Renaud Camus
Journal
Les lignes sont la couleur même du temps, la vie est l’écriture même, biographie, graphobie. Ce n’est plus de la littérature que relève l’entreprise, à supposer qu’elle y ait appartenu jamais ; à moins que la littérature n’ait précisément cette fin, et ne soit justement cela, cette impérialiste totalité qui tend au monde un miroir sans tain, qu’elle emplit tout entière ; non par la beauté de ses phrases, mais par le seul effet de leur masse. Un lecteur ? Mais lui-même et tout son temps seraient happés par l’absurde projet de lire ces pages. Son existence ne coïnciderait plus qu’avec ce papier ; sauf s’il n’observait, de ces phrases, que leur accumulation en cahiers, en volumes, et s’il avait le moyen de s’assurer, par le biais d’un index, qu’elles ne sont pas méandres abstraits de la plume et de l’encre, mais que des sens les ont bien habitées, que des colères, des coïncidences et des joies les ont dictées, qu’elles ont prétendu, sans trop y croire, refléter des heures, des humeurs, des villes, de vagues opinions, des états de ciel et de l’âme. Le monde ? Allons donc ! Une table, une fenêtre, une table près d’une fenêtre, et la vue, les vues.
mardi 26 mai 1987
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Le journal de Renaud Camus est publié ici même,
au fur et à mesure de son écriture, depuis le 1er janvier 2013.
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Certaines entrées, indiquées ci-dessous en vert, peuvent être consultées librement.
2024Journal 2024
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Cancer : arc, ancre, encre, anse, race, cran, nacre, rance, Rance, Rancé, créance, quand serre, qu’enserre, récent, Ranc (c’est Ranc, peintre invité à la Cour d’Espagne, qui provoqua par inadvertance, en 1734, l’incendie du palais royal de Madrid, dans lesquels disparurent des centaines de Rubens, de Titiens, de Velazquez…), canter, qu’enterre, Nasser, Ceyrat, Céran, Ceyrac (ancien président du CNPF), Sernhac, concert, cancel (culture), Diane Cancel (Char), cancre, etc.
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En 2022 l’auteur croit changer d’horizon et retourner au pays de ses aïeux, l’Auvergne. Au lieu de quoi il change de père, grâce à la science, et donc de pays de ses aïeux. Il se croyait auvergnat, le voici béarnais (ah, c’était donc ça, Toulet ?). Exit Ambert, voici Bétharram — dans ces conditions, et Sud-Ouest pour Sud-Ouest, autant rester en Gascogne, puisqu’on y voit les Pyrénées de la fenêtre.
Les Français, pendant ce temps, renouvellent leur adhésion à l’idée d’être grand-remplacés. Et justement, cancer.
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À ce Camus-ci, auquel on a demandé toute sa vie comme l’écrivain ?, la pandémie était l’occasion, en 2021, d’offrir à La Peste un pendant de cheminée : Le Choléra. Bien entendu ce n’est qu’affaire de titres — encore que, ici et là, et toutes proportions gardées, il y ait amphibologie : peste ni choléra ne sont seulement des maladies, elles sont aussi le totalitarisme, la censure, la répression, l’éradication de la liberté d’expression, le silence imposé par tous les moyens de la bassesse sur l’effacement d’un peuple.
2020Âme qui vive. Journal 2020
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Depuis que ce journal paraît à mesure qu'il est écrit, il faut donner à chaque volume un titre au début de l'année qu'il relate, alors qu'on ne sait rien de ce qu'elle sera. L'auteur avait nommé ce tome Âme qui vive, en janvier 2020, tout à fait à l’aveugle. Ce n'était pas si mal trouvé. 2020, avec ses deux confinements, fut une année de silence et d'absence, autant dire d’âme. Tels ne furent pas les moindres mérites du coronavirus, qu’on peut bien reconnaître quand on a beaucoup souffert de lui.
Il a un peu nettoyé les rivières, remis les dauphins dans les baies, légèrement déplastifié les océans, cassé le tourisme de masse, porté à l’économie des coups fatals. Les morts et les demi-morts ont peut-être le droit de s’en frotter les mains.
2019La Ligne claire. Journal 2019
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La Ligne claire était le nom de la liste que mena Renaud Camus aux Élections européennes de mai 2019. Elle s’est écrasée sur le sable à la dernière minute, on ne peut pas dire que ce fut un succès. Mais ici, du moins, tout est bien clair.
