilmente tre turni, ed ora si preparavano a disputare la semifinale. » « ils avaient sans difficulté franchi trois éliminatoires, et maintenant se préparaient à disputer la demi-finale. » Folio p.93 et Einaudi 1962, p.73
Page 121 : « Io… io le stavo di fianco, capivo ?, non già di fronte : mentre l’amore – così almeno, se lo immaginava lei – era roba per gente decisa a sopprafarsi a vicenda : uno sport crudele, feroce, ben piu crudele e feroce del tennis ! » Le passage après les deux points est repris à la page 152. « Mentre l’amor » est repris page 96. On trouve une traduction partielle de cette citation dans Eté, page 362. « Moi... moi, j'étais à côté d'elle, est-ce que je le comprenais ? et non pas devant face à elle : alors que l'amour  du moins, était-ce ainsi qu'elle se l'imaginait  était une chose pour des gens décidés à l'emporter l'un sur l'autre à tour de rôle : un sport cruel, féroce, bien plus cruel et féroce que le tennis ! » Folio p.283 et Einaudi 1962, p.222
Page 128 : « E intanto ci indicava col braccio il viale che dopo un centinaio di metri si inoltrava dentro un folto di canne d’India. Anche a poter usare la bicicletta – avvertì –, tre o quattro minuti bisognava sempre metterceli, soltanto per arrivare al « palazzo ». » « Et, en même temps, il nous indiquait du bras l’allée qui, au bout d’une centaine de mètres, s’enfonçait dans un fourré de bambous. Même si l’on pouvait se servir d’une bicyclette, nous prévint-il, il fallait toujours mettre trois ou quatre minutes rien que pour arriver au « palazzo ». » Folio p.111 et Einaudi 1962, p.87
Page 150 : « E cioè : quasi niente out, in particolare dietro le righe di fondo ; terreno bianco, e poi mal drenato, che per poco che fosse piovuto si sarebbe trasformato in un pantano ; nessuna siepe sempreverde a contatto delle reti metalliche di recinzione. » « Et de fait, presque aucun out, en particulier derrière les lignes du fond ; un sol blanc et, de plus, mal drainé, qui, pour peu qu'il pleuve, se transformerait en un marécage, et pas la moindre haie toujours verte contre les grillages métaliques d'enceinte. » Folio p.116 et Einaudi 1962, p.91
Page 180 : « con dietro, molto piu in là, al margine di una radura, la macchia bigia del campo di tennis : ed ecco che l’antico sgarbo del disconoscimento e della separazione tornava ancora a far male, a bruciare quasi come da principio. » « avec, derrière, beaucoup plus loin, à la lisière d’une clairière, la tache grise du court de tennis : et voici que le vieil affront de ce refus de frayer avec autrui et de cette ségrégation volontaire recommençait à vous faire mal, à vous brûler comme au début. » Folio p.29 et Einaudi 1962 , p.24
Page 193 : « Tornammo adagio verso il campo di tennis. » « Nous revînmes lentement vers le court de tennis. » Folio p.132 et Einaudi 1962, p.103

Prima della Rivoluzione

Pages 155 et 170 : « Verdi, Verdi, Verdi, sempre Verdi ! » (Verdi, Verdi, Verdi, toujours Verdi !) Source : il s’agit d’une citation extraite de l’une des dernières séquences de Prima della Rivoluzione, de Bertolucci (1964). C’est Gina (interprétée par Adriana Asti), la tante du héros-narrateur (Fabrizio), qui se plaint ainsi un soir de première au Teatro Regio de Parme (on y joue Macbeth). Voici l’intégralité du passage dans le film : « Però, che noia Verdi. Verdi, Verdi, Verdi cosi amato ! Non se ne può piu ! Dopo tutto che cos’è ? Quello che noi non siamo. Basta, lo odio ! Preferisco Mozart ! » (Pourtant, Verdi, quel ennui ! Verdi, Verdi, Verdi tant aimé ! On n’en peut plus ! Après tout, qu’est ce qu’il représente ? Ce que nous ne sommes pas. Ça suffit, je le déteste ! Je préfère Mozart !). Cette séquence est également évoquée pages 84 et 85 et de façon plus précise page 155. On la retrouve dans les trois autres volumes des Eglogues, par exemple dans Eté page 163.
Il y a dans Passage d’autres références à Prima della Rivoluzione : pages 84 et 85, 96, 146, 196 (« Aux confins de la ville, un garçon blond occupé à un étrange ballet ne cesse de tomber de sa bicyclette » : il s’agit ici du personnage d’Agostino, interprété par Allen Midgette, que l’on retrouvera plus tard dans quelques films de Warhol (Four stars, Lonesome cow-boys, Nude Restaurant), cf. Eté, page 163).

Échange

Les citations en italien sont peu nombreuses dans Echange : il s’agit uniquement de plusieurs extraits du Jardin des Finzi-Contini (déjà cités dans Passage).

On signalera seulement ce passage (pages 138-139) où l’on glisse avec virtuosité de l’évocation de Senso, de Visconti (orthographié Senzo) à Prima della Rivoluzione (par Verdi), puis à Mort à Venise (par le biais du personnage de Senso, Franz Mahler) et enfin au Mahler de Ken Russell :
« Le rideau tombe. L’assistance est debout, à toutes les travées, délirante. Une nuée de feuilles volantes est déversée sur le parterre. Verdi, Verdi, sempre Verdi. C’est alors que se situe la courte altercation entre les deux hommes, et qu’il est question, pour la première fois, d’un duel. Puis, ménagée par le général autrichien, qui sans doute méprise le mari, c’est la rencontre des futurs amants dans une loge. Après tout, c’est sa cousine. Le metteur en scène aurait été guidé, dans son interprétation de la nouvelle originale, par des souvenirs autobiographiques. Lui porte précisément le nom du compositeur dont la musique sera attribuée, tant d’années plus tard, à l’infortuné héros de l’autre film vénitien. On se souvient qu’il s’agit dans le roman, inspiré à Mann, probablement, par un souvenir personnel de la cité des doges, un incident à peine esquissé, en grande partie imaginé, rêvé et craint, d’un écrivain. La transposition dès lors a pour effet d’entraîner, peu ou prou, un personnage réel dans une œuvre de fiction, et de lui faire jouer un rôle sans équivalent dans ce que l’on sait de sa vie. Il est vrai que l’œuvre de Russell qui lui est consacrée, si du moins l’on en croit son titre, et qu’ils voient par hasard, au moment de Pâques ou des Rameaux, dans une petite salle romaine proche du Corso, où chacun se livre, en changeant constamment de place, malgré les efforts d’ouvreuses complètement dépassées par les événements, à une drague frénétique, ne lui est pas davantage fidèle, bien au contraire. » Cf aussi pages 129-130, et 169-170 (combinaisons encore plus complexes !)