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Plieux, jeudi 12 avril 2018, une heure et demie du matin. Avec le chien Le Coz qui aboie toutes les cinq minutes, il n’est pas question d’essayer de faire une sieste, ici, crainte d’en être tiré au premier sommeil, de la façon la plus désagréable, par ces éclats insupportables. J’étais tellement fatigué cette après-midi que j’ai dormi près de la rivière, dans l’herbe, sous un arbre, à l’angle d’un champ. Quand je me suis réveillé tout était magnifique, lumineux et sombre, fantomatique, spectral, otherworldly. J’étais tellement désorienté qu’il m’a fallu plusieurs minutes pour décider si un parfait disque blanc, bien distinct à travers de diaphanes nuages, était la lune ou le soleil…
À mesure que s’effondre davantage le monde que j’ai aimé, plus beaux m’en apparaissent les ultimes vestiges : les ciels, les arbres, les visages, la grammaire, la politesse, les chiens, un cerisier en fleur dans un taillis encore sans feuilles, la poésie de Paul-Jean Toulet, un geste de délicatesse et de bonté.
2017Juste avant après. Journal 2017
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Après ce sera sans doute très déplaisant, mais cela ne relèvera plus de la politique. La politique, c’est fini. Les deux camps sont d’accord là-dessus. L’un ne jure plus que par l’économie, l’autre n’entrevoit que l’histoire.
2016Insoumission. Journal 2016
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Le titre de ce livre est évidemment une référence au roman de Michel Houellebecq, Soumission : c’est-à-dire, selon une traduction parfois contestée, Islam. Soumission est le récit fictif (pour le moment) du consentement, de la part de la France et de ses élites, à la religion du Prophète et à la civilisation qu’elle apporte avec elle. Insoumission est, pour l’année 2016, le journal quotidien d’un homme, Renaud Camus, qui se bat pour ainsi dire seul, pratiquement sans moyens, sans prédispositions particulières et, à première vue, sans grand succès, pour tâcher d’éviter les même choses, précisément — le changement de peuple, la submersion ethnique, la substitution culturelle —, à son pays et à lui-même. Sa vie, néanmoins, ces pages en témoignent, est loin de se limiter à cette préoccupation essentielle.
Au moment où paraît ce volume, le trentième de son journal, Renaud Camus est candidat à l’élection présidentielle d’avril 2017 en France — ou plutôt, bien entendu, candidat à la candidature.
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L’auteur fut très occupé de sa tour, cette année-là. Et ce n’est pas fini.
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Morcat est un village abandonné du royaume de Sobrarbe, sur un plateau désert, au milieu d’un cercle énorme de montagnes. On ne l’atteint plus qu’à pied, par des chemins défoncés. À moins que la Providence ou le Sort aient plus d’humour qu’on ne le croit, c’est pure coïncidence si le royaume de Sobrarbe, traditionnellement, passe pour le point de départ de la Reconquista.
Ah, et Morcat, donc, est le journal de lécrivaindextrêmedroiteRenaudCamus pour l’année 2014.
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Ce volume du journal de Renaud Camus pour l’année 2013, NON, est le premier qui soit publié par lui-même, en “auto-édition”, après huit autres parus aux éditions P.O.L (1986-1993) et dix-neuf aux éditions Fayard (1994-2012) — sans compter le Journal de Travers (1976-77, Fayard, 2007). Ce tome-ci est sans doute aussi le plus foisonnant, la règle de l’entrée quotidienne n’ayant subi cette fois aucune exception, et d’autant moins que chacune était mise en ligne dès le lendemain de sa rédaction, pour les abonnés de la version illustrée, sur la Toile.
Le titre fait référence principalement au mouvement fondé par Renaud Camus en septembre 2013, le NON, pour regrouper les Français et les Européens qui refusent ce qu’il appelle le Grand Remplacement, le changement de peuple et de civilisation. Mais comme d’habitude la chose publique est bien loin d’être le seul objet débattu entre ces pages, qui restent celles d’un journal intime, avec ses états du ciel et ses états d’âme, ses petites misères, ses marottes, ses curiosités et ses exaltations diverses. Si tant est que l’auteur soit bien un homme politique — ce qui reste à débattre, d’évidence — il n’oublie pas qu’après un long détour la “charge du réel”, selon ses propres dires, revient à la littérature.