Travers

Page 53 : « Le avvenenti forme di Jane attirano l’attenzione di due losche figure » (Les formes avenantes de Jane attirent l’attention de deux personnages louches). Page 180 : « Ora che siamo insieme combiniamo qualcosa per stasera. » (Maintenant qu’on est ensemble, organisons quelque chose pour ce soir.) Ces deux citations sont extraites d’une bande dessinée pornographique italienne : Un Fantasma a Hollywood, collection Fasma, Marchio Qualità . On peut signaler aussi, dans un esprit voisin : « Sous un prétexte fallacieux, Lucio entraîna la belle Lola dans un terrain aussi vague que ses intentions étaient précises. » (page 109, repris dans Eté, page 376)
Page 55 : « Segui pur col plettro aurato / D’addolcir l’aria in si beato giorno. » (Continue donc, avec ton plectre doré / A rendre l’air plus doux en ce jour si heureux). Source : Monteverdi, L’Orfeo (II, 1).
Page 78 : « Mi piace andare sulle autostrade negli USA, fare l’autostop con i truck-drivers, cosi grandi e forti, con gli occhi azzurri e tanto pelo sul petto, proprio il contrario di quello che sono io, e traversare cosi l’America con un amante nomade, e servirgli al mattino la prima colazione. » (J’aime aller sur les autoroutes des USA, faire de l’autostop avec les camionneurs, si grands et si forts, avec les yeux bleus et beaucoup de poils sur la poitrine, l’opposé exact de ce que je suis, et traverser l’Amérique avec un amant nomade, et le matin lui servir le petit déjeuner). Source : il faut évidemment rapprocher ce passage de celui-ci, pages 99 et 100 : « C’est là que j’ai rencontré, le 27 décembre 1976, Vince, un jeune camionneur d’origine italienne qui venait de Détroit. Il avait les yeux bleus et sur la poitrine une quantité étonnante de poils noirs soyeux. A bord de son semi-remorque, nous sommes allés jusqu’au parc national de Stone Mountain (…) Et nous ne nous sommes séparés qu’au matin du troisième jour, dans un motel d’Orlando où je lui avais porté au lit son petit déjeuner. »
Page 109 : « Ah, morir, tremenda cosa ! » (Ah, mourir, terrible chose). Source : Verdi, La Forza del destino (III, 5) A rapprocher de ceci, page 14 : « Ce fut un bel été, fade, brisant et sombre. Ah, Morir ! Tremenda cosa ! Toute la journée j’écoutais du Verdi… »
Page 113 : « Al fine di trarre dalle nostre informazioni il miglior vantaggio, vi consigliamo di leggere le pagine esplicative che seguono, prestando una particolare attenzione ai simboli ed ai caratteri che, in grassetto o in magro, in nero o in rosso, hanno un significato diverso. » Source : Guide Rouge Michelin, pages liminaires. Ce passage est traduit à la page 287 de Eté : « Pour tirer le meilleur parti de nos informations, lisez attentivement les pages explicatives : un même symbole, un même caractère en rouge ou en noir, en gras ou en maigre, n’ont pas tout à fait la même signification. »
Les trois citations qui suivent proviennent d’une source unique : Angelo Poliziano (1454-1494) Le Stanze per la giostra, L’Orfeo, préface d’Edmondo Rho (éditions Carlo Signorelli, Milan, 1927).
Page 188 : « Assai, bel figlio, il tuo desir m’aggrada / Che nostra gloria ogn’or piu l’ale spanda » (Ton désir, beau fils, me ravit / Que notre gloire ne cesse de déployer ses ailes)
Page 214 : « Nasce da questo senso di fugacità come un’ombra di malinconia ; ma non è che una nuvola lieve in quel cielo sereno di primavera : la felicità dell’oggi soverchia il presentimento del domani. » (De ce sentiment de fugacité nait une ombre de mélancolie ; mais ce n’est qu’un léger nuage dans ce beau ciel de printemps : le bonheur présent submerge l’inquiétude du lendemain.)
Page 224 : « La vita fu per lui un dilettoso gioco. » (La vie fut pour lui un jeu amusant.) (Préface ?) Ce passage est à rapprocher de l’exergue de Passage (« Giocate, giocate pure… ») et de « I have only words to play with », deux citations récurrentes dans les Eglogues…

Été (Travers II)

C’est dans ce volume des Eglogues que les citations en italien sont les plus nombreuses. Pour la plupart, elles sont organisées autour de quatre noms : Orfeo, Rinaldo, Ulisse, Orlando.

Orfeo

Page 53 : « Cantiam, pastori, in si soavi accenti / Che sian degni d’Orfeo nostri concenti » (Chantons, bergers, avec de si doux accents / Que l’harmonie de nos voix soit digne d’Orphée) Source : Monteverdi, L’Orfeo (M. O.) (Atto primo)
Page 149 : « Addio Terra, addio Cielo ! » (Adieu Terre, adieu Ciel) Source : M. O. (Atto secondo)
Page 163 : «Dunque piangiamo, o sconsolata lira / Che più non si convien l’usato canto » (Alors, pleurons, ô lyre désolée / Car plus n’est de mise ici le chant ancien) Source : Angelo Poliziano L’Orfeo.

Rinaldo

Page 44 : « Anch’io Rinaldo amai » (Moi aussi j’ai aimé Renaud) Source : Haendel Rinaldo (H.R.) (III, 6)
Page 61 : « Entra, Rinaldo, in questo augusto pino » (Entre, Renaud, dans cette auguste nef) Source : H.R. (II, 1)
Pages 106 et 175 : « Rinaldo : Quanto possente sei, bendato arciero ! » (Combien tu es puissant, archer aux yeux bandés !) Source : H.R. (I, 1)
Page 194 : « Delle nostre fatiche / Siam prossimi alla meta, O gran Rinaldo » (Nous voici proches du but / De nos efforts, ô grand Renaud) Source : H.R. (I, 1)
Page 234 : « Rinaldo, in questa spiaggia / Ogn’aura spira amore ; / L’onda, l’augello, il fiore / T’invitan solo ad’amorosi amplessi » (Renaud, dans ces lieux / La moindre brise inspire l’amour / L’onde, l’oiseau, la fleur / Ne t’invitent qu’aux amoureux transports) H.R. (II, 6)
Page 398 : « L’isole di Fortuna ora vedete » (Vous voyez maintenant les îles de la Fortune) Source : Torquato Tasso Gerusalemme liberata (XV, 37)

Ulisse

Page 377 : « Torna / Chè mentre porti empie dimore / Al mio fiero dolore, / Veggio del mio morir l’hore prefisse. / Torna, deh torna Ulisse » (Reviens / Car tandis que tu prolonges cruellement / Ma terrible souffrance / Je vois déjà / De ma mort l’heure fatidique / Reviens, ô reviens Ulysse) Source : Monteverdi Il Ritorno d’Ulisse in Patria (M.R.U.) (I, 1)
Page 395 : « Transformarsi non puote huomo mortale / Tanto Ulisse non vale » (Un mortel ne peut se transformer ainsi / Cet Ulysse est un imposteur) Source : M.R.U. (II, 7)
Page 394 : « Il mio nome è Nessuno » (Mon nom est Personne) Source : L’Odyssée, mais aussi le titre d’un célèbre western de Tonino Valerii, avec Terence Hill et Henry Fonda…