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Ce livre, représentant trois mois du journal de l’auteur pour l’année 2000, a été publié une première fois sur papier en novembre 2000, au cœur de “l’affaire Renaud Camus”. Au même moment l’auteur en installait une version électronique sur son site Internet ; cette version en accès libre l’est restée continûment depuis lors. Le présent livre électronique en reprend le texte, à l’exception de la postface et des annexes — articles de presse, textes de pétitions, correspondance, etc., éléments qui demeurent consultables sur le site Internet de l’auteur.
Corbeaux couvre les trois mois les plus intenses de “l’affaire Renaud Camus”. Sans se poser comme une “réponse”, ces pages d’une exceptionnelle tenue constituent un élément décisif du débat : elles donnent en effet à lire la manière dont cette crise fut vécue, de l’intérieur, au jour le jour, par le premier intéressé.
En 2002 est paru Du sens aux éditions P.O.L., livre proposant « une discussion détaillée, point par point, ligne à ligne, de ce qui fut en son temps l’“affaire Renaud Camus” », et répondant sur le fond aux questions soulevées par “l’affaire”. Le même éditeur a publié en 2003 le journal complet de l’année 2000 sous le titre K. 310.
Le journal de l’auteur est publié au jour le jour, à compter du 1er janvier 2013, sur son site Internet.
1985-1986Journal romain. 1985-1986
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Journal intime ? Pas tout à fait, puisque d’emblée promis à la publication, à la publication presque immédiate, même, sous forme de chronique hebdomadaire dans un magazine : c'était le Journal achrien, « gay », certes, mais « culturel » aussi bien, curieux de peinture, de musique, de littérature, d’art en général et de vie quotidienne, ne s’interdisant aucun sujet ; il ne fut guère accueilli que deux ou trois mois parmi les pages de Gai Pied.
Candidat d’autre part à ce qui fut jadis le Prix de Rome, l’auteur s’était engagé, devant le jury de l’Académie de France, à tenir en Italie la chronique de ce qu’il y vivrait, de ce qu’il y verrait. Pensionnaire à la villa Médicis, il s’acquitte de cette dette, au-delà peut-être de ce qu’on attendait de lui.
Si la loi du genre c’est la diversité, le mélange, le caprice, cette double origine, tout accidentelle, suffirait à placer ce journal-ci au cœur de la pleine tradition, c’est-à-dire la moins pure, et la plus libre, de ce type d’écrit, qu’illustrait déjà le Journal d’un voyage en France. Mais bien d’autres éléments viennent secouer le cours du temps et donc le livre : la passion de voir, l’humeur plus ou moins bonne, le désir, la mélancolie, l’érudition, plus maniaque que sourcilleuse, Rome, ses palais, ses musées, ses églises, ses jardins, les baroques engouements de l’esprit, les classiques déceptions de la chair (ou l’inverse). L’intime par ces fenêtres a tôt fait de se réintroduire jusqu’à pouvoir paraître indécent. Mais la décence ni l’obscène ne sont une affaire de gestes. Le véritable objet de la pudeur, ce n’est pas la chose, c’est la personne.
1980Journal d'un voyage en France. Journal 1980
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La plupart des livres de voyage, les guides surtout, dans leur prétention à l'objectivité, dépeignent un monde largement imaginaire. Pourtant, si comme le veut Amiel « les paysages sont des états d'âme », nos impressions d'eux, et des villes, et des monuments, varient avec le temps, la lumière, notre humeur, notre point d'observation, mille associations légères qui ne sont qu'à nous. Aussi n'y aurait-il de réalisme que dans la subjectivité. Renaud Camus voyageur s'abandonne à la sienne. Elle est chargée, surtout quand elle a comme ici la France pour terrain, d'une culture ancienne, complexe, un peu floue ou maniaquement précise soudain, “bourgeoise” sans doute et certainement condamnée. Il l'écoute en lui, avec autant de tendresse que d'ironie ; lui parle de poètes oubliés, de jardins abandonnés, de petits théâtres fermés dans des sous-préfectures, d'histoires de famille ou d'amour adolescentes. Le désir le mène. Sexuel il le porte plutôt, comme le savent les lecteurs de Tricks, vers les garçons : les épisodes s'ensuivant sont relatés dans ces pages sans détours mais sans provocation aucune, tranquillement, du ton dont on décrit le silence de la nuit à Semur-en-Auxois, un coucher de soleil sur les montages de l'Ardèche, la Toilette de Bazille au musée de Montpellier, les vallées des Corbières, si vertes entre leurs hautes collines rocheuses, le printemps au faîte de sa splendeur en Gascogne. Il se pourrait bien, d'ailleurs, que l'émotion soit la même.
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