Orlando

Page 59 : « Danziam, Signora, la follia d’Orlando / Suonate ! Suonate ! La La Là La La Là (in atto di danzare) » (Dansons, Madame, la folie d’Orlando / Jouez ! Jouez ! (tout en dansant)) Source : Vivaldi Orlando Furioso (V.O.F.) (III, 4)
Pages 65 et 66 : « Tu sei de gl’occhi miei / Tu sei di questo sen » (Tu es de mes yeux / Tu es de ce cœur) Source : V.O.F (I, 4)
Page 86 : « E in questi verdi pianticelle amene / Verghiamo noi le nostre gioie, o caro » (Et sur ces verts et aimables arbrisseaux / Gravons nos joies, ô cher) Source : V.O.F. (II, 9)
Pages 209 et 210 : « Ma morta so ben ch’ella non è / Che mi lacera il cor ; fuggi da me » (Mais je sais bien qu’elle n’est pas morte / Puisqu’elle me déchire le cœur ; fuis loin de moi) Source : V.O.F. (III, 7)
Page 300 : « Ecco lei, che ingannatrice / Trasse alla Rupe Orlando ; / Per lei va folle errando » (La voici, la traîtresse / Qui entraîna Orlando jusqu’au Rocher ; / Pour elle il erre, insensé) Source : V.O.F. (III, 8)
Page 311 : « Arde Orlando. Che Orlando ? Eh, Orlando è morto ! » (Orlando brûle. Quel Orlando ? Eh, Orlando est mort) Source : V.O.F. (II, 10)
Page 313 : « Troppo è fiero il nume arciero / Quando in sen di chi ben ama / D’una fredda gelosia / Il velen spargendo va » (Trop fier est le divin archer / Quand dans le sein des amants / Il répand le venin / D’une froide jalousie) Source : V.O.F. (I, 4)
Page 319 : « (legge sopra l’Alloro) Angelica qui fu sposa a Medoro. Chi segnò quest’alloro ? » ((il lit sur le Laurier) Ici, Angelique fut l’épouse de Medoro. Qui écrivit sur le laurier ?) Source : V.O.F. (II, 10)
Page 325 : « Io vergo quest’alloro. Io questo mirto (Vergano co’i dardi le cortecce degl’alberi) » (J’écris sur ce laurier. Moi sur ce myrte (Ils gravent avec les poignards les écorces des arbres)) Source : V.O.F. (II, 9)
Page 155 : « Rinaldo se ne va tra gente e gente » (Renaud va au milieu de la foule) Source : Ariosto Orlando Furioso (A.O.F.) (V, 82)
Page 223 : « Fai ch’a Rinaldo Angelica par bella, quando esso a lei brutto e spiacevol pare » (Tu as fait qu’Angélique à Renaud semble belle, alors qu’à elle il semble laid et déplaisant) Source : A.O.F. (II, 2)
Page 231 : « Nata pochi mesi di innanzi era una gara tra il conte Orlando e il suo cugin Rinaldo » (Peu de temps auparavant, une querelle était née entre Roland et son cousin Renaud) Source : A.O.F. (I, 8)
Page 286 : « Dirò d’Orlando in un medesmo tratto / cosa non detta in prosa mai nè in rima : / che per amor venne in furore e matto / d’uom che si saggio era stimato prima… » (Je dirai de Roland d’un même coup / Des choses qui en vers ou en prose jamais ne furent dites / Que par amour il devint furieux et fou / Lui qu’auparavant on tenait pour un sage) Source : A.O.F. (I, 2)
Page 329 : « Ah, voilà mon renard ! disait ma tante Marthe lorsque j’allais la voir au Saint-Nom, la clinique où nous avions dû finalement la faire entrer. Le lupin étant sa fleur préférée, je lui en portais d’immenses bouquets qu’armé, assez ridiculement, d’un grand sécateur, tout à fait disproportionné, j’avais réunis pour elle à la croisée des allées, sous ma fenêtre. Elle les disposait dans un petit vase en cristal de roche qui partageait, très périlleusement, une table minuscule avec une carafe d’eau, un verre à pied, un dictionnaire franco-italien et un gros volume du dix-neuvième siècle, l’Orlando furioso, qu’elle s’obstinait à lire ligne à ligne, dans la langue originale malgré la très mauvaise connaissance qu’elle en avait. J’ai toujours soupçonné, de façon un peu niaisement romanesque, sans doute, que ce livre lui avait été offert par quelque amant qu’elle avait dû quitter précipitamment à Venise, à l’issue de ses premières vacances indépendantes, dans les premiers jours de septembre 1939. La page de garde portait seulement ces mots, tracés à l’encre violette : Nel ricordo di questa serata in cui mi avete salvato dalla disperazione. La signature n’était qu’une initiale, un M, à moins qu’il ne se soit agi d’un N particulièrement mal formé. » L’argument du film de David Lean Summertime (Vacances à Venise), évoqué pages 170, 171 et 391 offre de nombreuses ressemblances avec le passage ci-dessus. (Cf. aussi dans Passage, page 133 : « Puis il aperçoit, sur la page de garde, quelques mots tracés à l’encre verte. En souvenir de cette soirée où vous m’avez sauvé du désespoir. La signature n’est qu’une initiale, qu’il n’est pas sûr d’identifier. » (repris dans Echange, page 142 et dans Travers, pages 103-104).
Pages 204 et 205 : « In particolare, il tema della follia di Orlando, il famoso paladino figlio di Berta, sorella di Carlo Magno, il quale perde il senno per amore di Angelica, ha notevolmente impressionato la fantasia delle generazioni succezzive, al punto di costituire uno dei « canovacci » più communi della veneta commedia dell’arte ; e il fatto che in essi, nel testo recitato, venissero communemente inserite frasi in lingua francese, specialmente nelle scene della follia, costituisce un riferimento tradizionale all’origine francese del paladino e della sua leggenda. » (En particulier, le thème de la folie d’Orlando, le fameux paladin fils de Berthe, sœur de Charlemagne, qui perd la raison par amour d’Angelica, a considérablement marqué l’imaginaire des générations successives, au point de constituer un des « canevas » les plus communs de la « commedia dell’arte » venitienne ; et les phrases en français que l’on insérait dans les récitatifs, et plus spécialement dans la scène de la folie, constituent une référence traditionnelle à l’origine française du paladin et de sa légende. » Source : Claudio Scimone Notes accompagnant l'enregistrement de l’Orlando Furioso par les Solisti Veneti (Disques Erato). D’autres passages de ces notes sont repris pages 29, 30 et 31.

Man Ray

La source de ces quatre citations n’a pu être identifiée : il s’agit peut-être du catalogue d’une exposition, ou d’une monographie ?
Page 246 : « Man Ray l’aveva già fotografato in un travestimento femminile che ha carattere ironico, ma poi rientra perfettamente nella poetica di Duchamp che in molte opere, e specialmente nel Grande Vetro, con sottile ambiguità ha giocato con l’ambivalenza dei sessi. » (Man Ray l’avait déjà photographié dans un travestissement féminin avec une intention ironique, mais finalement ceci est parfaitement en accord avec la poétique de Duchamp qui dans de nombreuses œuvres, et tout spécialement dans le Grand Verre, joue avec une subtile ambiguïté de l’ambivalence des sexes.) Cf aussi dans Passage, page 160 : « Car son voyage à Philadelphie, à vrai dire, a surtout pour fin de voir le Grand-Verre ; et le Passage de la vierge à la mariée, bien sûr, dans ses versions successives. » et dans Eté, page 285 : « L’acte de naissance du Grand Verre, Duchamp l’a maintes fois affirmé, date de ce soir-là. C’est fondamentalement Roussel le responsable de mon Verre. »
Pages 262 et 263 : «Al di là comunque di questa modificazione verbale, quello che è importante per Duchamp e anche per man Ray, è il travestimento ed il gioco che c'è dietro questo travestimento, poichè essi, naturalmente, non vi credono affatto, ma sono gli altri che debbono smarrirsi nei loro labirinti. » (Toutefois, au-delà de cette modification verbale, ce qui est important pour Duchamp et également pour Man Ray, c'est le travestissement et le jeu qu'il y a derrière ce travestissement, parce qu'eux-mêmes, naturellement, n'y croient pas du tout, mais ce sont les autres qui doivent se perdre dans leurs labyrinthes.)
Page 366 : « Per ottenere questo scopo Man Ray deve attraversare l’Oceano, come in un rito di purificazione attraverso le acque. » (Pour parvenir à cette fin, Man Ray doit traverser l’Océan, comme s’il s’agissait d’un rite de purification par les eaux)
Page 372 : « Chi è dunque Man Ray ? Occore rispondere con una tautologica poiche essa estende non restringe i confini del suo territorio ancora inesplorato : Man Ray è (o « sono » per la pluralità che lo contraddistingue) Man Ray. » (Mais qui est donc Man Ray ? Il convient de répondre par une tautologie puisque celle-ci étend – ne restreint pas les limites de son territoire encore inexploré : Man Ray est (ou « sont », si l’on considère la pluralité qui le caractérise) Man Ray.)

Autres citations :

Page 193 : « Le nostre ricerche continuano. Le potrete agevolare facendoci conoscere le vostre osservazioni e le vostre scoperte. » (Source non identifiée) (Nous poursuivons nos recherches. Vous pourrez les faciliter en nous faisant part de vos observations et de vos découvertes.)
Page 365 : « Più che cerco, men ritrovo / Questa porta sciagurata… » (Plus je cherche, moins je retrouve / Cette porte de malheur…) Source : Mozart / Da Ponte Don Giovanni (II, 7).

Valérie Scigala et Emmanuel Fontana